Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

assignats, (suite)

Tandis que les capitaux sont placés à l'étranger, l'assignat devient la seule monnaie en circulation. La masse de papier-monnaie, qui est de 3,7 milliards de livres en août 1793, passe à 5,5 milliards en juillet 1794, bien au-delà de la valeur des biens nationaux. L'hyperinflation est évitée de justesse grâce à des mesures dirigistes en 1792 et à la « terreur » financière en 1793 : interdictions de la vente du numéraire et du double affichage des prix, fermeture de la Bourse, contrôle des prix avec la loi du maximum... Mais les thermidoriens abandonnent les contrôles économiques durant l'hiver 1794-1795 et multiplient les émissions de billets. En février 1796, la masse de papier en circulation atteint les 34 milliards, et le billet de 100 livres ne vaut plus que 30 centimes en numéraire.

Le 30 pluviôse an IV (19 février 1796), l'assignat est supprimé, et la planche à billets, brisée. Cependant, pour éviter une brusque déflation, le Directoire crée les mandats territoriaux, des billets échangeables contre les assignats à raison d'un pour trente, un cours trop favorable à ces derniers. En quatre mois, les mandats, dont le cours forcé est abrogé le 15 germinal (4 avril), perdent toute valeur. Le 5 thermidor (23 juillet), la monnaie métallique est autorisée pour les transactions, et les mandats sont retirés de la circulation entre août et décembre 1796. Durant un an, le pays connaît une formidable déflation.

Et si les assignats et les mandats ont alimenté la crise économique et provoqué une situation sociale dramatique, l'État, pour sa part, a su tirer parti de la dépréciation monétaire pour réduire considérablement son endettement : un assainissement parachevé par la « banqueroute des deux tiers » en 1797. Cependant, les Français feront preuve d'une méfiance tenace à l'égard du papier-monnaie. Elle marquera tout le XIXe siècle.

associations (loi sur les),

loi du 1er juillet 1901, votée au lendemain de l'affaire Dreyfus, qui consacre le principe de la liberté d'association, sans autorisation administrative préalable, mais qui impose des restrictions pour les congrégations religieuses.

Ces dernières avaient animé le camp antidreyfusard par leur presse, très influente ; ainsi, le journal des assomptionnistes la Croix manifesta un antisémitisme virulent. Or Waldeck-Rousseau préside depuis 1899 un gouvernement de défense républicaine décidé à sauver la République du danger nationaliste et clérical (« les moines d'affaires et les moines ligueurs »). Il fait donc adopter une loi qui oblige les congrégations à solliciter un agrément législatif, à tenir un état de leurs dépenses et recettes, et à inventorier leurs biens : 60 congrégations masculines et 400 féminines entament ces démarches. Waldeck-Rousseau envisage une application du texte. Mais, après les élections de 1902, le Bloc des gauches, mené par Émile Combes, transforme cette loi de contrôle en loi d'exclusion : tous les agréments demandés sont refusés, et les écoles des congrégations non autorisées sont fermées (1904), premier pas vers la séparation de l'Église et de l'État, entérinée en 1905.

Acte de circonstance concernant les congrégations, la loi de 1901 est pérenne pour les associations : elle repose sur les principes de 1789, liberté et égalité. Une déclaration ne s'impose que si l'association veut être dotée de la capacité juridique. La simple association déclarée est dotée d'une personnalité morale limitée ; elle ne peut donc posséder que les locaux nécessaires à son action. Celle reconnue d'utilité publique par le Conseil d'État jouit de toute capacité morale et civile. L'association déclarée permet d'organiser les partis politiques, et donne naissance au secteur associatif : associations humanitaires, sanitaires et sociales, sportives, d'éducation populaire ou de quartier, qui entendent améliorer la vie quotidienne par la rencontre entre l'initiative individuelle et l'action collective. En 2002, quelque 60 000 nouvelles associations sont fondées et plus d'un million sont en activité ; 50 % des Français y participent.

assurances sociales (loi sur les),

loi d'avril 1930, complétant des textes de 1924 et 1928, qui institue un régime d'assurances maladie, invalidité et vieillesse.

Ces mesures comblent le retard considérable pris par la France sur l'Allemagne depuis 1880, et même sur la Grande-Bretagne depuis 1911. Préparé par Louis Loucheur, puis par Laval, le texte finalement adopté est le résultat de dix années de débats, indépendamment des alternances gauche-droite.

La question des assurances sociales devient d'une actualité pressante dès 1920, avec la restitution à la France de l'Alsace, qui continue à bénéficier de la protection sociale bismarckienne. Celle-ci fournit, dès lors, le modèle à suivre. Cependant, les opposants sont nombreux : représentants du corps médical, de la partie du patronat la plus fragile économiquement, des propriétaires fonciers qui jugent les charges prévues insupportables. Quant à l'extrême gauche et à la CGT-U, elles dénoncent le réformisme de la loi, que soutiennent, en revanche, le centre gauche, les socialistes et la CGT, les chrétiens sociaux et la CFTC. Un premier texte de 1928 doit être modifié pour sauvegarder la médecine libérale.

Selon les dispositions adoptées, les assurances maladie et retraite obligatoires protègent les salariés dont le revenu est inférieur à un plafond donné. Les caisses remboursent à un taux inférieur aux honoraires des médecins, la différence restant à la charge du malade. La gestion de ces caisses constitue un enjeu très disputé entre le patronat, les syndicats, mais aussi l'Église et, surtout, la mutualité. Réforme sociale majeure, la loi d'avril 1930 est l'œuvre de forces politiques centristes beaucoup moins passives qu'on ne se plaît à le dire.

Astérix,

héros de bande dessinée, créé par Goscinny et Uderzo.

Lorsqu'il naît avec Pilote, en octobre 1959, le petit Gaulois n'est que le frère en aventures d'Oumpah-Pah, l'Indien de la revue Tintin. Mais, après des débuts d'estime (7 000 exemplaires pour le premier album), Astérix trouve sa place (33 albums traduits dans 57 langues et vendus à près de 300 millions d'exemplaires) dans la mythologie française, à laquelle il renvoie doublement : de manière quasi intemporelle, en captant les réflexes popularisés par le Café du Commerce ou Clochemerle ; et de manière immédiate, en transposant les rêves de grandeur de la France gaullienne (et l'on verra, ainsi, Astérix flanqué d'Obélix aller porter la bonne parole de plus en plus souvent hors des frontières de l'Hexagone).