Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Nadar (Félix Tournachon, dit)

pionnier de la photographie (Paris 1820 - id. 1910).

Nadar connaît une jeunesse pauvre après la ruine de son père, libraire. Ayant interrompu ses études de médecine, il devient journaliste caricaturiste et noue ses premières amitiés dans le monde politique et littéraire. En 1845, il publie un roman (la Robe de Déjanire), et, en 1850, après une escapade partisane en Pologne, sa réputation de caricaturiste d'opposition est déjà forgée. À la fin de 1853, il vient à la photographie, et publie dès 1854 sa célèbre lithographie : Panthéon Nadar (trois cents personnages en procession derrière Victor Hugo). Ses portraits de Baudelaire, Napp, Chasles, Daumier, Doré, etc., font partager une atmosphère d'intimité. Sa réputation s'affirme aussitôt et ne sera jamais démentie. Ce que Jean-Paul Sartre appellera « la magie » de Nadar est un art : l'ex-caricaturiste excelle dans l'exploitation de la physionomie des modèles, affirmant que l'essentiel consiste à transcender la banalité des visages pour saisir leur « intelligence morale ». En 1863, ce novateur infatigable (éclairage électrique pour photographies de nuit, première vue aérienne) et fortuné (il dirige trois journaux illustrés), se lance dans l'aérostation. Mais son ballon, Géant, s'écrase. Ruiné, Nadar se relève pourtant. En 1870-1871, il organise la compagnie des aérostiers militaires de Paris. Enfin, dernier acte mémorable : en 1874, il accueille la première exposition des impressionnistes dans son atelier. Il se retire en 1886 et rédige ses Mémoires (Quand j'étais photographe, 1900). Ce magicien de la chambre noire, esthète engagé, ami des arts et des lettres, passionné de progrès techniques, laisse l'image d'un impénitent aventurier de l'esprit.

Nadaud (Martin),

homme politique (La Martinèche, Creuse, 1815 - id. 1898).

Né dans un milieu de paysans pauvres creusois, Martin Nadaud vient à Paris en 1830 pour exercer le métier de maçon, comme beaucoup d'hommes de sa région. Il y complète son instruction et fait son éducation politique. Membre de la Société des droits de l'homme, partisan de la doctrine de Cabet, il participe activement au mouvement populaire et démocratique qui agite la capitale sous le règne de Louis-Philippe. Insurgé en février 1848, l'ouvrier-maçon est élu député de la Creuse en 1849 ; montagnard, il siège au sein du groupe des démocrates-socialistes et se spécialise dans les débats sur le droit du travail, le bâtiment et l'urbanisme. Arrêté lors du coup d'État du 2 décembre 1851, expulsé, il s'exile à Londres, où il est d'abord maçon, puis professeur de français ; il exerce au collège de Wimbledon à partir de 1858. De retour en France lorsque la république est proclamée, il est nommé préfet de la Creuse par Gambetta (1870-1871). En 1871, après avoir discrètement soutenu la Commune, il est élu conseiller municipal de Paris (XXe arrondissement, Père-Lachaise). Député de la Creuse de 1876 à 1889, questeur de la Chambre à partir de 1882, il se rapproche des « opportunistes ». Anticlérical et franc-maçon, opposé aux boulangistes, il est battu aux législatives en 1889 et se retire dans sa région natale. Son autobiographie, Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon (1895), est le récit de son combat pour le progrès social et la démocratie, ainsi qu'un document exceptionnel sur la vie et l'éducation du peuple au XIXe siècle.

Nancy (bataille de),

bataille qui opposa, le 5 janvier 1477, le duc de Lorraine René II au duc de Bourgogne Charles le Téméraire, et se solda par la défaite et la mort de ce dernier.

Charles le Téméraire s'est emparé de la ville de Nancy en novembre 1475. Dans un discours prononcé à cette occasion, il affirme son intention d'en faire la capitale du royaume bourguignon. Mais, auparavant, il veut en finir avec les cantons suisses, lesquels, soutenus financièrement par Louis XI, ont fait alliance avec les villes d'Alsace en révolte contre sa politique. L'armée bourguignonne affronte donc l'armée suisse une première fois à Granson, près du lac de Neuchâtel, le 2 mars 1476, puis une seconde fois à Morat, le 22 juin. Ces deux batailles sont deux terribles défaites pour le duc de Bourgogne, qui voit son armée presque totalement détruite. Le duc de Lorraine profite de l'affaiblissement de son rival pour réoccuper son duché : il rentre dans Nancy le 7 octobre 1476. Charles le Téméraire vient en janvier 1477 assiéger la ville. Mais la lutte s'annonce par trop inégale, tant la supériorité numérique des troupes de René II est écrasante. Alors que les Bourguignons s'installent sur un plateau situé au sud-est de la cité, les Suisses, alliés du duc de Lorraine, rééditent la tactique employée à Morat, prenant leurs ennemis à revers. De nombreux Bourguignons sont massacrés. Deux jours après la bataille, le cadavre du Téméraire est découvert nu, dans la boue glacée, au bord de l'étang Saint-Jean. La mort de Charles le Téméraire marque l'effondrement de la puissance bourguignonne.

Nantes (édit de),

édit royal de 1598, signé par Henri IV, qui met fin aux guerres de Religion après quarante années d'instabilité politico-religieuse, et qui fixe légalement le statut des protestants dans le royaume - jusqu'à sa révocation par Louis XIV en 1685.

L'édit est promulgué au terme de négociations difficiles avec l'assemblée permanente protestante, qui exige la liberté de culte public dans toute la France. C'est seulement à la fin de l'année 1597 que la situation se dénoue : Henri IV se trouve en position de force, du fait de l'ouverture de négociations avec l'Espagne et de la soumission du duc de Mercœur, l'un des chefs de la Ligue.

Quatre documents composent le statut de compromis accordé aux calvinistes : un édit « solennel et public » comprenant 92 articles généraux, paraphé le 13 avril 1598 ; 56 articles secrets contenant des précisions d'application, signés le 2 mai, qui, comme l'édit, doivent être enregistrés par les parlements ; deux brevets immédiatement exécutoires, relatifs à des subventions (45 000 écus pour le traitement des ministres du culte) et à l'octroi de places de sûreté, et qui ne contiennent que des garanties temporaires dépendant de la grâce royale. Se rajouteront, ultérieurement, d'autres expressions de cette grâce (droit de tenir des assemblées générales et d'entretenir à la cour deux députés généraux).