Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Mitterrand (François), (suite)

Comment, alors, ne pas s'interroger sur cette longévité et sur cette étonnante faculté d'adaptation et de rebond : enfant d'une IIIe qu'il raillait, pétainiste-résistant, ministre en vue sous la IVe ; puis président de la Ve après en avoir été le grand pourfendeur... Les paraboles à propos de la monarchie « mitterrandienne » se mettent à fleurir. Cette radicalisation critique rejoint la mythification, de son vivant, de « Tonton », plus souvent comparé à de Gaulle qu'à Léon Blum. La « force tranquille » et le « réalisme », la sérénité du président, ses grands travaux, se conjuguent à son âge pour ébaucher un nouveau portrait : celui d'un président philosophe, bâtisseur, humaniste intraitable, déjà entré dans l'histoire. Il n'en reste pas moins que la gestion politique demeure chaotique. À Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy succède Édouard Balladur, pour une autre cohabitation (1993-1995). Affaires et publications diverses alimentent la chronique des intrigues élyséennes.

La fin de « règne ».

• À partir de 1992, plus européen que jamais, Mitterrand se cantonne à des interventions emblématiques : commémorations, inaugurations, sommets internationaux. On peut croire qu'il espère ainsi ennoblir une disparition qu'il sait proche. L'homme a toujours aimé les symboles, les énigmes, qu'il distille entre deux apartés sur la douleur et la mort. Sa vaillance face à la maladie, son mysticisme, le décalage entre l'image du florentin et celle du notable humaniste provincial et lettré, troublent l'opinion, nourrissant un « mystère » romanesque dont celle-ci se rassasie. On est loin, lors de l'élection de Jacques Chirac en mai 1995, de l'image du président de 1981. En dépit de sa conversion au « réalisme », l'homme est resté fidèle à son éthique, mais il est métamorphosé. Préparant sa mort devant la France, il veut marquer l'histoire. Les biographes se précipitent. Mitterrand lui-même semble avoir entretenu - parfois suscité - ce climat passionnel de fin de règne, comme en témoigne la « présentation » de sa fille Mazarine à la France.

Près de neuf mois après avoir quitté l'Élysée, François Mitterrand meurt, à Paris, le 8 janvier 1996.

MLF (Mouvement de libération des femmes),

mouvement féministe né en 1970, dont le nom dénote l'influence du Women's Lib américain.

L'événement fondateur du mouvement est discuté : réunion à l'université de Vincennes au printemps 1970, article dans l'Idiot international du mois de mai, ou dépôt d'une gerbe à l'Arc de triomphe, le 26 août, sur la tombe du Soldat inconnu « pour sa femme encore plus inconnue que lui » ? L'investissement de ce lieu symbolique de la nation par un petit groupe de militantes, en présence de la presse, assure un retentissement public à l'événement. Suivent les premières actions spectaculaires pour la libération de la sexualité et de l'avortement, qui rencontrent un écho après la publication, dans le Nouvel Observateur du 5 avril 1971, du « Manifeste des 343 ». Ces 343 femmes, célèbres ou moins célèbres, déclarent toutes s'être fait avorter et exigent le libre accès à la contraception et à l'avortement, les militantes du MLF revendiquant, quant à elles, l'avortement libre et gratuit. Le choc provoqué par cette publication radicalise un débat ouvert depuis la fin des années 1950 sur la contraception et la « libre maternité ». Après le procès de Bobigny, le 11 octobre 1972 - une fille violée ayant avorté et sa mère « complice » défendues par l'avocate Gisèle Halimi -, la question devient un problème national : les derniers décrets d'application de la loi Neuwirth (1967) sur la contraception sont enfin publiés. La fronde d'un certain nombre de médecins qui déclarent pratiquer des avortements et la création, le 10 avril 1973, du Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception (MLAC, mouvement mixte, à la différence du MLF) qui aide publiquement les femmes à avorter, conduisent le président de la République Giscard d'Estaing et son ministre de la santé, Simone Veil, à promulguer une loi sur l'interruption volontaire de grossesse le 17 janvier 1975.

L'action du MLF a certes contribué à changer la loi répressive de 1920. Mais, à partir de 1974, le mouvement se divise entre féministes révolutionnaires, féministes égalitaires et féministes « différentialistes » autour du groupe « Psychanalyse et politique ». Cette dernière tendance se dote d'une maison d'édition et d'un journal, et déclare en 1979 être la seule représentante autorisée du MLF. La dernière action publique du MLF, organisée malgré les divisions, est une campagne contre le viol. Elle aboutit à une loi, adoptée en décembre 1980, qui en donne une définition juridique : le tabou et le silence sont brisés. Le discours de radicalité du MLF, qui accompagnait un mouvement de fond de la société, a donc conduit à une série de réformes qui ont modifié profondément le statut juridique et social de toutes les femmes.

Moch (Jules),

homme politique (Paris 1893 - Cabris, Alpes-Maritimes, 1985).

Avant guerre, ce polytechnicien est député socialiste de l'Hérault (1928-1936, 1937-1940), secrétaire général du gouvernement (1936-1937) et ministre des Travaux publics du deuxième cabinet Blum (13 mars-8 avril 1938). Le 10 juillet 1940, il figure parmi les quatre-vingts parlementaires qui votent contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il entre dans la Résistance dès 1941, et devient membre de l'Assemblée consultative d'Alger en 1943. Député aux deux Constituantes et à l'Assemblée nationale (1946-1958), cette figure de la IVe République est plusieurs fois ministre, notamment de l'Intérieur, et mobilise l'armée contre les grèves de 1947. Il représente la France à la commission des Nations unies pour le désarmement, de 1952 à 1960, et s'oppose, à l'Assemblée et au sein de la SFIO, au projet de Communauté européenne de défense (CED) en 1954. À nouveau député de 1962 à 1967, il désapprouve le programme commun de la gauche, ce qui le conduit à quitter le Parti socialiste en 1975.

Molay (Jacques de),

chevalier puis grand maître de l'ordre du Temple (Molay, Franche-Comté, vers 1243 - Paris 1314).