Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
H

Hugues de Semur (saint),

abbé de Cluny de 1049 à 1109 (1024 - 1109).

Apparenté à la haute noblesse bourguignonne, Hugues de Semur, beau-frère du duc de Bourgogne Robert Ier, est moine, puis prieur de l'abbaye de Cluny, avant de succéder à saint Odilon en 1049. Son abbatiat et celui d'Odilon couvrent tout le XIe siècle, et consacrent l'apogée de l'ordre de Cluny, qui s'étend et se renforce partout en Europe : en Languedoc, en Poitou, dans l'Est, en Allemagne, en Lombardie et en Angleterre. Quatre des abbayes « filles » de l'ordre rejoignent alors Cluny : La Charité-sur-Loire en 1059, Sauxillanges en 1062, Lewes, en Angleterre, en 1077, et Saint-Martin-des-Champs, à Paris, en 1079.

Conseiller du pape Grégoire VII, lui-même ancien moine clunisien, Hugues de Semur fait diffuser les idées de paix de la réforme grégorienne. L'ordre de Cluny étant bien implanté en Aquitaine et sur les chemins de Compostelle, Hugues soutient le combat contre l'Islam et contribue à l'émergence de l'idée de croisade, particulièrement défendue par le pape Urbain II, ancien clunisien également. En 1095, ce dernier consacre le chœur de l'abbatiale de Cluny, dont la construction a été ordonnée par Hugues en 1085. Ce sera la plus grande église d'Occident jusqu'à l'édification de Saint-Pierre de Rome au XVIe siècle.

Canonisé en 1120, Hugues de Semur est le dernier des grands abbés de Cluny. Après lui, l'ordre, trop enrichi, perd de son prestige, malgré les efforts que déploie Pierre le Vénérable au XIIe siècle.

Hugues le Grand,

duc des Francs (vers 893 - Dourdan 956).

Issu de la famille des Robertiens, Hugues est à la fois le fils du roi Robert (922-923) et le père d'Hugues Capet (roi de 987 à 996). Même s'il n'a jamais porté le titre royal, il a été le plus puissant personnage du royaume des Francs dans les années 936-956. Cette puissance est fondée sur ses possessions territoriales situées entre Seine et Loire, et sur les charges d'abbé laïc de grands monastères tels que Saint-Martin de Tours ou Saint-Denis, mais aussi sur le titre de « duc des Francs » que lui accorde le roi Louis IV, et qui fait d'Hugues le deuxième personnage après le roi dans tout le royaume. En 936, il contribue à restaurer sur le trône l'héritier carolingien, Louis IV, espérant sans doute pouvoir le manipuler. Mais il ne parvient pas toujours à le contrôler, et les nombreux conflits qui éclatent entre eux sont arbitrés par le roi de Germanie Otton Ier : ainsi, en 948, Otton réunit à Ingelheim un synode présidé par un légat du pape qui excommunie Hugues, puis encourage les deux hommes à se réconcilier.

À la mort de Louis IV, en 954, Hugues le Grand soutient la candidature de l'héritier carolingien, Lothaire, et reçoit en récompense les duchés de Bourgogne et d'Aquitaine, mais il ne parvient pas à s'imposer dans ce dernier. Il affermit toutefois son pouvoir, équivalant à une vice-royauté, sur l'ensemble du royaume. Lorsqu'il meurt, en 956, son fils Hugues Capet est encore mineur et sous la tutelle de sa mère, Hadwige, sœur d'Otton Ier.

Hugues le Noir,

duc de Bourgogne de 936 à 952 ( ? - 952).

Fils du duc de Bourgogne Richard le Justicier, apparenté aux Carolingiens, et d'Adèle, sœur du roi de Bourgogne Rodolphe Ier, Hugues le Noir est le frère cadet de Raoul, roi de France de 923 à 936. Dans la compétition pour la royauté qui oppose les ducs de France (de la famille de Robert le Fort) aux Carolingiens, légitimes mais affaiblis, la famille bourguignonne se trouve dans une situation très favorable, dans le deuxième quart du Xe siècle, car ses membres sont tous d'âge adulte. Raoul accepte la couronne en 923, et confie le gouvernement du duché à son frère Hugues le Noir.

À la mort de Raoul en 936, Hugues hérite du duché. Il soutient d'abord le duc de France Hugues le Grand, qui fait revenir d'Angleterre, où il était en exil, le Carolingien Louis IV d'Outremer. Mais Hugues le Grand a pour ambition de tenir ce roi sous sa coupe et d'agrandir ses domaines. Aussi Hugues le Noir doit-il lui céder Sens et Auxerre. C'est pourquoi il soutient désormais Louis IV d'Outremer, mais est à nouveau contraint de se soumettre face à la coalition formée en 940 par Otton Ier de Germanie, Hugues le Grand et Herbert II de Vermandois.

Après 940, le duché de Bourgogne est divisé, la Burgondie même étant cédée par Louis IV à Hugues le Grand. À la mort d'Hugues le Noir, le 17 décembre 952, le duché passe à son gendre Gilbert, qui opère un redressement éphémère, puisqu'en 956 tous ses biens sont aux mains d'Hugues le Grand.

humanisme

Moment historique constitué de plusieurs phases, l'humanisme de la Renaissance oppose, au formalisme impersonnel de la philosophie médiévale, une culture vivante fondée sur le dialogue avec les auteurs antiques : la promotion des humaniores disciplinae - « études plus humaines » - est l'enjeu essentiel d'un combat qui réévalue les œuvres temporelles et les productions terrestres.

S'il contribue à redéfinir les rapports entre l'homme, le monde et Dieu, l'humanisme ne saurait néanmoins être assimilé à une thèse sur la nature humaine : de la seconde moitié du XVe siècle à la fin des guerres de Religion, de Guillaume Budé à Montaigne, il se compose de démarches successives, d'essais et d'impasses, qui préparent à leur façon l'avènement du rationalisme moderne. Calqué sur l'allemand Humanismus, le mot « humanisme » est une création récente (1877). Par ce terme, les historiens français du XIXe siècle ont désigné le mouvement à la fois esthétique, philosophique, religieux et civique apparu en Italie au XVe siècle et diffusé dans le reste de l'Europe au siècle suivant, qui a exalté la dignité de l'homme par le biais d'un contact revivifié avec les grands textes de l'Antiquité. Le terme s'est imposé au fil des travaux consacrés à la Renaissance, et, même s'il fait l'objet de remises en question ou de polémiques récurrentes, nul doute qu'il n'appartienne définitivement au lexique historiographique. Son succès ne doit pas pour autant le soustraire à l'analyse critique. Il faut en effet se garder d'assimiler hâtivement humanisme et Renaissance : d'abord parce qu'il existe un humanisme médiéval, dont l'intérêt pour les textes antiques ne le cède guère à l'enthousiasme de la génération des années 1520-1540, ensuite parce que la Renaissance développe des tendances antihumanistes, dont l'œuvre de Calvin est l'illustration la plus patente. Il faut également se souvenir que l'humanisme de la Renaissance française se déploie sur plus d'un siècle, et s'inscrit de ce fait dans des contextes politiques, culturels et religieux éminemment divers : le cadre problématique des Essais est bien éloigné de l'horizon intellectuel des premiers réformateurs de l'Université parisienne.