Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Thierry Ier, (suite)

Tout comme Thierry avait prolongé la politique aquitaine de son père Clovis en achevant la conquête de l'Auvergne, Théodebert, fils aîné de Thierry, mène plusieurs campagnes dans le sud de l'Aquitaine en 532-533, fixant ainsi ce qui sera la frontière entre le royaume des Francs et celui des Wisigoths jusqu'à la conquête musulmane du VIIIe siècle. Après 533, Théodebert parviendra, avec quelques difficultés, à récupérer la totalité de l'héritage paternel.

Thiers (Adolphe),

homme politique, journaliste et historien (Marseille 1797 - Saint-Germain 1877).

Thiers est, sans conteste, l'une des figures politiques les plus controversées du XIXe siècle. Il est longtemps resté, aux yeux de ses détracteurs, l'artisan principal de la répression de la Commune et l'incarnation d'une bourgeoisie agressivement conservatrice. Le jugement des historiens est aujourd'hui plus nuancé, et se résume rarement à une condamnation sans appel : Thiers n'a-t-il pas su, mieux que d'autres, acclimater dans le pays l'idée républicaine ?

Une plume talentueuse.

• Thiers n'est pas, selon les critères de la bourgeoisie de notables du XIXe siècle, un enfant « bien né » car son père, chevalier d'industrie peu scrupuleux, a eu maille à partir avec la justice. Après d'excellentes études au lycée de Marseille, il fait son droit à la faculté d'Aix, où il découvre les philosophes du XVIIIe siècle et se lie d'amitié avec Auguste Mignet, qui sera quelques années plus tard son collaborateur. En 1821, il s'installe à Paris où, grâce à l'appui du député libéral de Provence Manuel, qui le présente au banquier Laffitte, il entre à la rédaction du Constitutionnel : il y donne de la plume dans des domaines variés, fréquente les salons parisiens aussi bien que le milieu intellectuel et artistique de la capitale, fait la connaissance de Talleyrand. En 1823, il publie les deux premiers volumes de son Histoire de la Révolution française, qui en comptera dix. Bien accueilli par la critique et le public, l'ouvrage fonde sa notoriété. Correspondant de la Gazette d'Augsbourg depuis 1824, Thiers peut s'y exprimer plus librement sur les problèmes de politique étrangère. Le 3 janvier 1830, associé à Armand Carrel et à Mignet, il crée le National pour combattre ouvertement le ministère Polignac avec le concours de libéraux avancés, de républicains et de bonapartistes.

Thiers joue dans la révolution de 1830 un rôle capital, qui assurera sa carrière politique. Le 26 juillet, il rédige, pour l'essentiel, l'appel à la résistance des journalistes contre les ordonnances royales et, le 30, la proclamation en faveur du duc d'Orléans, présenté comme un prince national acquis à la cause de la révolution. Il parvient de surcroît à rallier la duchesse d'Orléans, peu disposée à accepter la couronne. Grâce à l'acquisition de l'hôtel Saint-Georges, il accède à l'éligibilité : il devient député des Bouches-du-Rhône le 22 octobre 1830. La même année, il épouse Élise Dosne, dont la mère exerce sur l'homme d'État une influence politique.

Entre ministères et opposition.

• Son ascension politique est désormais rapide. Le 4 novembre 1830, il est nommé sous-secrétaire d'État aux Finances dans le cabinet Laffitte. Il se rallie ensuite à son adversaire Casimir Perier pour devenir l'un des leaders du parti de la Résistance. Il ne quitte plus désormais les allées du pouvoir : ministre de l'Intérieur du « grand ministère » Soult, formé le 11 octobre 1832, il est ensuite nommé ministre de l'Agriculture et du Commerce dans le même cabinet, où le portefeuille de l'Intérieur lui est de surcroît attribué en avril 1834, tout comme dans le cabinet Mortier. Par sa place et son action gouvernementale, Thiers est l'avocat du nouveau régime, dont les débuts sont difficiles. Il fait arrêter la duchesse de Berry à l'automne 1832, après sa tentative de soulever la Vendée et, en avril 1834, il écrase l'insurrection républicaine de Lyon et de Paris, payant directement de sa personne. Après l'attentat de Fieschi, il fait voter les lois répressives de septembre 1835, qui condamnent l'opposition républicaine à la clandestinité et lui valent la haine des républicains, exprimée en caricatures vengeresses par Honoré Daumier. Parallèlement, sa jeune carrière d'écrivain se voit couronnée par une élection précoce à l'Académie française, à l'âge de 36 ans.

L'ascension politique de Thiers se poursuit avec son accession à la tête du gouvernement le 22 février 1836. Ce ministère est néanmoins un échec : Thiers, qui ne peut s'appuyer sur des personnalités de premier plan et ne dispose pas de majorité parlementaire, s'attire le désaveu du roi lorsqu'il veut intervenir dans la guerre civile espagnole en faveur des constitutionnels contre les carlistes.

Une seconde chance lui est offerte le 1er mars 1840. Il obtient de l'Angleterre le retour des cendres de Napoléon, déjoue la conspiration bonapartiste de Boulogne, mais il est de nouveau désavoué dans sa politique extérieure après avoir subi un affront diplomatique. En effet, son sou-tien au pacha d'Égypte, en conflit avec le sultan de Constantinople, a provoqué la signature du traité de Londres (15 juillet 1840), renouvelant la quadruple alliance européenne contre la France et son exclusion du règlement de la question d'Orient. Thiers tente alors de résister en s'appuyant sur le sentiment nationaliste français et en prenant des mesures de défense, mais le roi, soucieux de maintenir la paix, préfère sacrifier son Premier ministre. Le second passage de Thiers à la direction des affaires aura duré à peine huit mois. La raison majeure de cet insuccès tient à sa conception de l'action gouvernementale selon laquelle le roi « règne et ne gouverne pas », ce que Louis-Philippe ne peut accepter. Thiers est dès lors relégué dans l'opposition au ministère Guizot, dont il combat la politique extérieure. Tout en restant fidèle à la monarchie de Juillet, il se tient de plus en plus à l'écart d'un régime dont il déplore la dérive conservatrice et d'un monarque qu'il juge autoritaire et distant.

Face à l'Empire.