Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KINGSLEY (Krishna Bahji dit Ben)

acteur britannique (Smaiton, Yorkshire, 1943).

D'origine anglo-indienne, il débute dans une troupe d'amateurs de Manchester. Il tient son premier rôle professionnel à Londres en 1966 et entre à la Royal Shakespeare Company, où il interprétera la plupart des classiques du répertoire élisabéthain. La fresque historique de Richard Attenborough Gandhi (1982) révèle chez lui un sens de la composition et des dons mimétiques exceptionnels, une aptitude rare à assimiler les traits physiques d'un personnage et à en restituer la lente évolution au fil d'une vie. Cette virtuosité, ce goût de la transformation digne d'un Alec Guinness transparaissent aussi dans Harem (Arthur Joffé, 1985), Maurice (J. Ivory, 1987), l'Île de Pascali (Pascali Island, James Dearden, 1988) et, à la télévision, dans ses interprétations scrupuleuses de Lénine, Chostakovitch et Simon Wiesenthal. C'est dans le même registre qu'il excelle, comptable juif auréolé de sainteté dans la Liste de Schindler (S. Spielberg, 1993) ou possible tortionnaire sud-américain dans la Jeune Fille et la mort (R. Polanski, 1995). Il est à la fois drôle et inquiétant en gangster sans appel dans Sexy Beast (id., Jonathan Glazer, 2000).

Autres Films :

Trahisons conjugales (Betrayal, David Jones, 1982) ; Turtle Diary (John Irvin, 1984) ; Testimony (Tony Palmer, 1987) ; Maurice (J. Ivory, id.) ; Élémentaire, mon cher... lock Holmes (Without a clue, Thom Eberhardt, 1988) ; Una vita scellerata (Giacomo Battiato, 1990) ; The Children (T. Palmer, id.) ; Bugsy (B. Levinson, 1991) ; Species (Roger Donaldson, 1995) ; la Nuit des Rois (Twelfth Night, Trevor Nunn, 1996).

KINO.

Abréviation fam. (vieillie) de cinéma.

KINOSHITA (Keisuke)

cinéaste japonais (Hamamatsu 1912 - Tokyo 1998).

Après avoir étudié la photographie, il entre à la Cie Shochiku en 1933, d'abord comme assistant cameraman, puis comme assistant réalisateur, notamment de Yasujiro Shimazu. Il écrit ensuite des scénarios de mélodrames familiaux et travaille avec Kozaburo Yoshimura, tout en voyant de nombreux films étrangers : l'influence de René Clair, par exemple, sera déterminante sur son œuvre. Il dirige son premier film en pleine guerre, ‘ le Port en fleurs ’ (Hanasaku minato, 1943), comédie satirique s'attaquant à la mentalité « nouveau-riche » de l'époque, et qui lui vaudra le prix des Jeunes Cinéastes, ex aequo avec Kurosawa, qui débute la même année à la Toho. Après des contributions forcées au « cinéma national » (‘ l'Armée ’ [Rikugun, 1944] et ‘ la Rue de la jubilation ’ [Kanko no machi], id.), il commence, dès la fin de la guerre, une série de films comiques et de satires ayant trait au nouveau mode de vie des Japonais : ‘ Bravo, mademoiselle ’/‘ À votre santé mademoiselle ’ (Ojosan kampai, 1949), comédie à l'américaine d'un style très neuf. Mais c'est avec ‘ le Retour de Carmen ’ (Karumen kokyo ni kaeru, 1951), premier film en couleurs (Fuji) japonais, qu'il s'impose vraiment : satire du « nouveau Japon » à travers les aventures de deux strip-teaseuses retournant à leur village (Hideko Takamine et Toshiko Kobayashi). Il sera suivi de ‘ Un amour pur de Carmen ’ (Karumen junjo-su, 1952), comédie délirante et hommage conscient à René Clair. C'est pourtant par ses films dramatiques, ou mélodramatiques, que Kinoshita se fera connaître en Occident, dans un style pudique et sentimental assez caractéristique des studios Ofuna de la Shochiku : ‘ le Matin de la famille Osone ’ (Osone-he no asa, 1946), la Tragédie du Japon (Nihon no higeki, 1953), chronique semi-documentaire des dures années d'après-guerre, le Jardin des femmes/Génération éternelle (Onna no sono, 1954) et surtout Vingt-Quatre Prunelles (Nijushi no hitomi, 1954), décrivant les relations entre une institutrice et ses élèves sur une petite île pendant plusieurs années, avec Hideko Takamine, et Elle était comme une fleur des champs (Nogiku no gotoki kimi nariki, 1955), souvenirs des amours bucoliques d'un vieillard incarné par Chishu Ryu. Longtemps Kinoshita restera fidèle à un style de cinéma simple et pudique, à la limite de la sensiblerie, et fortement empreint d'humanisme : retenons, entre vingt films, ‘ Jours de joie et de tristesse ’/‘ le Phare ’ (Yorokobi mo kanashimi mo ikutoshitsuki, 1957), décrivant la vie d'une famille de gardiens de phare, et peut-être son film le plus émouvant, la Ballade de Narayama (Narayama bushiko, 1958), adapté d'un roman de Shichiro Fukazawa décrivant la dure survie des paysans dans une technique stylisée inspirée de kabuki, de même que ‘ la Rivière Fuefuki ’, (Fuefuki gawa, 1960). ‘ Un amour éternel ’ (Eien no hito, 1961), chronique de la vie d'une femme étalée sur trente ans, fait culminer ce style et ces recherches plastiques ; mais déjà ‘ le Parfum de l'encens ’ (Koge, 1964), traitant des hauts et bas de la vie de trois générations de geishas, accuse une tendance à l'académisme et au sentimentalisme propres à la Shochiku, et aggravés par le début de la décadence générale du cinéma japonais. Ayant quitté la Shochiku en 1965, Kinoshita ne réalisera plus que des mélodrames très inférieurs à ses œuvres précédentes : ‘ Nostalgie des flûtes et des tambours ’ (Natsukashiki fue ya taiko, 1967) ou encore ‘ Amour et rupture au Sri-Lanka ’ (Surilanka no ai to wakare, 1976). Après une longue période à la télévision, il revient au cinéma en 1979 avec ‘ Crime par impulsion : c'est le fils ! ’ (Shodo satsujin : musuko yo !) et les Enfants de Nagasaki (Kono ko o nokoshite, 1983).

