Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Fontanes (Louis de), (suite)

Monarchiste rallié au Consulat et personnage de premier plan sous l'Empire, ce bel esprit, poète d'Ancien Régime, entre en politique par le biais du journalisme. Après avoir dirigé, au début de la Révolution, l'éphémère journal monarchien le Modérateur et la feuille du Club monarchique, il se cache pendant la Terreur, puis collabore, sous le Directoire, à la Quotidienne, interdite en septembre 1799. Proscrit, un temps réfugié en Angleterre, où il se lie d'amitié avec Chateaubriand, il rentre en France après le coup d'État du 18 brumaire (novembre 1799). Avec l'aide de Lucien Bonaparte, il ressuscite, en juin 1800, le Mercure, dans lequel écrivent La Harpe, Chateaubriand et Louis de Bonald. Le journal, qui appelle le régime consulaire à rompre avec la Révolution, prône la renaissance religieuse et la réhabilitation de l'idée monarchique. Fontanes est alors l'amant d'Élisa, sœur de Napoléon, et se fait courtisan. Membre de l'Institut en 1803, président du Corps législatif en 1804, il est nommé grand maître de l'Université impériale en 1808, et dirige, à ce titre, l'Instruction publique. Cependant, peu dévoué à l'Empereur, il réorganise l'enseignement dans un sens conservateur, introduit nombre d'opposants - royalistes et prêtres - à l'Université et place l'enseignement primaire - laissé-pour-compte de l'Empire - sous le contrôle de l'Église. Sénateur en 1810, il vote la déchéance de Napoléon en 1814 et se rallie à Louis XVIII, qui le fait pair de France mais l'écarte de l'Université en 1815. Au début de la Restauration, ce modéré soutient Élie Decazes, mais se rapproche des ultras peu avant sa mort.

Fontenelle (Bernard Le Bovier de),

philosophe et homme de lettres (Rouen 1657 - Paris 1757).

Fils d'un avocat au parlement de Rouen et de la sœur de Pierre et Thomas Corneille, il fait, après des études chez les jésuites, ses débuts dans le monde des lettres au Mercure galant, que dirige Thomas Corneille, en composant, sans grand succès, des œuvres mondaines et variées. De retour à Rouen entre 1682 et 1687, il se fait connaître en publiant la République des philosophes (1682) et, surtout, les Entretiens sur la pluralité des mondes (1686).

Dans le contexte de la fin du règne de Louis XIV, marquée par un durcissement religieux et la révocation de l'édit de Nantes, Fontenelle expose prudemment, mais subtilement, son relativisme et ses convictions antireligieuses. Sans être athée, il remet en cause certains dogmes chrétiens et l'importance de l'intervention divine dans la destinée humaine. C'est aussi durant cette période qu'il prend parti pour les Modernes dans la querelle qui oppose ces derniers aux Anciens, partisans d'une stricte fidélité aux auteurs classiques. En 1688, dans Digression sur les Anciens et les Modernes, Fontenelle défend l'idée d'une poésie ouverte aux changements du langage et au renouvellement de l'inspiration, et y compare la maturation de la société aux différents âges de l'homme, sources de multiples transformations.

En 1691, Fontenelle est élu à l'Académie française, ce qui, d'une certaine manière, marque la victoire des modernistes. En 1697, il est reçu à l'Académie des sciences, dont il est le secrétaire perpétuel de 1699 à 1740. Son intérêt pour les sciences s'approfondit. Il se fait le vulgarisateur des travaux de Descartes, Leibniz ou Newton. La qualité de ses synthèses influence alors les cercles mondains et l'élite sociale, où le goût des sciences se développe. Ses Éloges des académiciens (1715) sont un plaidoyer pour le rôle que doivent jouer les sciences. L'arrivée au pouvoir de son ami Philippe d'Orléans ne le détourne pas de ses activités. En matière religieuse, il ne désarme pas, exposant, dans ses Réflexions sur l'argument de M. Pascal et de M. Locke concernant la possibilité d'une vie à venir (1743), l'idée que le bonheur est possible, même si l'on admet la mortalité de l'âme. Contemporaine du Grand Siècle et de la première génération des Lumières, l'œuvre de Fontenelle est souvent considérée comme transitoire et n'a pas rencontré de réelle reconnaissance.

Fontenoy (bataille de),

victoire remportée par les Français, le 11 mai 1745, durant la guerre de la Succession d'Autriche, près du village de Fontenoy, dans l'actuelle province belge du Hainaut.

Alors qu'elles assiégeaient Tournai, les troupes françaises, commandées par le maréchal de Saxe et par Louis XV en personne, sont menacées par l'armée des coalisés (composée d'Anglais, de Hollandais, de Hanovriens et d'Autrichiens), conduite par le duc de Cumberland. Après un duel d'artillerie, les belligérants se retrouvent face à face dans un champ clos de 2 kilomètres carrés. C'est alors que lord Hay, criant au comte d'Auteroche, lieutenant des grenadiers, « Monsieur, faites tirer vos gens ! », se serait entendu répondre : « Messieurs les Anglais, nous ne tirons jamais les premiers. »

De cette réplique, souvent mal comprise, vient l'expression de « guerre en dentelles ». Pourtant, il ne s'agissait nullement d'un échange de politesses mais d'une stratégie élémentaire : les fusils étant très longs à recharger, les lignes qui tiraient les premières se trouvaient sans protection face aux adversaires pendant plusieurs minutes. Finalement, on ne sait pas, au juste, qui a ouvert le feu.

Les coalisés prennent rapidement l'avantage. Alors que tout semble perdu, Maurice de Saxe lance une contre-offensive massive, mêlant artillerie, infanterie et cavalerie, qui paralyse les ennemis et les met en fuite. Ce retournement de situation permet aux troupes de Louis XV d'envahir les Pays-Bas autrichiens puis les Provinces-Unies.

Survenue après une série de défaites, cette victoire flatteuse, remportée par un roi valeureux, sera célébrée comme l'un des grands moments de l'histoire nationale.

Fontevraud (abbaye de),

abbaye située près de Saumur qui, dès sa création en 1101, s'affirme comme le lieu d'une expérience originale, tout en se rapprochant rapidement du régime bénédictin.

Robert d'Arbrissel, son fondateur, choisit en effet d'instaurer un monastère double accueillant à la fois des hommes et des femmes. La communauté se répartit en cinq ensembles : le Grand Cloître, ou Grand Moutier, avec l'église Notre-Dame, abrite les moniales ; les frères (prêtres ou laïcs) se regroupent à Saint-Jean-de-l'Habit ; Sainte-Marie-Madeleine est destinée aux repenties ; Saint-Lazare, aux lépreux ; et Saint-Benoît, aux malades.