Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Bourbonnais, (suite)

Au début du XIIe siècle, pour la première fois, un roi de France intervient dans cette seigneurie : en 1108 ou 1109, exerçant son droit de suzerain, Louis VI contraint à la soumission Aimon Vaire Vache, qui a évincé son neveu. Par la suite, une collaboration étroite s'instaure entre les rois de France et les seigneurs de Bourbon. En 1276, Béatrix de Bourbon épouse Robert de Clermont, fils de Louis IX. Les sires de Bourbon sont désormais membres de la famille royale. C'est à cette époque que l'on commence à employer l'expression « Bourbonnais » pour désigner la seigneurie. En décembre 1327, le roi Charles IV en fait un duché, érigé en pairie en 1328 par Philippe VI. Pour faire face aux dépenses de la guerre de Cent Ans et se défendre contre les « routiers », Louis II, duc en 1356, est conduit à développer les institutions de son duché. Il fait de Moulins sa capitale, dotée d'un château reconstruit et d'une collégiale. Le duché devient le centre d'un État princier qui englobe notamment le Forez, le Beaujolais, puis l'Auvergne. Mais pour obtenir ce dernier duché Louis II doit accepter que ses possessions deviennent un apanage royal. Les successeurs de Louis II - Jean Ier, Charles Ier, Jean II - comptent parmi les princes des « fleurs de lys », remplissant de hautes fonctions, fréquentant la cour et participant à ses intrigues. Sous Jean II, puis sous Pierre II, marié à Anne de France, Moulins devient un des centres littéraires et artistiques qui annoncent la Renaissance.

L'apogée politique du duché se situe sous Charles III, le Connétable de Bourbon. Toutefois, ce duc fastueux et « mal endurant » se trouve entraîné dans un conflit avec le roi François ler et sa mère, Louise de Savoie. Malgré ses qualités d'homme de guerre, il n'est pas en mesure d'engager le combat et doit s'enfuir sur les terres de l'Empire. Son duché de Bourbon, réuni à la couronne en 1527, deviendra la province du Bourbonnais, puis le département de l'Allier.

Bourgeois (Léon),

homme politique (Paris 1851 - château d'Oger, Marne, 1925).

Léon Bourgeois est une grande figure du radicalisme français. Juriste de formation, il s'engage dans une carrière administrative, s'illustrant dans l'arbitrage de conflits sociaux en tant que préfet du Tarn. Élu de la Marne, il est maintes fois nommé ministre, notamment du Travail et de l'Instruction publique, mais il ne reste président du Conseil que six mois, en 1895-1896. Il œuvre pour l'enseignement secondaire moderne, l'enseignement post-scolaire et l'organisation des universités, et prône, sans succès immédiat, l'instauration de l'impôt sur le revenu et de l'assurance ouvrière obligatoire.

Franc-maçon, Bourgeois est cependant un anticlérical modéré. Par le solidarisme, il entend donner des fondements rationnels à la morale sociale en justifiant la nécessaire solidarité par la dette de tout individu envers la société. Philanthrope, il joue un rôle déterminant dans la lutte contre la tuberculose, en tant que président de la Ligue nationale et créateur des dispensaires (loi de 1916). Il est aussi un partisan convaincu de la mutualité. Mais son plus grand titre de gloire reste son combat pour la paix, tant au tribunal d'arbitrage de La Haye à partir de 1899 qu'à la Société des nations, dont il préside, en 1920, le premier conseil. Pour ce rôle éminent, il se voit attribuer le prix Nobel de la paix, en décembre 1920.

Bourgogne,

ancienne province qui correspondait approximativement aux départements actuels de la Côte-d'Or et de Saône-et-Loire et au quart sud-est de l'Yonne (Avallonnais et Auxerrois). La Bresse de Bourg et le Bugey lui ont été rattachés en 1601, mais ne peuvent être considérés comme bourguignons.

Malgré la présence de hautes terres (Morvan), la Bourgogne est avant tout une région de passage entre les plaines de la Saône, d'une part, les vallées de la Loire, de la Seine et de ses affluents, de la Meuse et du Rhin, d'autre part. Ce carrefour a servi de base à des dominations politiques aux limites variées.

Les origines.

• A l'époque celtique, deux grands peuples se partagent l'essentiel du futur territoire de la Bourgogne : les Lingons au nord et, surtout, les Éduens au sud, autour de leur oppidum de Bibracte (sur le mont Beuvray). Après la conquête romaine, marquée, en 52 avant J.-C., par l'épisode décisif du siège d'Alésia, Langres et Autun (Augustodunum, qui a remplacé Bibracte après 12 avant J.-C.) sont à la fois des chefs-lieux administratifs (des « cités »), des centres commerciaux (grâce à un excellent réseau routier) et les points d'appui d'un puissant processus de romanisation puis d'une christianisation relativement précoce. Le fait décisif est, à partir du milieu du Ve siècle, l'arrivée des Burgondes, Germains originaires du sud de la Scandinavie. Installés d'abord dans les Alpes du Nord, ils étendent peu à peu leur domination à l'ensemble des pays du Rhône et de la Saône et au sud-est du Bassin parisien. Leur royaume est conquis en 534 par les Francs. Dominé par une aristocratie issue aussi bien des grands propriétaires gallo-romains que des chefs barbares, ce territoire constitue une des grandes subdivisions de l'État mérovingien, puis de l'Empire carolingien. Mais le traité de Verdun (843) le scinde en deux parties très inégales : seul le quart nord-ouest, entre Loire et Saône, revient à Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, le reste formant bientôt un royaume, rattaché par la suite à l'Empire germanique. Placés à la tête des pagi, subdivisions des anciennes cités, les comtes, de plus en plus indépendants du roi, s'efforcent de lutter contre les envahisseurs normands et hongrois : ainsi, autour de 900, le comte d'Autun, Richard le Justicier, que l'on peut considérer comme le premier duc (chef politique et militaire) de la Bourgogne occidentale, donc « française ».

Le temps des ducs capétiens.

• En 1032, Robert, fils puîné du roi de France Robert le Pieux, devient duc à titre héréditaire d'un grand fief qui correspond au noyau de la future province, autour d'Autun et de Dijon (choisie comme capitale), et auquel échappent Mâcon, Nevers, Auxerre, Sens, Troyes et Langres (qui appartenaient à l'ancienne Burgundia). Les ducs capétiens, qui se succèdent régulièrement jusqu'en 1361, s'appliquent, à l'image de leurs cousins de France, à étendre leurs domaines, à soumettre leurs vassaux les plus turbulents, à ébaucher un État en nommant prévôts, châtelains et baillis. Ils bénéficient, en tant que seigneurs, de la croissance démographique, des progrès des défrichements et de la prospérité agricole. Ils peuvent aussi s'appuyer sur les villes que ranime la renaissance du commerce (la grande route de l'Italie aux foires de Champagne passe par la Bourgogne) et auxquelles ils concèdent des chartes de franchise ou de commune. Ils se font les protecteurs d'une Église en plein renouveau : du Xe au XIIe siècle, grâce à la fondation et au rayonnement européen des abbayes de Cluny (909) et de Cîteaux (1098), la Bourgogne est au cœur de la chrétienté occidentale. Elle est aussi un des hauts lieux de l'art roman, ainsi qu'en témoignent les églises de Cluny, Paray-le-Monial, Tournus, Vézelay, Saint-Lazare d'Autun, Fontenay. Moins original et moins prestigieux, le gothique bourguignon a produit cependant quelques chefs-d'œuvre tels que Saint-Étienne d'Auxerre et Notre-Dame de Dijon.