Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
T

tuchins, (suite)

Sous le règne de Charles V (1364/1380), dans le Toulousain, le Limousin, le Rouergue et le Poitou, des groupes d'insurgés se forment çà et là, organisés en compagnies armées et assermentées, qui ont parfois même des chefs issus de la petite noblesse et que l'on assimile à des brigands. Ce n'est qu'au début du règne de Charles VI (1380/1422), après la reconquête, que le duc de Berry, lieutenant général du roi en Languedoc, procède à une répression très dure et soumet tout le pays à une forte amende (1382).

Tuileries (palais des),

résidence parisienne de six rois et de deux empereurs, entre 1667 et 1870, et haut lieu révolutionnaire, aujourd'hui disparu.

Un lieu de fastes et de spectacles.

• C'est Catherine de Médicis qui fait élever le palais à partir de 1564, au-delà de la muraille érigée par Charles V, sur le site de fabriques de tuiles du XIIe siècle. Le projet est confié à Philibert Delorme, puis à Jean Bullant, qui bâtissent une demeure de plaisance rectangulaire ouverte sur la campagne et perpendiculaire à la Seine. Le premier dôme édifié à Paris couronne son pavillon central. À l'ouest, le Florentin Bernardo Carnessechi lui adjoint un parc « à l'italienne » ceint de hauts murs (1564-1567). Par la galerie du Bord-de-l'Eau et le pavillon de Flore, Henri IV relie le Louvre aux Tuileries, que Mazarin puis Colbert chargent Le Vau d'agrandir et de réaménager. Un nouveau dôme, quadrangulaire, surmonte le pavillon central après qu'une aile nord a été édifiée, symétrique de l'aile sud et terminée par le pavillon de Pomone (aujourd'hui, pavillon de Marsan).

Les scénographies des Tuileries donnent alors son lustre à la monarchie : Mazarin y fait aménager par Vigarani le théâtre « à l'italienne » (1659-1662), destiné aux premières représentations d'opéra en France ; en 1662 se déroule un fameux carrousel sur la place ménagée devant la façade orientale du château. En 1666, Le Nôtre redessine le parc : autour de bassins centraux, aux parterres en arabesques qui s'étalent au pied du palais, succède une région boisée bordée par deux terrasses surplombant les perspectives tracées au-delà du parc, vers la campagne au couchant (les Champs-Élysées), et vers le fleuve, au midi. De 1667 à 1672, Louis XIV réside deux mois par an dans ce palais rénové, puis les Tuileries sont abandonnées pour Versailles - sauf pendant la minorité de Louis XV. Des particuliers y occupent des appartements ; l'orchestre du Concert spirituel (1725-1790) s'y produit ; l'Opéra (1763-1770) puis la Comédie-Française (1770-1782) s'y réfugient. Séparé par un fossé de la place Louis-XV (aujourd'hui place de la Concorde), son jardin public offre cafés, chaises à louer et bancs aux promeneurs ; la société y est mêlée, à l'exclusion des pauvres en haillons, des domestiques et des soldats.

Un centre du pouvoir politique.

• À partir d'octobre 1789, la résidence surveillée de Louis XVI aux Tuileries en fait le centre du pouvoir exécutif. La monarchie constitutionnelle y est renversée le 10 août 1792, laissant place à la Convention et à ses comités révolutionnaires (1793-1795). Rebaptisées « Palais national », les Tuileries abritent le Conseil des Anciens du Directoire (1795-1799), avant que Bonaparte n'en prenne possession (1800). Elles restent le siège habituel de l'exécutif jusqu'en 1870, sauf en 1830-1831 et durant la IIe République (1848-1851) : Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier, Napoléon III, s'y succèdent, les révolutionnaires de 1830 et de 1848 s'en emparent ; jusqu'à la fin du XIXe siècle, les fêtes officielles de tous les régimes illuminent son parc. En 1806, Napoléon Ier a fait dresser une entrée triomphale, l'arc du Carrousel, et lancé à partir des Tuileries une galerie qui longe la rue de Rivoli. Achevée en 1857 sous Napoléon III, celle-ci clôt le quadrilatère Louvre-Tuileries, décor des fastes du Second Empire. En mai 1871, un incendie déclenché sous la Commune ravage les Tuileries. La restauration est possible, mais l'édifice est un encombrant symbole monarchique pour la fragile IIIe République : il est finalement détruit en 1882, à l'exception des pavillons de Flore et de Marsan. L'Orangerie des Tuileries, bâtie au sud du jardin (1853), et le Jeu de paume (1861), au nord, accueillent aujourd'hui des expositions.

Tuiles (journée des),

expression désignant l'émeute (ou « émotion populaire ») qui agita Grenoble le 7 juin 1788. Cet événement s'inscrit dans le cadre du mouvement prérévolutionnaire qui touche la France entre 1787 et 1789.

En 1787, en effet, pressé par la crise financière, Calonne, alors contrôleur général des Finances, réunit une assemblée des notables à qui il veut faire consentir des réformes importantes. Face à la résistance qu'il rencontre, il doit démissionner en mai. Il est remplacé par Loménie de Brienne, qui propose lui aussi des réformes, dissout l'assemblée récalcitrante, et engage un bras de fer avec les parlements, forteresses d'une noblesse anti-absolutiste bénéficiant d'une grande popularité. L'affrontement entre l'autorité royale et les parlementaires culmine au printemps 1788, le roi imposant, le 8 mai, l'enregistrement de six édits préparés par son garde des Sceaux, Lamoignon, qui réorganisent la justice et diluent le rôle politique et financier des parlements. Après une vive protestation, le parlement de Grenoble est contraint à l'exil. Le départ de « ces Messieurs » est prévu le 7 juin ; mais, en ce jour de marché, la foule se montre solidaire de ses parlementaires et, montée sur les toits de la ville, elle jette tuiles et pierres sur la troupe du duc de Clermont-Tonnerre venue exécuter l'ordre royal d'exil. La troupe recule : au soir, les magistrats regagnent leur palais. Ils quittent finalement Grenoble quelques jours plus tard, renonçant à défier davantage l'autorité royale. Mais l'émeute marque le début de l'ébullition politique du Dauphiné, dont l'assemblée de Vizille constitue le point d'orgue, véritable avant-propos des journées révolutionnaires de 1789.

Tunisie,

pays de l'Afrique du Nord, placé sous protectorat français de 1881 à 1956.

Province ottomane depuis le XVIe siècle, la Régence de Tunis s'est rendue quasiment indépendante de la Sublime Porte sous l'égide de la dynastie husseinide, fondée par Hussein Benali au début du XVIIIe siècle. À partir de 1864, sa situation financière devient désastreuse, en raison notamment de la corruption de ses dirigeants et des dépenses inconsidérées du bey Mohammed es-Sadok (1859/1882). En 1869, les Finances sont mises en tutelle par l'institution d'une Caisse de la dette, gérée par une commission internationale où les Français ont une situation prépondérante. Au congrès de Berlin (1878), Bismarck et les Britanniques encouragent vivement la France à intervenir dans la Régence, prolongement naturel de l'Algérie. En 1881, Jules Ferry, qui veut devancer toute initiative italienne pour s'implanter en Tunisie, décide d'y envoyer des troupes.