Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Paris-Match,

hebdomadaire d'information illustré, appartenant au groupe Filipacchi. La fabuleuse épopée que sera Paris-Match débute en 1938, lorsque Jean Prouvost rachète Match, titre sportif créé en 1928 par Léon Bailby, et en fait un grand magazine d'actualité (1,4 million d'exemplaires en 1939). Cessant de paraître pendant la guerre, le titre est relancé en 1949 sous le nom de Paris-Match. Il s'inspire du Times pour le traitement de l'actualité, de Life pour la présentation, et rassemble une pléiade de signatures (dont Joseph Kessel). Paris-Match atteint une diffusion de 904 497 exemplaires à la mort du roi d'Angleterre George VI (février 1952) et, grâce à Roger Thérond, invente une formule où l'image parle d'elle-même. Avec deux millions d'exemplaires en 1958, il navigue toutes voiles dehors, alors que Jean Prouvost crée des satellites (Marie-Claire, Télé 7 Jours). Mais l'empire se fissure face à la télévision : les ventes baissent de 1958 à 1976. En 1976, le magazine passe aux mains de Daniel Filipacchi. Thérond est rappelé aux commandes pour un nouveau départ. Contre vents et marées, la diffusion se redresse dès 1977. Sur 155 pages environ s'étale un album photo de l'actualité, alimenté par la vie des vedettes, la course aux scoops et les reportages. « Le poids des mots, le choc des images » (puis « des photos ») semblent faire recette, puisque Paris-Match conserve un tirage moyen d'un million d'exemplaires, pour une diffusion totale de 625 000 en 2004. En 1999, Alain Genestar succède à Roger Thérond.

Paris-Soir,

quotidien créé en 1923 et racheté en 1930 par Jean Prouvost.

Ce nouveau venu dans la presse quotidienne s'impose par son succès époustouflant : de 130 000 exemplaires en 1931, il passe à 1,6 millions en 1934, pour atteindre plus de 2 millions à la fin de la décennie. Le nouveau style de publication que représente Paris-Soir fait la part belle à l'appétit d'exotisme des lecteurs dont l'Exposition coloniale de 1931 a marqué les imaginations. Il n'hésite pas à faire appel à des plumes littéraires - Pierre Mac Orlan, Blaise Cendrars, Joseph Kessel, Saint-Exupéry ou Henri de Monfreid - pour animer ses grands reportages qui deviennent alors un genre fort prisé. À l'élargissement du champ d'information s'ajoute le renouvellement de la présentation : Paris-Soir invente, en effet, un nouveau type de mise en page, moins austère, où les illustrations photographiques abondent grâce à un équipement idoine (la caravane de Paris-Soir couvrant le Tour de France compte quarante collaborateurs et deux avions), où les titres sont plus expressifs que véritablement informatifs. Les pratiques de lecture en sont transformées, les lecteurs pouvant se contenter de feuilleter et de s'arrêter sur les sujets qui les intéressent davantage ; l'opération est facilitée par une plus grande spécialisation des sujets, avec l'adjonction régulière de pages magazine destinées à un public particulier, d'hommes, avec une présence marquée du sport, ou de femmes. Marie-Claire, ancêtre des magazines féminins, est d'ailleurs fondé en 1937 par Prouvost. Paris-Soir invente donc une formule de presse à sensation, qui sera adoptée progressivement par d'autres journaux. Le titre disparaît à la Libération, en 1944.

parlement de Paris,

cour judiciaire souveraine née à la fin du Moyen Âge et qui exerce durant tout l'Ancien Régime un certain contrôle sur le pouvoir royal.

Le parlement de Paris trouve ses origines dans la curia regis (ou cour du roi) qui, vers 1200, réunit vassaux, prélats, grands officiers et membres de la famille royale, tous aidant le souverain à exercer ses prérogatives politiques et judiciaires. La multiplication des affaires traitées et leur complexité de plus en plus grande, ainsi que le renforcement du rôle des juristes professionnels (les légistes) dans l'administration royale, expliquent la progressive spécialisation - qui s'instaure au XIIIe siècle - entre les fonctions politique (« cour en conseil »), financière (« cour en comptes ») et, enfin, judiciaire, cette dernière étant confiée à la « cour en parlement ». Le terme de « parlement », qui sert à désigner une instance où, effectivement, l'on délibère, apparaît dès 1230, mais l'usage ne s'en installe que sous le règne de Saint Louis : à son retour de la désastreuse croisade d'Égypte, le roi entend mieux contrôler l'appareil judiciaire grâce à une assemblée qui est désormais réunie régulièrement.

Durant les deux derniers siècles du Moyen Âge, le parlement acquiert une plus grande autonomie : dès le règne de Philippe III le Hardi, il peut se tenir et décider en l'absence du roi. Parallèlement, la spécialisation s'accentue. À côté de la Grand-Chambre, où se plaident les procès et où sont rendus les arrêts, apparaissent des chambres destinées à préparer ou à compléter son travail : celle des enquêtes, dont la procédure est entièrement écrite et peut aboutir à un « jugé » mettant fin à l'affaire ; celle des requêtes, qui vérifie la recevabilité des appels puis est chargée de juger les privilégiés ; enfin, la « tournelle », dévolue aux affaires criminelles et composée uniquement de laïcs, qui ne s'organise vraiment qu'au XVIe siècle.

Des pouvoirs de plus en plus importants.

• Les prérogatives du parlement de Paris sont, il est vrai, considérables. Son ressort est encore au XIVe siècle universel, se confondant avec le royaume, puisqu'il est d'abord cour de justice du souverain. Ainsi, le parlement juge-t-il en première instance des vassaux royaux, sa compétence étant toutefois progressivement limitée à ceux qui disposent d'une lettre de commitimus (« nous confions », en latin) par laquelle le roi lui en confie le jugement. Mais c'est l'appel qui fait du parlement une cour véritablement souveraine : profitant de l'offensive que mènent les justices royales aux dépens des cours seigneuriales ou ecclésiastiques, le parlement peut, au besoin, rejuger les procès déjà en appel devant les tribunaux de bailliage (double appel, aujourd'hui impossible) et, en vertu de la procédure dite « de l'appel comme d'abus », réviser des sentences déjà officalisées. Le roi n'assistant plus, en règle générale, aux séances du parlement, les décisions de ce dernier peuvent être portées, sur « proposition » d'erreur, devant le Conseil du roi, qui ne peut toutefois que casser le jugement pour vice de forme : c'est l'origine de l'actuelle Cour de cassation. Outre ces compétences judiciaires, les parlementaires disposent d'importants pouvoirs politiques : en mesure d'édicter, en cas de vide juridique ou d'absence du roi, des arrêts de règlement à valeur législative, ils sont chargés d'enregistrer (c'est-à-dire de recopier sur un registre) les ordonnances et édits royaux. Simple vérification formelle à l'origine, l'enregistrement se transforme, à la faveur des troubles du XVe siècle, en un véritable contrôle de la législation royale : motivé par des remontrances, le refus d'enregistrer oblige le roi, s'il tient ferme à son édit, à produire des « lettres de jussion » et, en cas d'« itératives remontrances », à organiser une séance solennelle à laquelle il assiste en personne. Si, par ce « lit de justice », le souverain a finalement le dernier mot, le parlement de Paris devient bien, à la fin du XVe siècle, « le vray sénat du royaume ».