Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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France (territoire de la). (suite)

Dans le cadre de l'aménagement du territoire, certaines de ces Régions ont reçu des aides gouvernementales destinées à favoriser leur essor économique ; ailleurs, principalement en Île-de-France, les industries ont été dissuadées de s'implanter. Conçue pour rééquilibrer les espaces économiques nationaux, la décentralisation des activités parisiennes s'est finalement limitée à une déconcentration des entreprises dans un rayon de 50 à 200 kilomètres autour de la capitale.

La géographie régionale de l'industrie française.

• Elle dessine cinq grands ensembles. L'arc nord-est regroupe les régions les plus anciennement industrialisées mais aussi les plus fortement touchées par la crise. La Lorraine a ainsi perdu plus de 45 % de ses effectifs en vingt ans, dans les décennies 1970-1980. La relève y est insuffisamment assurée par les entreprises de matériel de transport et par les industries électriques et électroniques. Le centre du pays - les hautes terres du Massif central et les plateaux dépeuplés de Bourgogne et de Champagne - rassemble des régions « hésitantes ». L'industrie s'y concentre dans les capitales régionales aux dépens des localisations traditionnelles. Le vaste croissant des régions de la façade atlantique résiste assez bien au déclin général, mais l'espace industriel y est resté très discontinu. La Bretagne est la principale bénéficiaire des aides au développement économique. Les délocalisations des industries de l'automobile, de matériel électrique et électronique ou de chimie y ont assez bien réussi. Cependant, certaines activités demeurent fragiles, principalement la construction navale et le textile. Le quatrième ensemble géographique, discontinu par rapport aux précédents, regroupe les grandes vallées fluviales. La proximité des régions riches, allemandes et italiennes, a permis à la région lyonnaise et à l'Alsace de devenir très attractives. À une moindre échelle, le Val de Loire tire profit de la proximité de l'Île-de-France. Ces régions conservent un tissu industriel diversifié. Enfin, malgré une forte désindustrialisation (- 20 % de l'emploi industriel), la région parisienne constitue toujours le principal foyer français d'activités. Elle bénéficie en particulier de la présence des industries de pointe. Ainsi, la composition sociale de sa population industrielle est originale : les cadres administratifs et commerciaux représentent environ 10 % de l'emploi industriel, contre 2,3 % en province ! À l'inverse, les ouvriers n'en représentent plus qu'un tiers, contre deux tiers en province. Enfin et toujours, la moitié des sièges sociaux des grandes entreprises se trouvent en Île-de-France.

Non seulement le territoire français conserve sa diversité physique et culturelle mais, quels que soient les efforts de planification, son aménagement n'a pas permis de combler les écarts géographiques considérables en matière de développement économique. L'héliotropisme a largement profité aux régions les plus méridionales, l'Ouest se maintient difficilement, le Nord et l'Est se redressent péniblement. Paris continue d'exercer une domination sur l'espace national. Les divisions culturelles Nord-Sud et les divisions naturelles Sud-Est-Nord-Ouest s'estompent ; les contrastes territoriaux les plus marquants opposent la « diagonale du vide » (large bande des Vosges aux Pyrénées) au reste du pays, les espaces ruraux de la « France profonde » aux espaces urbains qui ne cessent de s'étendre bien au-delà de leurs limites traditionnelles, aux dépens des proches campagnes, « mitées » par une urbanisation rarement bien contrôlée.

France libre,

nom donné au mouvement de résistance fondé par le général de Gaulle à Londres, à la suite de l'appel du 18 Juin.

À l'origine simple regroupement autour du général de volontaires qui refusent l'armistice, la France libre devient progressivement l'élément fédérateur de la Résistance, et se transforme en gouvernement provisoire.

Faiblesse des moyens, grandeur des ambitions.

• La France libre des premières heures frappe par la faiblesse de ses moyens. Très rares sont, en effet, les représentants des élites qui répondent à l'Appel. Le ralliement général de l'empire ne se produit pas, seuls quelques territoires secondaires, telle l'A-ÉF, basculant dans la « dissidence ». Sur le plan militaire, une poignée d'officiers (Leclerc, Catroux, Legentilhomme, Muselier) et quelques milliers de volontaires s'engagent dans les Forces françaises libres (FFL). De fait, le premier entourage de de Gaulle se caractérise par son hétérogénéité : un solide noyau issu de la droite nationaliste (en particulier autour de Passy et du 2e Bureau, qui est chargé d'établir des liens avec la France métropolitaine), mais aussi de fervents républicains (René Cassin), des démocrates-chrétiens (Maurice Schumann) et des socialistes (Georges Boris). Cela explique l'importance des dissidences, comme celle de l'amiral Muselier en 1942, motivée par la défense de la démocratie.

De Gaulle n'entend pas faire de son mouvement une légion au service de la Grande-Bretagne. À ses yeux, la France libre, devenue la légitime dépositaire de la flamme nationale, a vocation à se transformer en gouvernement provisoire. Un accord conclu avec la Grande-Bretagne, en août 1940, règle la question du financement du mouvement, et lui offre un premier cadre légal. En octobre, un nouveau pas est franchi à Brazzaville, où de Gaulle édicte ses premières ordonnances et forme un Conseil de défense de l'Empire qui traduit sa prétention à exercer la souveraineté dans les territoires ralliés. En septembre 1941, est constitué le Comité national français (CNF), présidé par de Gaulle, et composé de commissaires (dont Pleven, Cassin, Dejean). Le CNF, qui se maintiendra jusqu'à la formation du Comité français de libération nationale (CFLN, juin 1943), et qui a toutes les apparences d'un gouvernement provisoire, précise les ambitions politiques des gaullistes : face à des Alliés réticents, affirmer la présence de la France dans la guerre, et préserver ainsi ses intérêts une fois la paix revenue ; contre Vichy, assurer la continuité politique de la République française. La question du gouvernement provisoire est au centre de la querelle qui oppose de Gaulle à Giraud en 1943.