Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

AYKROYD (Daniel Edward, dit Dan)

acteur américain d'origine canadienne (1953 Ottawa).

L'un des plus brillants représentants de toute une génération de comédiens éclos dans le sérail télévisuel du Saturday Night Live, Dan Aykroyd y créa, avec son complice John Belushi, les personnages récurrents des Blues Brothers. Leur popularité était telle qu'on décida de leur consacrer un film entier (The Blues Brothers, J. Landis, 1980) : Aykroyd en fut naturellement l'interprète et le co-scénariste, avec le succès que l'on sait. Auparavant, il avait déjà tourné quelques films moins marquants, dont une participation à 1941 (S. Spielberg, 1979). Depuis, il a beaucoup tourné dans des comédies au trait large qui n'ont pas laissé de traces durables : S.O.S. Fantômes (I. Reitman, 1984) et sa suite (1989) ou encore Dragnet (Tom Mankiewicz, 1985) ne représentent que le haut du panier. Il tourne deux films par an en moyenne. Il se gaspille car Un fauteuil pour deux (J. Landis, 1983) lui a donné l'occasion d'une création comique beaucoup plus fine et Miss Daisy et son chauffeur (B. Beresford, 1989) a prouvé qu'il pouvait jouer dans un registre plus grave. On en trouve une confirmation tardive dans Chez les heureux du monde (T. Davies, 2000) où Aykroyd est un potentat new-yorkais vulgaire et cynique. Un rôle discret mais bien ciselé qui laisse une marque plus profonde que la morne tentative de renouveler le succès d'antan avec Blues Brothers 2000 (J. Landis, 1999). Au cours des années 90 où il tourna peu, il incarna également Mack Sennett dans Chaplin (R. Attenborough, 1993).

AYMÉ (Marcel)

écrivain et scénariste français (Joigny 1902 - Paris 1967).

Auteur pour qui l'imaginaire prend son vol à partir du réalisme le plus terre à terre, il fait ses débuts en 1933 en écrivant les dialogues de son roman la Rue sans nom (P. Chenal). Le même cinéaste lui confie encore ceux de Crime et Châtiment (1935) et des Mutinés de l'Elseneur (1936). Par la suite, il va dialoguer des adaptations (le Voyageur de la Toussaint, L. Daquin, 1943), travailler sur des sujets originaux (Papa, Maman, la Bonne et Moi, J.-P. Le Chanois, 1955) ou fournir la caution de ses propres œuvres : la Belle Image (C. Heymann, 1951), le Passe-Muraille (J. Boyer, id.), la Table aux crevés (H. Verneuil, 1952), le Chemin des écoliers (M. Boisrond, 1959), la Jument verte (C. Autant-Lara, id.), sans qu'aucun de ces films retrouve le ton si particulier des récits. Seuls Autant-Lara, Aurenche et Bost le restituent grâce à l'amertume de la Traversée de Paris (1956).

AYOUCH (Nabil)

cinéaste marocain (Paris 1969).

Après des débuts en tant que directeur de production dans les films publicitaires dès 1989, il devient réalisateur en 1992 et tourne près d'une cinquantaine de spots pour le Maroc, l'Afrique noire et les départements d'outre-mer. En 1993, il réalise son premier court métrage, Hertzienne Connection, puis un deuxième en 1997, Vendeur de silence. La même année, il tourne son premier long métrage, Mektoub, histoire d'un jeune médecin casablancais qui, de passage à Tanger, voit sa femme être enlevée par des ravisseurs mystérieux. Avec Ali Zaoua (Lm, 2000), allant avec grande sensibilité à la rencontre des gamins des rues de Casablanca, Nabil Ayouch s'affirme comme l'un des plus prometteurs des nouveaux cinéastes marocains de la fin du XXe siècle.

AYRES (Agnès Hinkle, dite Agnès)

actrice américaine (Carbondale, Ill., 1896 - Los Angeles, Ca., 1940).

Après des courts métrages comiques à la Essanay, Agnès Ayres connut la célébrité en 1921 quand, dans le Cheikh (The Sheik, de George Melford), elle éveillait la concupiscence de Rudolph Valentino. Sa collaboration la plus suivie fut celle avec Cecil B. De Mille, qui la dirigea très souvent : The Affairs of Anatol (1921), les Dix Commandements (1923), entre autres. En 1926, elle reprit son rôle auprès de Valentino dans le Fils du cheikh (G. Fitzmaurice), mais sa carrière finit avec le muet. Elle tenta un retour en 1937 dans Âmes à la mer (H. Hathaway), mais mourut quelques années plus tard d'une hémorragie cérébrale.

AYRES (Lew)

acteur américain (Minneapolis, Minn., 1908 - Los Angeles, Ca., 1996).

Il débute à l'écran en 1928 (il est le partenaire de Greta Garbo dans le Baiser de Jacques Feyder), mais doit sa célébrité à un seul film : À l'ouest rien de nouveau (L. Milestone, 1930), où il incarne un soldat pacifiste. Cantonné ensuite dans des rôles secondaires (à l'exception de Vacances de G. Cukor en 1938) ou des serials (Dr. Kildare), il reste populaire jusqu'en 1941 ; se déclarant objecteur de conscience, il refuse, quand la guerre mondiale éclate, de porter l'uniforme et se voit boycotté par les studios. Néanmoins, s'étant engagé dans un service médical, il se distingue sous le feu et retrouve dès 1946 le chemin de l'écran. Il n'y tiendra cependant plus que des emplois épisodiques (Johnny Belinda, J. Negulesco, 1948 ; Tempête à Washington, O. Preminger, 1962). En 1976, il produit, photographie et dirige un documentaire de 150 minutes, Altars of the World, où se reflète sa conception mystique de la non-violence et qui fait suite à Altars of the East, documentaire en cinq parties tourné en 1955 d'après son propre livre. Divorcé de Lola Lane, il avait été de 1934 à 1941 l'époux de Ginger Rogers.

AZCONA (Rafael)

scénariste espagnol (Logroño 1926).

Caricaturiste et romancier, son travail pour l'écran commence auprès de Marco Ferreri (El pisito, 1958), un des réalisateurs auxquels il reste attaché (El cochecito, 1960 ; le Lit conjugal, 1963 ; le Mari de la femme à barbe, 1964 ; la Grande Bouffe, 1973 ; Y'a bon les blancs, 1988). Il est le collaborateur régulier de Luis G. Berlanga, depuis Plácido (1961) jusqu'à la Vaquilla (1985), et de Carlos Saura, entre Peppermint frappé (1967) et la Cousine Angélique (1973), exception faite de Stress es tres, tres (1968). Désabusé, un peu misogyne, voire misanthrope, c'est par un humour caustique et parfois noir qu'il se fait reconnaître au départ, dans ses collaborations avec Ferreri et Berlanga. Il fait montre avec Saura d'un registre plus nuancé et, surtout, du savoir-faire nécessaire à la structuration de scénarios plus complexes. Il travaille aussi à d'autres films italiens : Il mafioso (A. Lattuada, 1962). Il est l'auteur de La corte de Faraón (J. L. García Sanchez, 1985), de l'Année des lumières (El año de las luces, Fernando Trueba, 1986), du Vol de la colombe (El Vuelo de la paloma, J. L. García Sanchez, 1989), de ¡ Ay Carmela ! (Saura, 1990), de Belle Époque (F. Trueba, 1992), de Tirano Banderas (J.L. García Sánchez, 1993), de La Celestina (Gerardo Vera, 1996), de La niña de tus ojos (F. Trueba, 1998) et de la Langue des papillons (La lengua de las mariposas, José Luis Cuerda, 1999).