Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

colporteurs, (suite)

Le colportage a diffusé dans les campagnes les produits de la ville. Bien qu'accusé d'exploiter une clientèle naïve, il a contribué, indéniablement, à répandre la lecture et le goût des nouveautés dans la France rurale. Il a donc été source de progrès, avant que le progrès ne le fasse disparaître.

Combat,

mouvement fondé en novembre 1941 par la fusion de deux groupes de la Résistance de la zone sud : le premier, animé par Henri Frenay et Berty Albrecht depuis l'été 1940 ; le second, d'inspiration démocrate-chrétienne, créé par François de Menthon, Pierre-Henri Teitgen et Alfred Coste-Floret.

Après cette fusion, Combat s'impose comme le premier mouvement de la Résistance. Son organisation, qui s'étend sur toute la zone sud, repose sur deux noyaux : l'Action, qui dispose de groupes francs et prépare la levée d'une armée secrète ; le Renseignement-Organisation-Propagande, qui centralise les activités politiques et diffuse le journal Combat, tiré à 80 000 exemplaires en 1942. Peu à peu, les services se diversifient : noyautage des administrations (Claude Bourdet), faux papiers (André Bollier), maquis (Brault), action ouvrière (Marcel Degliame-Fouché). L'évolution politique de Combat est exemplaire. À l'origine, nombre de ses membres, tel Henri Frenay, tout en étant farouchement anti-allemands, témoignent quelque sympathie pour la « révolution nationale ». Mais le mouvement s'en démarque à la fin de 1941, avec l'accentuation par le régime de Vichy de la Collaboration et de la répression. Combat tend alors vers la définition d'un « socialisme humaniste » qui réconcilie socialisme et christianisme. En janvier 1943, Combat se fond dans les Mouvements unis de Résistance (MUR) avec Libération-Sud et Franc-Tireur. Un conflit éclate alors entre Jean Moulin, artisan d'une unification imposée par Londres, et Frenay, qui, tout en acceptant le principe d'une coordination de la Résistance, entend garder vis-à-vis du général de Gaulle une liberté politique.

Combat,

journal, d'abord clandestin, né du mouvement de résistance du même nom.

Il ne prend ce titre qu'en décembre 1941, mais plusieurs publications, animées également par Henri Frenay et Berty Albrecht, l'ont précédé : le Mouvement de libération nationale - dont le premier bulletin est dactylographié à 18 exemplaires -, à Lyon, les Petites Ailes, Petites Ailes de la France, Vérités. À la fin de 1942, Combat est tiré à 80 000 exemplaires. À la Libération, il est l'un des quotidiens à fort tirage (plus de 150 000 exemplaires). Sous la houlette de Pascal Pia et d'Albert Camus de 1944 à 1947, il entend perpétuer l'esprit de la Résistance, s'insurge contre le retour en force des partis politiques ; son épigraphe « De la Résistance à la révolution » traduit bien ses aspirations politiques. Ce journal d'opinion, qui accueille de nombreuses plumes talentueuses - Jean-Paul Sartre, Raymond Aron -, accompagne l'ancrage difficile d'une IVe République en proie aux premiers soubresauts de la décolonisation, ce dont il rend courageusement compte. Entre la tentation gaulliste et le rêve d'un grand mouvement populaire de la gauche non communiste, le journal, qui, en 1947, est passé aux mains de Claude Bourdet, résistant de la première heure, et est partiellement financé par Henri Smadja, perd une partie de son lectorat. Après le départ de Bourdet en 1950, Louis Pauwels, Jean Fabiani, puis Philippe Tesson, sont les rédacteurs en chef d'un journal errant des causes perdues de l'OAS à l'exaltation de mai 68, et qui s'éteint finalement en 1974, après des années de précarité et de difficultés financières.

Combes (Émile),

homme politique (Roquecourbe, Tarn, 1835 - Pons, Charente-Maritime, 1921).

