Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Lascaux (grotte de),

l'une des plus célèbres grottes peintes préhistoriques, datée d'environ 15 000 ans avant notre ère, et située sur la commune de Montignac (Dordogne).

Découverte et mise en valeur du site.

• Chacun connaît l'épopée de la découverte de Lascaux par quatre adolescents, qui, le 12 septembre 1940, cherchaient à récupérer leur chien tombé dans une anfractuosité. Qualifiée de « chapelle Sixtine de la préhistoire » par l'abbé Breuil, la grotte fit alors l'objet de fouilles, plus ou moins précises, qui en permirent la datation, puis fut ouverte au public dès 1948. Mais les travaux de fouilles et d'aménagement, qui aboutirent à vider certaines poches d'eau, et l'importance de la fréquentation déséquilibrèrent profondément l'hygrométrie du lieu ; des algues et de la calcite commencèrent à se développer sur les peintures rupestres à partir de 1963. Il fallut alors fermer la grotte au public pour enrayer - avec succès - le processus de dégradation. Aujourd'hui, seules des visites scientifiques, au nombre strictement limité, restent permises. En revanche, un fac-similé grandeur nature d'une partie de la grotte (diverticule axial et salle des Taureaux) a été réalisé à peu de distance : ce « Lascaux II » a été ouvert en 1983 ; il est l'un des sites les plus visités de France.

D'une grande unité stylistique, Lascaux, qui a livré environ 1 500 figures peintes ou gravées, peut être daté du début du magdalénien, comme l'ont montré les objets retrouvés, les pollens, les datations par le carbone 14 et l'étude comparative du style des œuvres. Il s'agit du plus grand ensemble d'art pariétal jamais découvert à ce jour. Cette unité, indice d'une occupation relativement brève, est précieuse pour la compréhension de la thématique générale de l'art paléolithique.

Un art animalier.

• L'entrée donne sur une première salle, dite « rotonde des Taureaux », où se trouvent les célèbres taureaux noirs, qui atteignent 4 à 5 mètres de long et sont accompagnés de petits chevaux et d'une « licorne » (à deux cornes). De la rotonde partent deux galeries. La première, ou « diverticule axial », recèle une profusion d'œuvres, tels « la vache qui saute » ou les « chevaux chinois », et combine majoritairement chevaux et bovidés, selon la thématique binaire de l'art des grottes mise en évidence par André Leroi-Gourhan (cependant, à Lascaux, il s'agit d'aurochs, et non de bisons, comme dans d'autres grottes). La seconde galerie, ou « passage », a été fortement endommagée par l'érosion, dans un passé reculé ; on y devine de nombreuses gravures et des peintures. Elle débouche elle-même sur une « abside » latérale dont les représentations, très denses et majoritairement gravées, comprennent des panneaux superposés de bovidés, de cerfs et de chevaux, ainsi que de signes géométriques. De l'abside, on peut descendre dans le « puits », qui contient l'une des rares « scènes narratives » de l'art paléolithique : un bison blessé semblant charger un homme renversé, au sexe en érection, et flanqué d'un bâton surmonté d'un oiseau. Le « passage » se prolonge dans la « nef », sur le sol de laquelle on retrouva de nombreux objets associés à la réalisation des peintures : des chevaux et des bovidés, mais aussi cinq têtes de cerfs semblant traverser une rivière. La « nef » se resserre en un étroit couloir, le « diverticule (ou cabinet) des Félins », d'accès plus malaisé, où figurent quatre félins gravés. La fin du sanctuaire y est marquée par deux lignes de points rouges.

Les fouilles et les analyses ont apporté de nombreuses informations concernant la réalisation des œuvres. Des lampes à huile en pierre et des torches en bois, des outils à graver en pierre, des colorants minéraux en poudre ou en blocs, ont été mis au jour. Les peintures devaient être appliquées au pochoir ou au pinceau, les colorants (oxydes de fer et de manganèse, charbon de bois) étant mélangés à des liants. Des traces d'échafaudages en bois subsistent dans le diverticule axial, et un fragment de corde a été trouvé près du gouffre qui s'ouvre vers le fond du diverticule des Félins. Des ossements d'animaux provenant de la nef - essentiellement des os de rennes - nous renseignent sur l'alimentation, mais aussi sur le « projet » des artistes, puisque aucun renne n'est représenté à Lascaux. Aussi, Leroi-Gourhan a-t-il pu montrer que les peintures de Lascaux ne figurent nullement des scènes de chasse, mais illustrent une vision mythique reposant sur le dualisme masculin/féminin.

Lassois (mont),

site d'un habitat fortifié du premier âge du fer, datant d'environ 500 avant J.-C.

Le mont Lassois, situé sur la commune de Vix (Côte-d'Or), est une butte-témoin calcaire qui domine la haute vallée de la Seine. La colline est fortifiée à sa base par un fossé et une levée de terre qui s'appuie sur le cours d'eau et enserre une surface d'environ 40 hectares. Les fouilles ont commencé vers 1930, puis ont été menées de 1948 à 1974 par René Joffroy, découvreur de la tombe de Vix. Elles ont permis de mettre au jour les traces d'habitations de bois et de terre, une poterie très abondante comprenant une céramique fine au décor peint de motifs géométriques. Mais l'importance du site tient surtout aux objets importés du monde méditerranéen (présents aussi dans la tombe de Vix) qu'on y a découverts : céramique attique à figures noires, vases noirs étrusques (bucchero), amphores à vin de Marseille.

Le mont Lassois est donc considéré comme l'une des « résidences princières » typiques de la fin du premier âge du fer (ou période de Hallstatt). Situé sur un important axe de communication, il témoigne de l'amorce de phénomènes proto-étatiques. De fait ont été trouvés au pied du site la tombe de la « princesse de Vix » - qui contenait un squelette de femme enseveli et un immense vase en bronze - mais aussi, plus récemment, un sanctuaire comprenant des fragments de statues en pierre ; deux autres tombes princières ont été également mises au jour dans la commune voisine de Sainte-Colombe. Le pouvoir des princes du mont Lassois, qui reposait sur de fragiles échanges commerciaux avec la Méditerranée, s'effondre au début du Ve siècle. Le site sera réoccupé et fortifié à la fin de la période gauloise.