Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
E

Écouen (édit d'), (suite)

Malgré la mort du roi (10 juillet 1559), la ligne définie par l'édit d'Écouen est maintenue. L'édit de Villers-Cotterêts (4 septembre 1559) ordonne que les maisons accueillant des réunions de réformés soient rasées. Dans l'année, dix-sept réformés sont exécutés à Paris ainsi que le conseiller au parlement Anne du Bourg (23 décembre 1559), qui a recommandé la clémence envers les hérétiques.

écrouelles,

maladie que les rois capétiens avaient la réputation de guérir, depuis le XIIe siècle, au moins.

Souvent associée à une tuberculose génitale, cette affection se caractérise par une inflammation des ganglions lymphatiques, notamment au niveau du cou ; spectaculaire mais rarement mortelle, elle peut être guérie à la suite d'un choc psychologique.

Guibert de Nogent (vers 1053-vers 1124) est le premier à mentionner, à propos de Louis VI le Gros, le rite de guérison des écrouelles par le roi de France, rite qu'il présente comme coutumier depuis le règne de Philippe Ier (1060/1108). Il est possible que la tradition remonte encore plus loin : Helgaud de Fleury, biographe de Robert II le Pieux (roi de 996 à 1031), rapporte les nombreuses guérisons dues à ce souverain, mais rien n'indique qu'elles aient bénéficié à des scrofuleux. Le pouvoir thaumaturgique des Capétiens est évidemment lié au sacre, qui, par l'onction, leur confère une aura surnaturelle. La propagande royale du XIIe siècle utilise sans doute aussi un vieux fonds de croyances populaires concernant les rois magiciens ou les saints guérisseurs, tel Marcoul, dont le culte paraît singulièrement lié aux origines du toucher des écrouelles. À la même époque, les souverains normands, puis les Plantagenêts d'Angleterre, s'affirment aussi guérisseurs d'écrouelles, et prétendent avoir hérité ce pouvoir du dernier roi anglo-saxon, Édouard le Confesseur (1003-1066).

À partir du XIIIe siècle, le rite prend sa forme définitive. Tout en touchant le malade et en faisant un signe de croix, le roi prononce la formule « Le roi te touche, Dieu te guérit ». La pièce de monnaie remise en aumône aux scrofuleux acquiert à son tour des pouvoirs thaumaturgiques. Saint Louis « touche » ainsi tous les jours des malades qui, parfois, viennent de fort loin pour solliciter leur guérison. Malgré les critiques dont il fait l'objet de la part d'une Église gagnée à la réforme grégorienne, et, des siècles plus tard, de la part des philosophes des Lumières (en particulier de Montesquieu dans ses Lettres persanes), le rite de guérison des écrouelles se maintient jusqu'à la Révolution, et même au-delà. Charles X est le dernier roi à s'y prêter, juste après son sacre en 1825, mais la formule qu'il prononce à cette occasion est devenue « Le roi te touche, Dieu te guérisse ». Le roi-guérisseur s'est mué désormais en roi-intercesseur.

écu,

une des principales monnaies françaises, frappée en or puis en argent, ayant cours du XIIIe au XIXe siècle.

Émis vers 1266, l'écu de Saint-Louis est la première monnaie d'or royale depuis des siècles. Il tire son nom de l'écu (bouclier) semé de fleurs de lis qui figure sur la pièce. Parmi d'autres monnaies, l'écu réapparaît régulièrement sous Philippe VI, puis Charles VI (écu à la couronne). Mais c'est Louis XI qui assoit la célébrité de la pièce en frappant en 1475 l'« écu au soleil », qui connaît un immense succès pendant tout le XVIe siècle. Sa valeur (33 sous tournois à l'origine) croît progressivement (45 sous tournois en 1533, 60 en 1575). En 1577, Henri III tente de faire de l'écu l'unité de référence du système monétaire français, en supprimant le compte par livre, et donc la distinction entre les espèces et une monnaie de compte. L'expérience échoue, mais l'écu d'or lui survit. Les dernières frappes ont lieu en 1656, et la pièce, évaluée 120 sous tournois en 1689, est officiellement retirée de la circulation (« décriée ») peu après. Le louis d'or lui a déjà succédé.

Pour permettre le compte par écu, un écu d'argent est également frappé à partir de 1580. Valant un quart de l'écu d'or, il reçoit le nom de « quart d'écu ». Mais c'est à partir de 1641 qu'est frappé le plus célèbre écu d'argent. Après une série de mutations, sa valeur est définitivement stabilisée en 1726 à 120 sous. Si la pièce de 5 francs (appelée d'ailleurs « écu de 5 francs ») prend sa suite sous la Révolution, l'écu d'argent royal n'est officiellement démonétisé qu'en 1829.

écuyer,

terme apparu dans la langue française au XIe siècle et désignant celui qui porte l'écu (« bouclier ») d'un chevalier.

Jeune homme placé par ses parents auprès d'un chevalier pour être éduqué, l'écuyer accompagne celui-ci à la chasse, en tournoi ou à la guerre, porte et entretient ses armes, s'occupe de l'écurie et prépare le gîte et la table ; activités subalternes dont il s'acquitte avant d'être lui-même armé chevalier. Entré dans cette fonction vers l'âge de 12 ou 15 ans, l'adolescent l'exerce habituellement durant cinq à sept années ; il est ensuite adoubé.

Jusqu'à la fin du XIIe siècle au moins, le mot « escuier » désigne plus une fonction qu'un statut social. Puis, à la fin du Moyen Âge, avec les modifications du monde féodal, il en vient à désigner un noble de seconde zone qui, n'ayant pas les moyens de s'établir chevalier, retarde l'âge de l'adoubement. En 1293, Philippe le Bel punit d'une forte amende tout damoiseau âgé de 24 ans resté écuyer. Au cours des derniers siècles médiévaux, le nombre d'écuyers s'accroît considérablement. C'est en partie pour cette raison que leur charge auprès des princes se spécialise : écuyer de bouche ou de cuisine, écuyer tranchant (qui coupe les viandes à la table), etc. Il s'agit alors d'un service domestique qui perd tout caractère militaire et cesse d'être une préparation à la vie de chevalier. Au XVIe siècle, le terme écuyer est employé comme synonyme de gentilhomme de simple noblesse, par opposition au chevalier et au seigneur titré.

Éduens,

puissant peuple gaulois, le plus souvent allié des Romains.

Le pays éduen recouvre les départements actuels de la Nièvre et de la Saône-et-Loire, et une partie de ceux de la Côte-d'Or, de la Loire, du Rhône et de l'Yonne. Les Éduens contrôlent donc l'axe nord-sud qui, par la Saône, met en relation le monde méditerranéen avec le nord de la Gaule et, au-delà, les îles Britanniques, d'où provient en particulier l'étain ; mais ils commandent également un axe de communication est-ouest, entre le Bassin parisien, les pays rhénans et alpins. C'est une riche région de culture, mais aussi d'élevage (Morvan), notamment de chevaux (la cavalerie éduenne est très puissante) ; les forêts fournissent du bois de charpente, les sols et sous-sols, de l'argile pour la poterie et divers métaux (cuivre, or, fer, argent, etc.), que les artisans - des métallurgistes et des orfèvres renommés - transforment.