Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

capitulaires impériaux, (suite)

Inspirés du droit germanique et imprégnés de droit canonique, les capitulaires nous livrent un droit original préfigurant le droit féodal. Pour preuves : le capitulaire de Mersen (847), prescrivant à tout homme libre du royaume de se choisir un seigneur, et celui de Quiercy-sur-Oise (877), stipulant l'hérédité des charges comtales.

Caracalla (édit de),

constitution impériale édictée en 212 par l'empereur Caracalla, octroyant la citoyenneté romai-ne à tous les habitants libres de l'Empire.

Cet édit constitue le dernier pas vers l'unification du monde romain, même si l'unification du statut personnel n'entraîne pas celle des institutions locales. Il concer-ne les pérégrins (ni citoyens romains ni latins), et donc l'immense majorité de ceux qui vivent dans la Gaule romaine ; seuls sont exclus les esclaves, qui, par définition, ne peuvent être citoyens, et les Barbares, récemment installés dans l'Empire. Les raisons de cette extension de la citoyenneté romaine sont controversées, y compris chez les historiens romains : pour les uns, cette mesure a surtout pour but de percevoir davantage d'impôts, puisque les pérégrins ne payaient pas certaines taxes sur les héritages et les affranchissements ; pour les autres, il s'agit plutôt d'uniformiser les liens religieux entre le pouvoir impérial et les sujets de l'Empire, en généralisant les cultes officiels, en particulier le culte impérial dont les sanctuaires ne sont accessibles qu'aux citoyens romains. C'est cette tendance à l'unification des statuts et au développement de l'autorité impériale qui a fait du monde romain un véritable État, et non plus simplement un agrégat de provinces soumises à Rome.

cardial,

nom de la première civilisation d'agriculteurs néolithiques du midi de la France (sixième millénaire), dont la poterie est fréquemment décorée d'impressions de coquillages, notamment de coques (cardium edule).

La civilisation ou culture cardiale appartient, en fait, à un vaste ensemble, nommé parfois « impresso-cardial », qui s'étend le long des côtes de la Méditerranée centrale et occidentale, depuis la Grèce du Nord-Ouest, la Dalmatie, l'Italie, jusqu'en France et en Espagne, avec des implantations au Portugal et en Afrique du Nord. Ce sont les populations appartenant à cet ensemble qui introduisent dans ces régions l'agriculture et l'élevage, de tradition proche-orientale, se mêlant parfois aux indigènes, chasseurs-cueilleurs mésolithiques, dont elles adoptent quelques traditions techniques.

La culture cardiale est connue surtout par la fouille de grottes, mais celles-ci sont en général des abris temporaires ou des haltes de bergers. Il existe aussi de véritables villages aux maisons de bois et de terre. L'économie repose surtout sur l'élevage des moutons et des chèvres ; la chasse est également pratiquée, à l'aide de flèches en silex à extrémité tranchante, ainsi que la pêche en haute mer. La culture cardiale maîtrise de fait la navigation maritime, et toutes les îles de la Méditerranée sont accostées, voire peuplées, dès cette époque. Les poteries, de forme hémisphérique, sont décorées d'impressions de coquillages en zigzag. Au cours du temps s'affirme une tendance à la diminution du décor et à l'apparition d'autres techniques (pastilles, rainures, cordons d'argile) : on parle alors, pour le cinquième millénaire, d'« épi-cardial ». C'est d'ailleurs à cette époque que le cardial s'éloigne progressivement des zones littorales, pour remonter en France vers le nord, à la fois par la vallée du Rhône et le long des côtes de l'Atlantique. Il rencontrera alors l'autre courant d'introduction du néolithique, le « rubané », issu d'Europe centrale.

Carmel (le),

dit aussi ordre de Notre-Dame du Carmel, ordre religieux fondé en Galilée, à la fin du XIIe siècle, lorsque des ermites s'établissent sur le mont Carmel, pour suivre l'exemple du prophète Élie.

À partir de 1230, la conquête de la Terre sainte par les musulmans contraint les carmes à se replier en Occident. En 1247, ils reçoivent du pape le statut d'ordre mendiant et une règle d'inspiration dominicaine : l'ordre abandonne alors le mode de vie érémitique au profit d'une vie communautaire. Ses premiers établissements européens sont Valenciennes en 1235 et Marseille en 1244. Conciliant idéal contemplatif, dévotion mariale et apostolat en milieu urbain, il jouit d'une grande popularité aux XIIIe et XIVe siècles. Après l'adoption par la majorité des carmes (carmes réformés, ou « déchaux ») de réformes introduites en Espagne en 1562 et 1568 par sainte Thérèse d'Avila et saint Jean de la Croix, l'ordre connaît un second essor en France, au XVIIe siècle. La restauration rigoureuse de la discipline, la recherche mystique de l'union à Dieu, la dévotion à la Vierge et au saint sacrement, et la polémique avec le protestantisme le placent au cœur de la réforme catholique et assurent son rayonnement spirituel sur les élites nobiliaires et bourgeoises. La branche féminine des carmélites (créée en 1452) est introduite en France dès 1604, à l'initiative de Pierre de Bérulle (1575-1629), et le premier couvent de carmes réformés apparaît à Paris en 1611. Le nombre des couvents s'accroît rapidement, grâce à l'appui de l'épiscopat et des milieux dévôts. La vénération, au XXe siècle, de la figure de Thérèse de l'Enfant-Jésus, religieuse au carmel de Lisieux de 1888 à 1897, canonisée en 1925, témoigne de l'importance que conserve la spiritualité carmélite dans le monde catholique contemporain.

Carnac,

commune du Morbihan, célèbre par ses monuments mégalithiques, notamment ses fameux « alignements » datant des IVe et IIIe millénaires avant notre ère.

Carnac et les autres communes qui bordent le golfe du Morbihan recèlent une concentration de monuments mégalithiques sans comparaison avec le reste de la Bretagne et de la côte atlantique : au néolithique, cette petite région a donc dû jouer un rôle important dans les domaines politique, voire cérémoniel et économique. Les monuments les plus anciens, qui datent sans doute du début du IVe millénaire, sont de simples tertres en terre, tantôt plats - tel celui du Manio, qui était accompagné d'un menhir de 3 mètres de haut portant des serpents gravés à sa base -, tantôt monumentaux - on parle alors de « tumulus carnacéens », car les plus célèbres sont concentrés dans cette région. Le plus spectaculaire, celui de Saint-Michel, près du bourg de Carnac, maintenant surmonté d'une chapelle, mesure 125 mètres de long, 50 mètres de large et 10 mètres de haut. Ses couches d'argile successives recouvraient une quinzaine de petits coffres de pierres, contenant des ossements de bœuf, et une vaste chambre centrale en grosses pierres renfermant une douzaine de très grandes haches en roche verte (certaines sont de provenance alpine), d'autres plus petites et des perles semi-précieuses. Les monuments les plus classiques sont les dolmens, que l'on rencontre en nombre sur le territoire de la commune et à ses abords (et dont l'un est inclus dans le tumulus de Saint-Michel) : dolmens de Kercado, de Crucuny, de Kervilor, du Mané-Kerioned, etc.