Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

franc-maçonnerie, (suite)

Malgré son succès depuis 1862 (le Grand Orient compte 24 000 membres en 1871 et plus de 30 000 entre 1910 et 1930), la maçonnerie demeure doublement menacée. L'antimaçonnisme catholique est relayé par les papes. Léon XIII publie, en 1884, l'encyclique Humanum genus, qui introduit le thème du satanisme. Puis, dans l'entre-deux-guerres, des campagnes sur le thème du « complot judéo-maçonnique » sont menées par l'extrême droite. Après la défaite de 1940, la maçonnerie est interdite et ses membres sont pourchassés. Les propagandes allemande et vichyste tentent de rallier la population à la politique de collaboration, en avançant la thèse du complot, « responsable », à leurs yeux, de la guerre et du « déclin de l'Occident ». Reconstituée après la Libération, la maçonnerie a continué de prendre part aux débats récurrents sur la laïcité et sur certaines questions de société.

franco-allemand (traité),

traité de coopération et d'amitié signé à Paris le 22 janvier 1963 par le général de Gaulle et le chancelier de la République fédérale allemande (RFA), Konrad Adenauer.

Pour de Gaulle, le rapprochement avec l'Allemagne doit être le pivot d'une « Europe des États », lesquels se concerteraient pour mener à bien une politique étrangère commune. Ardemment défendu par le chancelier, qui souhaite affirmer la vocation européenne de la RFA, ce traité est critiqué par une partie de la classe politique allemande, qui accuse Adenauer de négliger les relations avec les États-Unis. Aussi, le texte n'est-il ratifié qu'en mai par le Bundestag, augmenté d'un préambule atlantiste qui lui enlève sa portée initiale. En outre, Adenauer doit démissionner en octobre et céder la place à Ludwig Erhard, moins attaché au rapprochement avec la France. Néanmoins, aux yeux de l'opinion des deux pays, le traité franco-allemand symbolise la réconciliation des « vieux ennemis ».

franco-allemande (guerre),

guerre qui oppose la France à la Prusse, du 19 juillet 1870 au 26 février 1871, et qui, avec l'entrée dans le conflit des quatre États allemands du sud du Main, devient « franco-allemande ».

La crise de juillet 1870.

• Depuis la victoire de la Prusse sur l'Autriche (Sadowa, juillet 1866), les relations entre l'Empire français et la Prusse se sont dégradées. Dans l'esprit de Bismarck, ministre-président de Prusse, la France de Napoléon III est l'obstacle majeur à ses projets d'unité de l'Allemagne. Faudra-t-il forcer le destin par une guerre ? Au début de 1870, Bismarck s'oriente vers une telle politique. C'est pourquoi l'annonce d'une nouvelle candidature (4 juillet 1870) au trône d'Espagne du prince Léopold de Hohenzollern, cousin du roi de Prusse, est interprétée par le gouvernement français comme une manœuvre de Bismarck. Napoléon III proteste, obtient du prince une renonciation à ses prétentions (12 juillet 1870), puis va jusqu'à exiger du roi de Prusse Guillaume Ier (en vacances à Ems) une confirmation écrite. Ce dernier refuse poliment, et, par dépêche, informe Bismarck, resté à Berlin. Celui-ci publie, sous le nom de « dépêche d'Ems », un texte tronqué et insolent, dont la diffusion permet au gouvernement français de justifier le vote des crédits de guerre. Grâce à cette manœuvre, Bismarck et les chefs militaires prussiens, qui avaient déjà pris secrètement la décision d'engager les hostilités, peuvent en rejeter la responsabilité sur Napoléon III et obtenir contre ce qui apparaît comme l'agresseur français le soutien de tous les Allemands et la neutralité bienveillante de l'Europe.

Les étapes de la défaite française.

• D'emblée, les opérations militaires sont marquées par la supériorité des armées prusso-allemandes, commandées par le général von Moltke. Après deux victoires aux frontières (6 août 1870), ces forces s'avancent en Lorraine et en Alsace. Moltke recherche l'armée française principale (armée dite « du Rhin », qui comprend environ 170 000 hommes), dont Napoléon III a dû laisser le commandement au maréchal Bazaine. Celui-ci livre trois batailles en Lorraine - Borny (14 août), Mars-la-Tour-Rezonville (16 août) et Saint-Privat (18 août) -, puis se laisse enfermer dans la place de Metz. Une armée formée par Mac-Mahon au camp de Châlons, et à laquelle se joint Napoléon III, se dirige vers le nord-est pour secourir Bazaine : elle est encerclée à Sedan et contrainte de capituler (2 septembre 1870), et Napoléon III est fait prisonnier. À l'annonce de ce désastre, la république est proclamée à Paris (4 septembre) et un gouvernement provisoire, dit « de la Défense nationale », est formé avec les députés républicains de Paris, parmi lesquels Léon Gambetta, chargé du ministère de l'Intérieur.

Toutefois, en raison des exigences territoriales de Bismarck, qui veut annexer l'Alsace et une partie de la Lorraine, la guerre rebondit, présentant un double visage : une guerre de mouvement, qui conduit les armées prusso-allemandes jusqu'au centre de la France, et une guerre de position. Plusieurs villes sont en effet assiégées : Strasbourg, qui capitule le 28 septembre ; Metz, où Bazaine capitulera, le 27 octobre ; Paris, à partir du 19 septembre, où le nouveau gouvernement républicain est confiné ; Belfort, défendue par Denfert-Rochereau.

L'essentiel des forces allemandes est déployé autour de Paris. Le 7 octobre, Gambetta s'en échappe en ballon et rejoint Tours, où s'est installée une délégation du gouvernement. Il s'empare du ministère de la Guerre et donne une vive impulsion à la défense nationale ; il reforme des armées sur la Loire (les Ire et IIe armées, respectivement commandées par Aurelles de Paladines et Chanzy), dans le Nord (avec Faidherbe), dans les Vosges, puis en Bourgogne. Son but est de faire lever le siège de Paris. Mais la capitulation de Metz libère l'armée du prince Frédéric-Charles, qui gagne la vallée de la Loire, où elle bat les forces rassemblées par Gambetta. Orléans, Tours et Le Mans sont occupés, et la délégation doit se replier sur Bordeaux. Gambetta reconstitue une armée en Franche-Comté, qu'il confie à Bourbaki ; elle doit libérer Belfort, puis, par une audacieuse manœuvre, couper les communications des Allemands qui assiègent Paris. Cependant, l'offensive de Bourbaki, en janvier 1871, s'achève par un désastre, et son armée, vaincue par l'hiver et la rapidité de la réaction allemande, se réfugie en Suisse. À ce moment, près du tiers du pays est occupé. La situation de Paris assiégé est devenue désespérée, en raison de l'échec des tentatives de sortie, des bombardements quotidiens de l'artillerie prussienne, de l'épuisement des vivres et de l'isolement. La capitale ne peut plus compter sur une délivrance puisque toutes les armées levées par Gambetta ont été vaincues.