Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Gay-Lussac (Louis Joseph), (suite)

Les différentes fonctions qu'il assume auprès de l'administration lui permettent de mettre ses recherches au service de l'industrie : membre du Comité des arts et manufactures, et « essayeur » à la Monnaie de Paris, il travaille sur la constitution des poudres et l'affinage des métaux précieux ; il met au point divers instruments de mesure (baromètre, alcoomètre, etc.). Député de 1831 à 1839, il est élevé à cette date à la pairie.

Gazette de France,

premier en date des journaux français de conception moderne, fondé par Théophraste Renaudot.

Il paraît du 30 mai 1631 au 15 septembre 1915, avec une périodicité hebdomadaire, puis bihebdomadaire à partir de 1761, et enfin quotidienne à partir de 1792.

Si la Gazette (c'est son titre originel) n'est pas la plus ancienne des « feuilles volantes », elle assoit, au XVIIe siècle, une production périodique jusque-là très instable et marque, de ce fait, l'histoire de la presse française. Fidèle soutien du pouvoir politique jusqu'à la révolution de 1830, elle est, dès sa fondation, un instrument de propagande entre les mains du cardinal de Richelieu et de Louis XIII, qui lui prêtent parfois leur plume. Ce recueil de nouvelles, en majorité étrangères, bénéficie alors d'informations de première main et rencontre d'emblée un grand succès, tant en France qu'en Europe, malgré une présentation austère, proche de celle du livre. Cependant, son monopole - elle jouit du « privilège exclusif » de l'information politique - élimine la concurrence et retarde longtemps l'apparition en France d'une presse politique digne de ce nom.

Après la mort de Renaudot (1653), qui était doué d'un certain talent journalistique, la Gazette devient une véritable institution, entièrement soumise à Louis XIV, dont elle célèbre le culte. Son contenu étant devenue insipide, elle commence à subir la concurrence d'autres périodiques plus libres et plus hardis, notamment des gazettes hollandaises - de langue française -, souvent passées en contrebande. Pour combattre l'influence de celles-ci, le ministère des Affaires étrangères acquiert le privilège de la Gazette en 1761. Le journal est réorganisé et prend, l'année suivante, le titre de Gazette de France. Toutefois, le ministère, qui l'exploite en régie directe ou l'afferme, ne parvient pas à en enrayer le déclin, d'autant que le monopole est peu à peu écorné.

Sous la Révolution, laquelle met un terme définitif au privilège et voit fleurir des centaines de journaux, elle garde un ton neutre, mais, en avril 1792, elle passe sous la coupe des girondins qui accèdent au ministère. Sa parution est un temps interrompue après la chute de la Gironde en juin 1793. Censurée comme l'ensemble de la presse, elle échappe, durant le Consulat et l'Empire, aux décrets successifs qui suppriment la plupart des journaux politiques. Napoléon espère en effet séduire les lecteurs conservateurs de ce journal très lu en province. Ultraroyaliste à la Restauration, légitimiste après 1830, elle est vendue à un particulier en 1827, et perd de son influence au gré du développement de la presse. D'un monarchisme réservé sous le Second Empire comme sous la IIIe République, cette vieille feuille fait pâle figure devant le militantisme de la revue de l'Action française (fondée en 1899) et s'oppose à Charles Maurras, qui a brièvement collaboré à sa rédaction. Elle disparaît au cours de la Première Guerre mondiale, faute de lecteurs.

gazettes,

sous l'Ancien Régime, périodiques regroupant des nouvelles des principales villes d'Europe ; pièces maîtresses de l'information politique durant le XVIIe siècle et la première moitié du XVIIIe siècle, avant de décliner, puis de perdre toute importance sous l'effet de la Révolution.

Tirant leur nom du vénitien gazetta, qui désigne une feuille volante élaborée à Venise au XVIe siècle et coûtant une gazeta (petite monnaie locale), les gazettes apparaissent dans le reste de l'Europe vers 1630, et se multiplient à la fin du siècle. En France, c'est Théophraste Renaudot qui, en donnant en 1631 le titre de Gazette à son journal (qui deviendra la Gazette de France), consacre le mot, jusqu'alors synonyme de bavardage et de potin.

Les gazettes sont un genre de périodiques spécifique, qui, en publiant des nouvelles sous forme de bulletins, de récits secs, sans ordre précis, transition, analyse ni commentaire, demeure la compilation d'informations immédiates. Face à la très officielle Gazette de France, journal qui jouit d'un privilège exclusif, la véhémence assure le succès des « nouvelles à la main », gazettes manuscrites, semi-clandestines et éphémères, et surtout gazettes étrangères, de langue française. Celles-ci foisonnent après la révocation de l'édit de Nantes (1685) - qui provoque un exil massif des huguenots dans les pays de religion réformée, où ils mettent sur pied d'importantes entreprises de presse - et après la Seconde Révolution anglaise (1688). Elles sont principalement hollandaises (gazettes de Leyde, d'Amsterdam, de Rotterdam, d'Utrecht, de La Haye), mais aussi allemandes (de Cologne, des Deux-Ponts), belges (de Bruxelles, de Liège), suisses (de Berne), anglaises (Courrier de l'Europe), russes, polonaises, ou encore suédoises. Ne pouvant contrôler ni leur contenu ni leur diffusion, le gouvernement royal est contraint de les tolérer, et, s'il proteste parfois, ou menace, il sait aussi les utiliser comme sources d'information sur les cours étrangères et comme moyens de propagande extérieure en tentant de les manipuler. Tout au long du XVIIIe siècle, elles jouent ainsi un rôle considérable, tant national qu'international. Cependant, la forte expansion de la presse politique dans les années 1780 leur oppose de nouveaux concurrents, puis la Révolution, la liberté de la presse et le développement de la presse moderne sonnent le glas des anciennes gazettes.

gendarmerie.

C'est par un décret du 16 février 1791 que la Constituante substitue la gendarmerie nationale à la maréchaussée de l'Ancien Régime.

La loi du 28 germinal an VI (17 avril 1798) fixe les principes fondamentaux qui régissent l'organisation de la gendarmerie et font d'elle « une force destinée à assurer dans l'intérieur de la République le maintien de l'ordre et l'exécution des lois ». Dès 1791, ses effectifs s'élèvent à 8 000 hommes, contre 4 500 en 1789 dans la maréchaussée.