Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Consulat, (suite)

La pacification religieuse est la condition essentielle d'un retour à l'ordre. « Ma politique, affirme Bonaparte le 16 août 1800, est de gouverner les hommes comme le grand nombre veut l'être. C'est en me faisant catholique que j'ai gagné la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j'ai gagné les esprits en Italie... » Il ouvre donc des négociations avec le pape. Le 5 novembre 1800, le représentant de Pie VII est à Paris. Plusieurs problèmes retardent l'accord final. Mais le pape, conscient que le Premier consul doit compter avec les réticences de l'armée et de certains de ses ministres (Talleyrand et Fouché), fait des concessions : il reconnaît la vente des biens d'Église par la Révolution, accepte que le catholicisme ne soit plus religion d'État mais de la majorité des Français, invite les anciens réfractaires à la Constitution civile du clergé, comme ceux qui avaient prêté le serment, à remettre leur démission dans un souci d'apaisement. Le Concordat est signé le 15 juillet 1801 : une nouvelle carte des diocèses est établie ; le Premier consul nomme les évêques et le pape leur accorde l'investiture canonique ; évêques et curés touchent un traitement de l'État. Dès lors, malgré le maintien d'une « petite Église » schismatique, la paix religieuse est rétablie. D'autant que Bonaparte renforce son emprise sur le clergé par les articles organiques qui attribuent aux pasteurs un traitement, à l'instar des curés.

La pacification extérieure et le redressement financier.

• Depuis 1792, la France est en guerre avec l'Europe, mais la deuxième coalition ne comprend plus que l'Autriche et l'Angleterre. Bonaparte, passant les Alpes au Saint-Bernard, attaque les Autrichiens en Italie du Nord et les bat à Marengo, le 14 juin 1800 ; de son côté, le général Moreau leur porte un coup décisif à Hohenlinden, le 3 décembre 1800. Vienne signe la paix de Lunéville, le 9 février 1801. La France n'a plus d'adversaires sur le continent. Quant à l'Angleterre, épuisée financièrement, elle se résigne à la paix le 25 mars 1802 : « À Amiens, je crus de bonne foi, dira Bonaparte, le sort de la France et le mien fixés. J'allais me dévouer uniquement à l'administration de la France. »

Une fois la confiance revenue, Bonaparte s'emploie à redresser financièrement l'État : fondation, le 13 février 1800, de la Banque de France, avec pour mission de régulariser le marché de l'argent et d'offrir des facilités de crédit ; lors de la réforme monétaire de germinal an XI (14 avril 1803) qui institue le franc-germinal, la banque reçoit le monopole d'émission des billets. De nouveaux fondements sont donnés à la société par ce que Bonaparte appelle les « masses de granit » : les lycées (1er mai 1802), la Légion d'honneur (19 mai 1802) et, surtout, le Code civil (21 mars 1804), qui entend restaurer la cohésion de la famille et confirme le droit de propriété déjà proclamé dans les Constitutions révolutionnaires.

Du Consulat à l'Empire.

• Bonaparte gouverne jusqu'en 1802 à la façon d'un dictateur de salut public romain. Parvenant à surmonter la crise économique qui frappe le pays cette année-là, il renforce son assise politique. Un plébiscite est alors orga-nisé sur la question : « Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie ? » On compte 3 568 885 « oui » contre 8 374 « non ». La Constitution est modifiée en ce sens le 4 août 1802. Le pouvoir de l'ancien officier jacobin est consolidé mais, sans bien héréditaire, ce n'est pas encore la monarchie.

L'année suivante, la situation politique semble se dégrader. La guerre reprend avec l'Angleterre, qui n'accepte pas l'emprise de la France sur le continent et son expansion coloniale - même si l'expédition de Leclerc à Saint-Domingue tourne mal et si la Louisiane est vendue aux États-Unis. En outre, une conspiration d'envergure est montée contre Bonaparte par le chef chouan Cadoudal ; y sont impliqués l'ancien général Pichegru et Moreau, rival en gloire de Bonaparte, qui doit faire basculer l'armée dans le camp royaliste. Le complot est découvert tardivement, et les principaux acteurs sont arrêtés. Dans les aveux recueillis, il est fait mention d'un prince. Serait-ce le duc d'Enghien qui se trouve à Ettenheim, sur le territoire de Bade ? Bonaparte n'hésite pas à le faire enlever et fusiller (21 mars 1804).

Ayant fait couler le sang d'un Bourbon, le consul à vie a rassuré les anciens révolutionnaires, qui acceptent désormais l'établissement d'un régime héréditaire en sa faveur. Un nouveau référendum le fait « empereur des Français » par 3 572 329 « oui » contre 2 579 « non ». Une nouvelle Constitution, proclamée le 18 mai 1804, confie ainsi « le gouvernement de la République à un empereur » ! La dignité impériale est héréditaire dans « la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon Bonaparte. » Il n'a fallu que quatre années pour que « le front de l'Empereur bris[e] le masque étroit [du Premier consul] » (Victor Hugo).

Conti (Armand de Bourbon, prince de),

prince du sang (Paris 1629 - Pézenas 1666).

Frère cadet du Grand Condé, Armand doit son titre à sa bisaïeule, Éléonore de Roye, qui apporta en dot (1551) le fief picard de Conti à son époux, Louis de Bourbon, prince de Condé (1530-1569). Le fils cadet du couple, François, marquis, puis prince de Conti (1558-1614), étant mort sans postérité, le titre revient à Armand, filleul de Richelieu, destiné à l'Église. Abbé et docteur en théologie, il suit dans la Fronde des princes son frère aîné Condé et le mari de leur sœur, le duc de Longueville. Arrêté avec eux en 1650, enfermé à Vincennes puis au Havre, libéré l'année suivante, il se rallie à Mazarin, épouse en 1654 une nièce du cardinal, Anne-Marie Martinozzi, nommée surintendante de la reine Anne d'Autriche. Il commande ensuite les armées de Catalogne, occupant la Cerdagne en 1655, puis celles d'Italie. Devenu gouverneur du Lan-gedoc en 1660, il s'installe à Pézenas. Atteint de syphilis, tombé en dévotion après avoir été le premier protecteur de Molière, très proche du jansénisme, membre de la Compagnie du Saint-Sacrement, il meurt à 37 ans en portant le cilice. Il laisse deux fils, Louis-Armand (1661-1685) et François-Louis (1664-1709), princes de Conti. Le second, après avoir combattu aux Pays-Bas, est élu roi de Pologne en 1697 mais ne peut prendre possession de son trône, occupé par Auguste II de Saxe.