Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

béguines (suite)

À partir du début du XIVe siècle, les autorités s'inquiètent de cette vie religieuse au statut incertain, entre état laïc et cléricature, surtout lorsqu'elle est instable ; les béguins et béguines sont désormais considérés comme des hérétiques, condamnés par le pape Clément V en 1312 et livrés à l'Inquisition : ainsi, la béguine Marguerite Porète, auteur d'un traité de vie mystique (en français), est brûlée en place de Grève en 1306. Si les papes suivants sont moins sévères, la plupart des fondations n'en déclinent pas moins, progressivement, avant de disparaître aux XIVe et XVe siècles, à l'exception de quelques grands béguinages qui, tolérés par l'Église, prospéreront en Flandre jusqu'au début du XXe siècle.

Belges,

peuples que Jules César considéra comme « les plus braves » des peuples gaulois et parmi lesquels on compte, en particulier, les Leuques (Toul, Nancy), les Rèmes (Reims), les Suessions (Soissons), les Ambiens (Amiens), les Médiomatriques (Metz), les Trévires (Trèves), les Atrébates (Arras), les Aduatuques (Namur), les Nerviens (Bavay, Cambrai, Tournai), les Ménapiens (ouest de l'Escaut) et les Éburons (Meuse et rive gauche du Rhin). Ils occupent ce que César appelle la « Gaule Belgique », qui s'étend, au nord de la Marne et de la Seine, sur une région qui correspond au nord de la France actuelle, à la Belgique et à une petite partie de l'Allemagne.

Sur la foi d'écrivains de l'Antiquité, on estime parfois que les Belges auraient occupé ces territoires à la suite d'invasions venues du nord, vers le IIIe siècle avant J.-C. Mais les travaux archéologiques n'ont pas corroboré cette thèse jusqu'à présent. La fouille d'un habitat suession, comme à Villeneuve-Saint-Germain (Aisne), ou rème, comme à Variscourt (Aisne), a montré qu'à la veille de la conquête ces peuples disposaient de véritables villes fortifiées et à l'urbanisme strict ainsi que d'une économie monétaire, et qu'ils avaient tissé des réseaux économiques étendus (attestés par la présence d'amphores à vin romaines). Des sanctuaires, tels ceux de Ribemont-sur-Ancre (Somme) ou de Gournay-sur-Aronde (Oise), témoignent de pratiques religieuses complexes, comprenant des sacrifices de guerriers vaincus et d'animaux, et l'édification de trophées avec les armes prises à l'ennemi.

Lors de la guerre des Gaules, les Belges, à l'exception des Rèmes, opposent une vive résistance aux légions de César et forment, en 57 avant J.-C., une coalition de 300 000 guerriers, qui est néanmoins battue. Les Romains doivent ensuite affronter, en 54 avant J.-C., une révolte menée par Ambiorix, roi des Éburons, dont la défaite provoquera en retour le soulèvement général mené par Vercingétorix. Après la conquête et la constitution d'une province romaine de « Belgique », d'autres révoltes se produiront, notamment en 29 et en 21 avant J.-C. (avec le Belge Julius Florus et l'Éduen Sacrovir) ou en 69-70 après J.-C.

Sous l'occupation romaine, la Belgique est une province prospère, avec de grandes villes de garnison (Trèves, Cologne ou Boulogne), des cités commerciales (Tongres, Tournai ou Arlon), un réseau de voies de communication (dont Bavay est l'un des principaux nœuds), une agriculture florissante qui utilise la célèbre moissonneuse gauloise. En 258, Trèves sera un temps l'une des quatre capitales de l'Empire. La région est envahie par les Francs à partir de la fin du IVe siècle, et son nom même sera oublié, avant d'être remis à l'honneur à la Renaissance par les érudits, puis finalement donné à la Belgique indépendante en 1830.

Belgique (campagne de),

courte campagne militaire (15-18 juin 1815) qui aboutit à la destruction de l'armée de Napoléon et met fin aux Cent-Jours.

Après sa défaite de 1814, sa première abdication et son exil à l'île d'Elbe, Napoléon reprend le pouvoir le 20 mars 1815. Les souverains européens, qui veulent en finir avec « l'Ogre », menacent les frontières françaises. Le pays est démobilisé, mais l'Empereur décide d'attaquer les troupes anglo-hollandaises et prussiennes, massées en Belgique, avant l'arrivée des Russes et des Autrichiens. Le 15 juin 1815, Napoléon franchit la Sambre pour marcher sur Charleroi avec 124 000 hommes. Face à lui, 95 000 Anglo-Hollandais devant Bruxelles et 124 000 Prussiens à Namur. Il veut battre ces derniers, dont il espère le repli vers le Rhin, pour ensuite s'attaquer aux Anglo-Hollandais. Le 16 juin, les Prussiens sont repoussés à la bataille de Ligny, mais Wellington résiste à Quatre-Bras. Le lendemain, Napoléon fait poursuivre Blücher par Grouchy et entame sa marche vers Waterloo, sur la route de Bruxelles. La bataille s'engage le 18 juin. Wellington et Napoléon misent tous deux sur l'arrivée de renforts. Grouchy ne rejoint pas l'Empereur, et ce sont les Prussiens qui se présentent sur son flanc. La défaite est totale. Napoléon abdique le 22 juin.

Les Français, très inférieurs en nombre, ont, de plus, manqué de coordination ; les généraux Soult et Grouchy, employés à des postes stratégiques, ont fait preuve d'incompétence ; enfin, la transmission des ordres s'est révélée déplorable.

Belin (René),

syndicaliste (Bourg-en-Bresse, Ain, 1898 - Lorrez-le-Bocage, Seine-et-Marne, 1977).

Issu d'un milieu très modeste, il entre à 11 ans dans le monde du travail, muni d'un certificat d'études primaires. Il rejoint, à l'âge de 14 ans, l'administration postale, en gravit les échelons et adhère au syndicat des agents (1923), dont il devient secrétaire départemental (1925). Entré en 1933 au secrétariat de la CGT, il y restera jusqu'en mai 1940 : membre de la direction confédérale, il y sera rapidement le « dauphin » de Léon Jouhaux. Après la réunification avec la CGT-U, il fonde, en 1936, l'hebdomadaire Syndicats, qui incarne la tendance non communiste de la CGT. C'est notamment cet anticommunisme qui le conduit, après avoir démissionné du bureau de la CGT, à exercer des fonctions dans le gouvernement de Vichy : ministre de la Production industrielle et du Travail (14 juillet 1940-23 février 1941) puis secrétaire d'État au Travail (9 mai 1941-18 avril 1942). Sous sa responsabilité, la loi du 16 août 1940 dissout toutes les confédérations patronales et ouvrières, auxquelles la charte du travail, promulguée en octobre 1941, substitue un régime corporatiste. Belin estimait avoir pu « par intervention ou par ruse [...] protéger l'essentiel du mouvement syndical ». Révoqué de l'administration postale à la Libération, il se réfugie en Suisse en attendant son procès, qui s'achève sur un non-lieu. Il tente en vain, de mai 1949 à 1954, de reprendre sa place dans le mouvement syndical. De 1959 à 1965, il est maire de Lorrez-le-Bocage.