KINSKI (Nikolaus Günther Nakszynski, dit Klaus)

acteur allemand, d'origine polonaise (Zappot, territoire de Dantzig [auj. Sopot, Pologne], 1926 - Lagunitas, Ca., 1991).

Acteur de théâtre au lendemain de la guerre, il trouve rarement des rôles au cinéma avant 1960, malgré quelques bonnes prestations en 1954-55 : entre autres Louis II de Bavière (H. Käutner) ou Sarajevo (Fritz Körtner). Il figure régulièrement dans la série d'adaptations de romans d'Edgar Wallace, sous la direction de Karl Anton, Alfred Vohrer, F. J. Gottlieb et quelques autres (1960-1964). À partir de 1965, il apparaît dans de nombreux westerns italiens et devient un des acteurs les plus originaux du genre (El Chuncho, D. Damiani, 1967 ; le Grand Silence, S. Corbucci, 1968 ; Black Killer, Carlo Croccolo, 1971). Ses apparitions déclenchent déjà la ferveur et quelques-uns n'hésitent pas à déceler des traces de génie dans son jeu. Il tourne beaucoup, et n'importe quoi, guerre, épouvante, thriller, érotisme... et parvient à sauver quelques séquences grâce à ses interprétations torturées, son cabotinage flamboyant, son adhésion aux personnages de tueurs, déments, sadiques, paranoïaques qu'on lui demande systématiquement d'incarner. Dans Aguirre, la colère de Dieu (1972), il trouve un équilibre étonnant entre ses tendances personnelles et l'univers du cinéaste Werner Herzog. Avec ce film et L'important c'est d'aimer (A. Żulawski, 1975), il obtient une large consécration, qui lui permet d'abandonner petits budgets et films de genre. Il fait des créations saisissantes dans des œuvres telles Nuits d'or (Serge Moati, 1977), ou la Chanson de Roland (Franck Cassenti, 1978) ; et de nouveau chez Herzog : Nosferatu (1979), Woyzeck (1979), Fitzcarraldo (1982) et Cobra Verde (1987). Capable d'un jeu plus sobre (la Femme-Enfant, Raphaële Billetdoux, 1980), il reste en danger permanent de ne produire que son numéro habituel. En 1990, il réalise Paganini en s'octroyant le rôle principal.