Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

fructidor an V (coup d'État du 18), (suite)

La Constitution de l'an III n'ayant pas prévu d'arbitrage entre les pouvoirs législatif et exécutif en cas de conflit, la République connaît des difficultés dès les premières élections partielles d'avril 1797, remportées par les royalistes. Le 20 mai, le général Pichegru est élu à la présidence du Conseil des Cinq-Cents, et Barbé-Marbois, à celle du Conseil des Anciens. Ce sont deux royalistes, tout comme Barthélémy, élu au Directoire, qui ne compte plus alors que trois directeurs républicains sur cinq - les triumvirs Reubell, La Revellière-Lépeaux et Barras -, Carnot s'étant rapproché de la droite. Cependant, si les Conseils prennent d'emblée des mesures en faveur des émigrés et des prêtres réfractaires, le bloc monarchiste est divisé entre « jacobins blancs » absolutistes, d'une part, et clichyens modérés, d'autre part, les uns étant partisans du coup de force contre le Directoire, les autres préférant attendre les élections suivantes pour obtenir une majorité absolue.

En juin, Bonaparte, qui a arrêté le comte d'Antraigues en Italie, fournit à Barras les preuves de la trahison de Pichegru, qui est en contact avec Louis XVIII, et de la volonté des députés royalistes de renverser le Directoire. Les triumvirs passent alors à l'offensive en s'assurant l'appui de l'armée, avec les généraux Hoche, dont les troupes s'approchent de Paris en juillet, et Bonaparte, qui leur dépêche le général Augereau, nommé commandant de la division militaire de Paris en août. Les clichyens décident trop tard de mettre en accusation les triumvirs : dans la nuit du 17 au 18 fructidor, sur ordre du Directoire, les soldats arrêtent députés et principaux chefs royalistes (Carnot parvient à s'échapper). Le lendemain, ce qu'il reste des Conseils vote une loi cassant les élections dans 49 départements, et condamnant à la déportation en Guyane - la « guillotine sèche » - une soixantaine de royalistes, dont seuls 18 sont arrêtés. En outre, les arrestations arbitraires et les destitutions dans l'administration et dans l'armée se multiplient, tandis que 42 journaux sont supprimés. Le régime est provisoirement sauvé par le viol des urnes et par l'appui de l'armée, mais les progrès de l'opposition jacobine, grande bénéficiaire de l'épuration, contraindront à nouveau le Directoire à recourir au coup d'État, le 22 floréal an VI (11 mai 1798).

FTP ou FTPF (Francs-Tireurs et Partisans français),

forces combattantes du mouvement de Résistance « Front national ».

Destinés, à l'origine, à assurer la protection des équipes de propagande du Parti communiste, ces groupes de jeunes volontaires armés, créés à l'automne 1940, prennent tout d'abord le nom d'« Organisation spéciale » (OS), puis celui de « Bataillons de la jeunesse ». Au mois de juin 1941, Charles Tillon, aidé d'Eugène Hénaff, est chargé de constituer des unités de combat non plus limitées aux seules agglomérations ouvrières mais susceptibles d'étendre leur action aux campagnes : en août 1941, selon Marcel Prenant, naissent ainsi les premiers éléments des « Francs-Tireurs et Partisans français », qui, contrairement aux consignes du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA, installé à Londres), prônent l'insurrection « immédiate, continue, et armée, pour affaiblir le moral et le potentiel militaire de l'ennemi » (Marcel Prenant). Dénoncés par la presse officielle comme « terroristes et brigands », les FTP marqueront par leurs actes l'histoire de la Résistance armée : Frédo, futur colonel Fabien, est l'auteur du légendaire attentat du 23 août 1941, abattant un officier de la Kriegsmarine au métro Barbès ; le groupe Manouchian abat en plein Paris, le 29 septembre 1943, le SS Ritter. La structure des FTP, adaptée à la guérilla, est formée de petites unités et de maquis. Le commandement national est exercé par un comité militaire national, implanté dans la région parisienne et à Lyon. Charles Tillon y est assisté par trois commissaires spécialisés : aux effectifs (Hénaff), aux opérations (Ouzoulias) et à la technique (Beyer, renseignements et armement). Malgré les négociations menées avec le BCRA, les FTP n'obtiennent pas les parachutages d'armes en quantité souhaitée. Comme les autres organisations armées de la Résistance, ils s'intègrent, en théorie, aux Forces françaises de l'intérieur (FFI), en février 1944.