Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MIROIR FROID.

Miroir, pour appareil de projection, ayant reçu un traitement de surface diminuant le rayonnement infrarouge renvoyé vers le film. ( PROJECTION.)

MIRREN (Llyena Mirnoff, dite Helen)

actrice britannique (Leigh-on-Sea 1945).

Depuis qu'elle est apparue, fruit vert tentant le plus que mûr James Mason dans Age of Consent (M. Powell, 1969), il est évident que Helen Mirren possède un tempérament d'actrice saisissant et une beauté sensuelle hors norme. Elle a donc facilement trouvé des emplois dans des films qui faisaient appel à ces deux caractéristiques, sans forcément toujours lui rendre honneur, comme le Messie sauvage (K. Russell, 1972) ou Caligula (T. Brass-Bob Guccione, 1979). Fort heureusement, John Boorman fit d'elle la mémorable Morgane de son Excalibur (1981). Depuis, elle a véritablement trouvé sa consécration de grande comédienne dans des rôles de femme mûre qu'elle interprète avec un mélange d'autorité et de vulnérabilité : adultère dans l'Irlande déchirée (Cal, P. O'Connor, 1984), directrice de ballets russes liée par la politique (Soleil de nuit, Taylor Hackford, 1985), épouse et mère dépassée par un mari qui sombre dans la folie (Mosquito Coast, P. Weir, 1986) ou adultère paradoxale, prisonnière d'un restaurant symbolique (le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, P. Greenway, 1989). Elle est excellente en femme-flic dans l'ambitieuse série télévisée Prime Suspect. Elle a obtenu deux fois le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes : en 1984 pour Cal et en 1995 pour la Folie du roi George (The Madness of King George, Nicholas Hytner), où elle interprète la reine Charlotte.

MISE EN SCÈNE.

Syn. de réalisation.

MISHIMA (Hiraoka Kimitake, dit Yukio)

écrivain, cinéaste et acteur japonais (Tokyo 1925 - id. 1970).

D'abord romancier, poète et dramaturge, Mishima s'intéresse de près au cinéma, en tant qu'acteur, réalisateur ou encore vis-à-vis des nombreuses adaptations de ses œuvres à l'écran (ses deux préférées étant respectivement ‘ le Brasier ’ d'Ichikawa, 1958, d'après le Pavillon d'or, et ‘ Soif d'amour ’ [Ai no kawaki, Kurahara, 1967]). Retenons encore le Tumulte des flots (Shiosai, Taniguchi, 1954), et ‘ le Sabre ’ (Ken, Misumi, 1964). Il a fait plusieurs apparitions à l'écran, d'abord furtives, ‘ la Nuit d'un blanc pur ’ (Junpaku no yoru, Hideo Ooba, 1951), puis plus importantes : ‘ le Gars des vents froids ’ (Karakazze yaro, 1960, dont il fut coscénariste et pour lequel il choisit Masumura pour la mise en scène), ‘ le Lézard noir ’ (Kurotokage, Fukasaku, 1968), et Hitokiri Tenchu (Hideo Gosha, 1969). Mishima réalisa en outre lui-même un court métrage en 1965, Patriotisme / Rites d'amour et de mort (Yukoku), où il se mettait en scène dans le rôle d'un officier loyaliste commettant le hara-kiri après le coup d'État manqué de 1936 : ce film, d'une beauté abstraite, peut être considéré comme une prémonition de son propre suicide en 1970 dans des circonstances lamentablement tragiques. Sa vie inspirera un film au cinéaste américain Paul Schrader, en 1985.

MISRAKI (Paul Misrachi, dit Paul)

compositeur français (Constantinople, Turquie, 1908 - Paris, France, 1998).

Il débute à 21 ans, « collégien » dans l'orchestre de Ray Ventura, puis, parolier de chansons, il connaît un vif succès (on lui doit le célèbre Tout va très bien madame la Marquise). Il écrit d'abord essentiellement des mélodies, notamment pour Tourbillons de Paris (H. Diamand-Berger, 1939), Battement de cœur (H. Decoin, 1940), puis compose la musique de près de 70 films, dont : Manon (H.-G. Clouzot, 1949) ; Et Dieu créa la femme (R. Vadim, 1956) ; Maigret tend un piège (J. Delannoy, 1958) ; Montparnasse 19 (J. Becker, id.) ; les Cousins (1959) ; À double tour (id.) et les Bonnes femmes (1960) de Claude Chabrol ; Alphaville (J. -L. Godard, 1965) ; Un meurtre est un meurtre (É. Périer, 1972, et Un si joli village (id., 1979). Il a également travaillé à Hollywood en 1954 (Mr. Arkadin, O. Welles).

MISTER MAGOO.

Premier personnage créé par le studio UPA, Mr. Magoo marque une rupture radicale avec les animaux familiers du cartoon classique. C'est John Hubley qui crée en 1949 dans Ragtime Bear ce myope ronchonneur (doublé par Jim Backus) qui traverse les pires périls avec l'assurance têtue de l'inconscience. Mr. Magoo sera la vedette de quelque 50 films, réalisés le plus souvent par Pete Burness, et d'un long métrage : Aladin et la lampe merveilleuse (S. Bosustow et J. Kinney, 1959). Après le fiasco d'UPA la même année, il se survit dans d'innombrables épisodes télévisés qui, hélas, n'ajoutent rien à sa gloire.

MISTINGUETT (Jeanne Bourgeois, dite)

actrice française (Paris 1872 - id. 1956).

De 1908, année où elle apparaît dans l'Empreinte de Le Bargy, à 1917 qui la voit disparaître de l'écran pendant une longue période après avoir tourné un Mistinguett détective (A. Hugon et L. Paglieri) en quatre épisodes, elle essaye avec une persévérance mal récompensée de s'affirmer au cinéma, alors même que son excentricité et sa gouaille font les beaux jours du théâtre et du music-hall. Des films comme les Misérables (A. Capellani, 1912) où elle joue le rôle d'Éponine révèlent pourtant des qualités d'émotion et une certaine assurance. Mais les petits films qu'elle tourne ne semblent guère la satisfaire pas plus que d'être le faire-valoir de Prince-Rigadin (le Clown et le Pacha, G. Monca, 1911). En 1915, elle est l'interprète en Italie de Chignon d'or (L. Paglieri) et de la Double Blessure (La doppia ferita, A. Genina). Dès la fin de la Première Guerre mondiale, elle organise sa vie en fonction du music-hall où elle régnera sans conteste jusqu'à sa mort. C'est presque par hasard, pourrait-on dire, qu'elle joue les comparses dans la Glu (A. Capellani, 1913) et dans un intermède de l'Île d'amour (J. Durand, 1928). Christian-Jaque l'impose comme vedette dans Rigolboche en 1936 mais cette expérience n'aura pas de suite.

MISTRAL (Modesto Llosas Rosell, dit Jorge)

acteur espagnol (Aldaya, Valence, 1920 - Mexico, Mexique, 1972).

Il débute dans Angela es así (Ramón Quadreny, 1945) et obtient une large consécration populaire avec Locura de amor (J. de Orduña, 1948) et Currito de la Cruz (L. Lucia, id.). Il commence alors à partager son temps entre les studios espagnols, mexicains et argentins, sans se départir d'une robuste image de dur séducteur. Parmi ses autres interprétations, on compte la Belle Andalouse (L. Lucia, 1952), les Hauts de Hurlevent (L. Bũnuel, 1953), la Vengeance (J. A. Bardem, 1957), les Hors-la-loi de Casa Grande (Gunfighters of the Casa Grande, R. Rowland, 1964).