Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Vermandois (maison de) (suite)

L'essor de la maison de Vermandois a été soutenu par le développement économique très précoce de la Picardie et, si la principauté qu'elle a fondée s'est révélée éphémère, c'est sans doute en raison de son implantation même, en plein cœur des domaines carolingiens. C'est cette présence royale, tant carolingienne que capétienne, qui a finalement rendu impossible l'épanouissement durable d'une principauté territoriale.

Vermandois (Herbert II, comte de),

fils et successeur d'Herbert Ier (vers 900 - 943).

Profitant de la faiblesse du roi Charles le Simple et de la désintégration des pouvoirs, Herbert II construit une vaste principauté qui, au nord et au nord-est de Paris, fait pendant à celle d'Hugues le Grand en Neustrie.

Comte de Château-Thierry et de Châtillon, Herbert II est maître des anciennes possessions de la famille austrasienne des Thierry. Comte de Vermandois, il est abbé laïc de Saint-Quentin. Il possède également le comté de Meaux et le comté de Soissons, riches en biens d'Église très convoités pour leurs revenus. Mais Charles le Simple s'oppose à cette puissance grandissante. Herbert II soutient alors Raoul de Bourgogne, élu roi en 923, puis il fait prisonnier Charles le Simple, qu'il tient enfermé à Péronne. Il dispose ainsi d'un moyen de pression sur Raoul. En 925, avec l'accord de ce dernier, il s'empare du riche temporel de l'église de Reims en faisant élire comme archevêque son fils Hugues, âgé de 5 ans. Herbert II cherche ensuite à obtenir Laon, autre riche temporel qu'il possède un moment entre 929 et 932. Mais il menace alors les intérêts neustriens d'Hugues le Grand et du roi Raoul. En 932, son fils est expulsé de l'église de Reims pour faire place à l'archevêque Artaud, proche des Robertiens. L'année suivante, Herbert II perd Laon, puis se voit contraint de faire la paix avec Raoul. Candidat sérieux à la succession de Raoul en 936, il est écarté en faveur du Carolingien Louis IV d'Outremer, manipulé par Hugues le Grand.

Si le fondateur de la première puissance champenoise a échoué dans son ambition royale, il incarne l'un des principaux pouvoirs comtaux du Xe siècle, capable de tenir tête aussi bien aux Carolingiens qu'aux Robertiens, deux familles auxquelles il est lié. Mais, à sa mort, le vaste territoire sur lequel s'étend sa domination est partagé entre ses fils, au moment où le pouvoir comtal se disloque.

Versailles (château de).

Longtemps les rois de France s'étaient déplacés de château en château, même si le palais du Louvre, avec les Tuileries, était la résidence royale par excellence.

Du pavillon de chasse que son père avait fait construire au milieu de forêts giboyeuses, Louis XIV fit un palais luxueux, un lieu où il put inscrire sa gloire, fixer la cour à partir de 1682, et concentrer le pouvoir. Chantier permanent jusqu'à la fin du règne, œuvre de Le Nôtre, Le Vau, Le Brun, Orbay, Hardouin-Mansart et de multiples artistes, ingénieurs et autres fontainiers, Versailles est l'un des principaux legs du Grand Siècle, peu modifié - simplement adapté - par Louis XV et Louis XVI, qui l'habitèrent sans en faire, comme leur aïeul, le centre du goût, des modes et de l'esprit de temps.

Un ancien relais de chasse aménagé pour les plaisirs royaux

Louis XIII chassait dans cette forêt proche de Paris et de Saint-Germain, et y avait fait construire, en 1623-1624 par Nicolas Huau, un petit château qui fut remanié par Philibert Le Roy de 1631 à 1634. C'était une construction en brique, pierre et ardoise, où un corps de logis et deux ailes en retour délimitaient une cour carrée, avec quatre pavillons aux angles extrêmes. Un fossé enserrait l'ensemble et, au-delà, deux bâtiments parallèles étaient réservés aux communs. Dans ce château de taille modeste, le roi ne recevait ni sa famille ni la cour. C'est là pourtant qu'il fit venir Richelieu lors du « grand orage » de 1630 (journée des Dupes) pour le confirmer dans sa mission de Premier ministre. Par son style, ce « petit château de cartes » (Saint-Simon) était déjà démodé.

Pourtant, Louis XIV chargea Le Vau d'agrandir et de transformer cette demeure, mais ces modifications furent encore modestes : un balcon de ferronnerie dorée, des bustes sur consoles pour la cour, quelques pièces décorées par Charles Errard et Noël Coypel. C'est surtout l'extension des jardins qui fut au centre du projet, et Le Nôtre commença à y travailler dès 1661-1663 : ce fut d'emblée une vaste entreprise d'un coût vite exorbitant, à tel point qu'il effrayait Colbert, devenu surintendant des Bâtiments en 1664. Il fallut aménager le site, qui était marécageux, et acheter des terrains. Des parterres - verdure au nord et fleurs au midi - furent créés, des perspectives dessinées, tracées pour n'avoir plus de limites à l'ouest. Le roi fit construire par Le Vau une ménagerie dans le parc (1663-1665) : un bâtiment central, de forme octogonale, était surmonté d'un dôme. Le rez-de-chaussée était constitué d'une grotte en rocailles ; au-dessus, un salon s'ouvrait par des portes-fenêtres sur sept cours, qui accueillaient les oiseaux, et bientôt des animaux plus exotiques, offerts à Louis XIV par des souverains étrangers. Une orangerie fut édifiée au midi, et la grotte de Thétis fut aussi construite en 1665-1666, au flanc du château. Le Grand Canal, dont la création fut décidée en 1667, commença à être creusé en 1668.

C'est dans ce cadre du premier Versailles des jardins que Louis XIV abrita ses amours avec Mlle de La Vallière et qu'il donna de belles fêtes. En 1664, les « Plaisirs de l'île enchantée » furent une semaine entière de divertissements, Lully ayant en charge la musique et Molière les représentations théâtrales. Il y eut également des ballets, des feux d'artifice, des décors actionnés par des machines, des collations et des soupers... En 1668, le « Grand Divertissement royal » devait célébrer la paix d'Aix-la-Chapelle, mais aussi les amours du roi et de Mme de Montespan. À l'occasion de ces fêtes, le logis apparut comme étroit et peu commode : Louis XIV décida de lui donner plus d'ampleur.

Deuxième étape de transformations