Émile Combes fait, grâce à un oncle curé, ses études supérieures au séminaire ; ayant perdu la foi, il ne reçoit pas les ordres et devient médecin. Républicain et franc-maçon, il est élu conseiller municipal (1869), puis maire de Pons en 1874, conseiller général en 1879, sénateur enfin en 1885. Sous son impulsion, les sénateurs radicaux forment en 1891 le groupe de la « gauche démocratique ». Anticlérical et spiritualiste, il est ministre de l'Instruction publique et des Cultes dans le gouvernement Léon Bourgeois (novembre 1895-avril 1896). En juin 1902, recommandé par Waldeck-Rousseau au président de la République Émile Loubet, Combes forme son gouvernement, soutenu par le Bloc des gauches. Le « petit père Combes » applique avec intransigeance la loi de 1901 sur les associations en fermant 2 500 écoles religieuses, et fait voter la loi du 7 juillet 1904, qui interdit tout enseignement congréganiste. Cette politique de combat conduit, fin juillet, à la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Vatican, dont la suite logique sera, en décembre 1905, sous le ministère Rouvier, la loi de séparation des Églises et de l'État. En octobre, Combes est discrédité par l'affaire des Fiches (le général André, son ministre de la Guerre, ayant rassemblé des renseignements fournis par la franc-maçonnerie sur les convictions politiques et religieuses des officiers). Éclaboussé par le scandale, Combes démissionne en janvier 1905. Il est devenu une figure légendaire de l'anticléricalisme républicain.

Comédie-Française,

troupe dramatique instituée en 1680, et, par métonymie, la salle Richelieu au Palais-Royal qui, depuis 1799, est son principal lieu d'exercice.

Au milieu du XVIIe siècle, le paysage théâtral parisien compte (à l'exception des comédiens-italiens) trois troupes : les Comédiens du roi, installés à l'hôtel de Bourgogne, dans les anciens locaux des Confrères de la Passion ; la Troupe du roi, au Marais, héritière de comédiens ambulants arrivés de Rouen en 1629, avec Corneille dans leurs bagages ; et l'Illustre Théâtre de Molière, devenu « Troupe du roi au Palais-Royal » en 1665. À coups de débauchages d'auteurs et de comédiens, elles se disputent les faveurs des spectateurs, jusqu'à ce que la volonté centralisatrice de Louis XIV vienne y mettre bon ordre.

De la tutelle des politiques...

•  Celle-ci s'exerça en deux temps : en mai 1673, quelques mois après la mort de Molière, ordre est donné à sa troupe de se fondre avec celle du Marais dans le nouveau théâtre de la rue Guénégaud ; sept ans plus tard, le 16 août 1680, du camp de Charleville, le roi exige la fusion de la troupe de l'hôtel de Bourgogne avec celle de l'hôtel de Guénégaud. Le 21 octobre, une lettre de cachet officialise la naissance de la Comédie-Française, « composée des acteurs et actrices dont la liste sera arrêtée par sa majesté » : vingt-sept comédiens sont ainsi regroupés autour de La Grange, premier « doyen » de la Compagnie. En échange du monopole - « défense [est faite] à tous les autres comédiens français de s'établir dans la ville et faubourgs de Paris » - et des pensions, le pouvoir impose à la troupe de jouer tous les jours, exerce un contrôle sur le répertoire et les distributions via l'intendant des menus plaisirs ou la dauphine. Au fil des décrets et des textes réglementaires, au gré des déménagements, en fonction de la personnalité des comédiens, une véritable microsociété s'organise, reflet des soubresauts de l'histoire. Ainsi, la tourmente révolutionnaire, qui supprime les pensions et autorise la multiplication des scènes, fait-elle éclater la troupe, traversée par les oppositions politiques. Reformée en 1799 (ses membres signent un acte de société le 17 avril 1804), elle retrouve sous l'Empire un quasi-monopole, que le décret de Moscou (15 octobre 1812) vient confirmer : les sociétaires deviennent les « comédiens ordinaires de l'Empereur ». Détentrice du répertoire classique - qu'incarne Talma et que fera renaître Rachel -, la salle Richelieu laisse échapper, malgré quelques mémorables soirées (telle la première d'Hernani, le 25 février 1830), nombre de créations romantiques au profit d'autres scènes ; le public, comme le rappelle Musset en 1840, semble bouder les lieux : « J'étais seul l'autre soir au Théâtre-Français. [...] L'auteur n'avait pas grand succès. Ce n'était que Molière. »