Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
N

Navarre (royaume de), (suite)

La fin du royaume de Navarre.

• La Navarre vit au XVe siècle des heures difficiles : le fils de Blanche de Navarre et de Jean II d'Aragon, Carlos, « prince de Viane », est déshérité au profit de sa sœur Éléonore, mariée à Gaston de Foix-Béarn. Le destin de la Navarre diverge alors de part et d'autre des Pyrénées. L'Aragon occupe la Navarre de 1425 à 1479, puis en 1512 Ferdinand d'Aragon et Isabelle la Catholique annexent définitivement la partie espagnole. Le royaume de Navarre est réduit à sa partie française, la basse Navarre, et passe successivement des mains de la famille de Foix-Béarn à celles de la famille d'Albret en 1483, puis à celles des Bourbons en 1555. Henri de Navarre, fils de Jeanne d'Albret et d'Antoine de Bourbon, en devenant roi en 1589, sous le nom d'Henri IV, renoue avec le titre de « roi de France et de Navarre ».

Dernier des royaumes fondés dans la péninsule Ibérique, la Navarre ne pouvait survivre à l'unification de l'Espagne, non plus qu'à la croissance des grands royaumes voisins. Bien qu'elle ait, un court moment, réuni l'ensemble des territoires basques, elle ne peut être assimilée à un royaume basque indépendant, dont elle dépasse le cadre territorial.

Néanderthal (homme de),

Homo sapiens neanderthalensis, l'une des deux formes (ou « sous-espèces ») d'Homo sapiens, avec Homo sapiens sapiens ; il vécut en Europe et au Proche-Orient entre 300 000 et 30 000 ans environ avant notre ère, et caractérise le paléolithique moyen.

Données archéologiques.

• Néanderthal est une petite vallée, située près de Düsseldorf, baptisée d'après le nom d'un prédicateur local, Neumann - hellénisé en Ne(os)-ander (« homme-nouveau ») -, donnant au lieu-dit le sens prémonitoire de « vallée de l'homme nouveau » ! C'est là qu'en 1856 les ouvriers d'une carrière découvrent le premier homme fossile identifié comme tel (celui de Gibraltar, en 1848, était passé inaperçu). La découverte est source de polémiques (certains anthropologues allemands, comme Mayer ou Virchow, ne voyant dans ces vestiges qu'un « dégénéré » moderne ou, à la rigueur, un « mongoloïde »), avant que le squelette soit reconnu comme tel et que de nouveaux fossiles incontestables, tels ceux de Spy, en Belgique, aient été trouvés.

De nos jours, on considère Néanderthal comme une évolution locale, d'abord limitée à l'Europe, d'Homo erectus. Le continent est à l'époque recouvert par les glaces dans toute sa moitié septentrionale et ne forme donc qu'une étroite presqu'île, relativement isolée du reste de l'Ancien Monde. Les Erectus, dont les plus anciens en Europe ont été trouvés en Espagne (Atapuerca) et en Italie, auraient évolué autour de 300 000 ans avant notre ère vers des formes dites « anténéanderthaliennes », dont témoignent les vestiges trouvés à Tautavel (Pyrénées-Orientales), puis vers des formes de transition, les « Néanderthaliens archaïques » : crânes de Swanscombe en Grande-Bretagne, de Steinheim en Allemagne et, en France, restes de Fontéchevade (Charente), d'Orgnac III (Ardèche) ou de La Chaise (Charente). C'est autour de 80 000 ans avant notre ère qu'apparaîtraient, sans rupture, les « Néanderthaliens classiques », dont plusieurs dizaines sont connus, tel celui du site éponyme ou encore, en France, les restes découverts à La Chapelle-aux-Saints (Corrèze), à La Ferrassie (Dordogne), à Arcy-sur-Cure (Yonne), à Saint-Césaire (Charente), etc.

Des signes particuliers.

• Par rapport à l'homme moderne, Néanderthal possède encore un squelette robuste, de fortes arcades sourcilières (ou « bourrelets suborbitaires »), un menton peu marqué, un front assez fuyant, un occiput développé (« chignon occipital »). Mais sa capacité cérébrale est comparable à celle de l'homme moderne, et il est physiologiquement apte, d'après la forme de l'os hyoïde, au langage articulé. On fait souvent observer que, coiffé d'un chapeau, il détonnerait fort peu dans une foule d'aujourd'hui ! De fait, les capacités psychomotrices de l'homme de Néanderthal dépassent à l'évidence celles d'Erectus. Son outillage, celui de la civilisation dite « moustérienne » du paléolithique moyen, devient complexe et se diversifie. Le Néanderthalien choisit des matières premières adéquates qu'il peut transporter sur des dizaines de kilomètres, invente des processus complexes de taille de la pierre (comme le « débitage Levallois » ou le « débitage laminaire ») qui lui permettent de donner aux éclats la forme exacte qu'il souhaite. De nouveaux outils apparaissent, comme les pointes, et donc les armes de jet pour la chasse, ou les racloirs pour le travail du bois, de l'os ou des peaux. Il maîtrise le feu et organise ses campements. Et, surtout, il est le premier à enterrer ses morts (la première tombe est découverte en 1908 à la Chapelle-aux-Saints par trois abbés), ce qui justifie qu'il soit considéré, dans les classifications des préhistoriens, comme une sous-espèce d'Homo sapiens (« l'homme sage »).

À partir de l'Europe, Néanderthal gagne le Proche-Orient et atteint l'Ouzbékistan (grotte de Teshik-Tash). C'est au Proche-Orient qu'il semble rencontrer les premiers hommes modernes (Homo sapiens sapiens), sans doute apparus en Afrique nord-orientale à partir d'autres évolutions d'Erectus. La cohabitation des deux sous-espèces aurait duré plusieurs dizaines de milliers d'années, avant que l'homme moderne se répande à son tour en Europe 40 000 ans avant notre ère environ. On ignore si ce mouvement de colonisation a progressivement et simplement éliminé Néanderthal - qui disparaît de fait 10 000 ans plus tard avec sa dernière civilisation, celle de Châtelperron -, ou s'il y eut des formes de métissage entre les deux sous-espèces.

Necker (Jacques),

banquier genevois devenu pendant près de huit années le grand argentier de Louis XVI (Genève 1732 - Coppet, Suisse, 1804). Son ascension reflète celle des gens d'affaires au sein des élites françaises du siècle des Lumières.

Issu d'une famille calviniste de la bourgeoisie genevoise, Necker reçoit une solide instruction, puis entame une carrière de banquier à Genève. Entré en 1750 dans la maison bancaire parisienne de son compatriote Isaac Vernet, il fonde en 1756, avec celui-ci et Thellusson, une des plus puissantes associations de la place de Paris. Enrichi à la faveur de la guerre de Sept Ans, créancier de l'État, il est en 1764 actionnaire de la Compagnie des Indes orientales, qu'il défend dans un mémoire lors de sa mise en liquidation en 1769. Représentant de la République de Genève à Paris (1768), il manifeste ses ambitions politiques par d'orthodoxes écrits mercantilistes : un Éloge de Colbert (1773), puis Sur la législation du commerce des grains (1775) qui le pose en adversaire de Turgot, jugé trop libéral. Le salon tenu par son épouse - qui lui a donné en 1766 une fille, Germaine, future Mme de Staël - soutient une réputation grandissante, qui le fait accéder en 1776 à la tête de l'administration des Finances avec le titre de directeur du Trésor, puis de directeur général des Finances (1777). Étranger et protestant, il n'est pas contrôleur général ni, encore moins, ministre : il ne siège donc pas au Conseil du roi.