Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Bourbon, (suite)

La première maison de Bourbon tire son nom de la seigneurie de Bourbon-l'Archambault (Allier) et de son territoire, le Bourbonnais. Au XIIIe siècle, cette famille s'allie avec celle, régnante, des Capétiens : en 1276, Robert de Clermont, sixième fils de Louis IX, épouse Béatrix, fille d'Agnès de Bourbon et de Jean de Bourgogne, seigneur du Charolais. En 1327, le roi Charles IV le Bel érige la seigneurie en duché en faveur de leur fils, Louis, premier duc de Bourbon. Les deux fils de ce dernier sont à l'origine de deux branches de Bourbon.

La branche aînée (ducs de Bourbon, sires de Beaujeu) s'éteint en 1527, avec la mort sans héritier de Charles III, connu sous le nom du « Connétable de Bourbon ». La branche cadette des comtes de la Marche, ducs de Vendôme sous François Ier, récupère, à l'extinction de la branche aînée, le titre de duc de Bourbon. Cette maison, les Bourbons-Vendôme, accède au trône de Navarre en 1555 (Antoine de Bourbon étant l'époux de Jeanne d'Albret), puis à celui de France avec Henri IV, à la mort du dernier Valois, Henri III, en 1589. Elle se divise à son tour en plusieurs branches, dont la branche aînée qui règne sur la France jusqu'en 1830 avec Charles X et s'éteint avec le comte de Chambord en 1883. De Louis de Condé, frère d'Antoine de Bourbon, lui-même père d'Henri IV, sont issus les princes de Condé, les princes de Conti et les Soissons. Les princes de Condé s'éteignent, après les Contis et les Soissons, en 1830. De Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, sont issus les Bourbons-Orléans, dont Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848. Le chef actuel de cette maison est le comte de Paris.

Les Bourbons-Espagne sont issus de Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, roi d'Espagne en 1700 sous le nom de Philippe V. (Le roi Juan Carlos Ier descend de cette dynastie.) Cette branche espagnole est elle-même divisée en plusieurs rameaux, dont les Bourbons-Parme, qui règnent sur diverses principautés italiennes jusqu'au milieu du XIXe siècle, et les Bourbons-Naples, qui occupent le trône de Naples et de Sicile jusqu'en 1860. De nombreuses branches bâtardes sont aussi issues de cette famille, dont certaines furent légitimées et jouèrent un certain rôle. À titre d'exemple, les Bourbons-Busset, les Vendômes, les Maines et les Toulouses.

Bourbon (Charles de),

cardinal, « roi de la Sainte Ligue » sous le nom de Charles X (la Ferté-sous-Jouarre, Seine-et-Marne, 1523 - Fontenay-le-Comte, Vendée, 1590).

Fils de Charles de Bourbon-Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon, Charles entre dans les ordres et accumule rapidement les bénéfices. Il est créé cardinal à 25 ans ; deux ans plus tard, il devient archevêque de Rouen. Son rôle politique au cours des décennies 1550 et 1560 n'est pas négligeable : c'est un proche de Catherine de Médicis. Mais son destin est surtout lié à celui de son neveu Henri de Navarre, dont il est parrain en 1554. Lorsque l'extinction des Valois se profile en 1584, avec la mort du dernier frère du roi Henri III, le cardinal de Bourbon représente un enjeu politique majeur. En effet, si les protestants sont exclus de la succession au trône, le respect de la loi salique doit lui donner la couronne. C'est la solution retenue par les Guises, l'Espagne et l'intéressé, au traité de Joinville (1585), que le roi est contraint d'entériner. Mais Charles de Bourbon, devenu l'un des porte-parole de la Ligue, est emprisonné sur ordre d'Henri III après l'exécution des Guises (décembre 1588). Son neveu Henri IV, qui succède à Henri III en août 1589, maintient en détention le vieux prélat, qui meurt l'année suivante. Il avait été proclamé roi, en 1589, sous le nom de Charles X par une grande partie du royaume, ralliée à la Ligue : cinq parlements jugeaient en son nom ; on battait même monnaie à son effigie. Sa mort aggrave la question successorale pour les ligueurs, car tous les autres Bourbons suivent Henri IV.

Bourbon (Charles III, huitième duc de Bourbon, dit le Connétable de),

connétable de France (Montpensier 1490 - Rome 1527).

Issu d'une famille de princes du sang, il est, après la mort de son père et de son frère aîné, le seigneur d'immenses domaines au centre du royaume (Auvergne, Forez, Bourbonnais...), et, dès l'âge de 25 ans, accède au rang de connétable. En 1515, François Ier en fait son lieutenant général en Italie mais la puissance de ce vassal dérange. En 1521, le roi prétend rattacher à la couronne une partie des possessions de Suzanne de Bourbon - l'épouse du Connétable - qui vient de mourir : une longue controverse juridique, où s'affrontent les logiques opposées de la moderne unité monarchique et des anciennes prérogatives féodales, s'engage. À l'automne 1523, Bourbon passe au service de Charles Quint, qui le nomme aussitôt généralissime de ses troupes en Italie et lui laisse espérer un mariage princier, ainsi que l'investiture du duché de Milan. Après l'échec de l'invasion de la Provence en 1524, l'armée de Bourbon ravage la Lombardie durant l'année 1526, et, au début du printemps 1527, se dirige sur Rome à marche forcée : le 6 mai 1527, l'assaut est lancé contre la ville ; Bourbon est tué dès le début du combat ; ce qui n'empêche pas ses soldats de s'emparer de la capitale de la chrétienté et la mettre à sac.

Ce pillage conclut symboliquement la légende noire du « traître » et du chef de guerre rebelle, qui mettait son armée au service de son ambition, au risque de masquer l'autre visage, plus traditionnel, du Connétable : celui d'un grand du royaume, dont la brillante carrière militaire allait naturellement de pair avec l'affirmation des droits du vassal face aux prétentions de son suzerain.

Bourbonnais,

pays du centre de la France, successivement seigneurie, duché, puis province.

L'ancêtre des sires de Bourbon, Aimard, semble avoir été un familier de Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine. Entre 915 et 920, il abandonne la villa de Souvigny au monastère de Cluny. Mais c'est en 954 que se trouve mentionné pour la première fois le nom de Bourbon, dans un acte de son fils Aimon, dont les descendants, qui se prénomment Archambaud, ne portent toutefois le titre de sires de Bourbon qu'au début du XIe siècle. Ce sont de bien modestes personnages mais, même s'ils reconnaissent l'autorité du roi, leur seigneurie jouit d'une indépendance de fait.