Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Académies royales, (suite)

C'est sous Louis XV que les Académies royales connaissent un renouveau, avec la naissance de l'Académie de chirurgie (1731), et de l'Académie de marine (1750), à Brest, qui a pour vocation de promouvoir les études scientifiques concernant la navigation. Parallèlement, les autres accroissent leur spécialisation : ainsi, des classes de physique générale et de minéralogie voient le jour au sein de l'Académie des sciences. Au XVIIIe siècle, elles deviennent un lieu d'élaboration du savoir, comme en témoigne l'abondante correspondance tenue entre les Académies royales et les académies de province. Demeurant, aux yeux des révolutionnaires, les symboles de l'autorité monarchique dans les domaines artistique et scientifique, elles sont supprimées en 1793 par la Convention. Mais elles réapparaissent dès 1795, sur proposition de Daunou, dans le cadre de l'Institut de France, preuve qu'elles avaient acquis, en un siècle, une véritable légitimité intellectuelle, malgré leur situation de dépendance à l'égard du pouvoir politique.

Acadie,

ancienne colonie située dans le sud-est du Canada, française de 1604 ou 1605 à 1713.

La côte orientale du Canada est reconnue en 1498 par Jean Cabot, puis en 1524 par Verrazzano, qui lui donne le nom d'Acadie. Le premier établissement est fondé en 1604 ou 1605 par le Normand Pierre de Monts, gouverneur d'Honfleur, qui le baptise « Port-Royal ». Mais les Anglais, installés au sud, ne tardent pas à convoiter ce territoire : dès 1613, Samuel Argyll s'empare de certains établissements français. En 1632, Isaac de Razilly occupe à nouveau la colonie avec une petite troupe de 300 hommes d'élite. Son œuvre est poursuivie entre 1635 et 1650 par Charles d'Aulnay, qui fonde Pentagouet, La Hève, Saint-Jean, Sainte-Anne, dans l'île du Cap-Breton, avant que son rival, Charles de Saint-Étienne de La Tour, ne livre le territoire aux Anglais en 1654. Restituée à la France par la paix de Breda en 1667, l'Acadie ne repasse sous contrôle français qu'en 1670, et, en 1674, Colbert l'incorpore au domaine royal.

De 1674 à 1713, la colonie compte 40 gouverneurs, souvent âgés et peu compétents, trop étroitement subordonnés aux gouverneurs généraux du Canada (Québec). Le territoire est mal défendu par une garnison de 200 hommes, et la population demeure très peu nombreuse : 392 habitants en 1671, 1 088 en 1693, et 1 484 en 1707. Les colons, qui ont noué de bonnes relations avec les Indiens Iroquois et Micmacs, assèchent les marais du bassin des Mines. L'agriculture ainsi que les pêcheries de morue prospèrent, notamment après la fondation de la Compagnie de pêche sédentaire des côtes d'Acadie (1682).

En 1707, une escadre anglaise assiège Port-Royal. Jugeant cette colonie onéreuse et sans intérêt, le ministre Pontchartrain n'envoie pas de renforts au gouverneur Subercase, qui doit capituler le 10 octobre 1710. En 1713, par le traité d'Utrecht, l'Acadie est officiellement cédée à l'Angleterre, en même temps que Terre-Neuve et la baie d'Hudson, la France ne conservant que l'île du Cap-Breton avec Louisbourg. Mais les Acadiens, demeurés sur leurs terres, refusent le serment d'allégeance à la couronne d'Angleterre, et sont l'objet de diverses tracasseries de la part des Anglais, qui les appellent « Français neutres » (French neutrals). En 1755, lors de l'épisode décisif du Grand Dérangement, 7 000 d'entre eux (sur 15 000) sont expulsés et doivent s'établir dans d'autres colonies ou en France.

accapareurs,

nom donné, pendant la Révolution, aux individus – cultivateurs, commerçants ou simples particuliers – stockant, sans les mettre en circulation, des denrées de première nécessité. Lié au problème crucial des subsistances et cause de nombreux troubles, l'accaparement est sans cesse dénoncé par les milieux populaires, qui lui imputent la rareté et la cherté des denrées. En fait, après 1790, l'émission indéfinie d'assignats, qui se déprécient, et la guerre (commencée en 1792) sont responsables de l'inflation et de la pénurie. Cependant, faisant prévaloir le droit à la vie sur celui de la propriété, les sans-culottes réclament une économie dirigée et une législation répressive contre l'accapareur, accusé de vouloir affamer le peuple.

Partisans du libéralisme économique, les gouvernements qui se succèdent s'opposent à la réglementation, mais, soucieux de faire cesser les troubles, les montagnards se résignent finalement à appliquer une partie du programme des « enragés », qui bénéficient du soutien populaire. Votée le 26 juillet 1793, la loi contre l'accaparement contraint tous les détenteurs de denrées à déclarer et à afficher leurs stocks sous peine d'être punis de confiscation, voire de mort. Peu ou mal appliquée, elle n'est qu'une satisfaction symbolique donnée aux sans-culottes. Après l'arrestation des enragés et des hébertistes, le décret du 12 germinal an II (1er avril 1794) adoucit la loi, supprime les commissaires aux accaparements et ne maintient la peine de mort que pour les cas avérés de liaison avec la Contre-Révolution.

acheuléen,

terme désignant à la fois la première civilisation préhistorique, reconnue comme telle par l'archéologie, et la plus ancienne civilisation préhistorique attestée en France.

Identifié dans les carrières de graviers de Saint-Acheul, dans la Somme, l'acheuléen, industrie dont les débuts sont datés de - 700 000 ans environ, est associé à Homo erectus, premier hominidé à avoir colonisé l'Eurasie, à partir de l'Afrique, où cette industrie est attestée dans le Nord, en Égypte, au Sahara et en Afrique orientale. De fait, Homo erectus fut le premier à maîtriser le feu. Ainsi, on a retrouvé à Lunel, près de Montpellier, des foyers aménagés datant de - 400 000 ans. Mais l'acheuléen se caractérise surtout par les fameux bifaces en pierre, jadis appelés « coups-de-poing », de forme triangulaire ou ovale, et qui sont les premiers objets symétriques et réguliers jamais fabriqués par l'homme.

Homo erectus occupait principalement des campements de plein air, et plus rarement des grottes, telle celle de Terra Amata, près de Nice. Il vivait de la chasse aux grands mammifères, cervidés, éléphants, aurochs, etc. Il n'enterrait pas ses morts. Principalement attesté dans le Bassin parisien et en Aquitaine, l'acheuléen semble coexister avec des civilisations à l'outillage plus sommaire, tels le tayacien au Sud (grotte de Tautavel) ou le clactonien au Nord. L'acheuléen débouche sans rupture sur le paléolithique moyen, aux alentours de - 250 000 ans environ.