Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ARGENTO (Dario)

cinéaste et scénariste italien (Rome 1940).

Fils du producteur Salvatore Argento, d'abord critique au Paese sera, il collabore à plusieurs scénarios, dont celui d'Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone. Il réalise son premier film en 1969 : l'Oiseau au plumage de cristal (L'uccello dallo piume di cristallo), un « thriller-spaghetti » teinté de sadisme. Suivront, dans le même style, le Chat à neuf queues (Il gatto a nove code, 1971) et Quatre Mouches de velours gris (Quattro masche di velluto grigio, id.), puis un film historique, Le cinque giornate (1973). Argento se lance ensuite dans le film d'horreur, plus ou moins parodique, avec les Frissons de l'angoisse (Profondo rosso, 1975), Suspiria (1977), Inferno (1979), Ténèbres (Tenebrae, 1983), Phenomena (1985), Opera (1987), Trauma (1993), ponctués de stridences musicales caractéristiques. Il poursuit dans cette veine avec le Syndrôme de Stendhal (La sindrome di Stendhal, 1996), le Fantôme de l'Opéra (Il fantasma dell'opera, 1998), et Nonhosonno (2000). Sa fille Asia est actrice et réalisatrice.

ARGOT.

L'argot de cinéma n'est pas d'une richesse telle qu'elle mette le profane à l'écart du discours du cinéaste. Il tend d'ailleurs à tomber en désuétude, sans doute parce que son usage pourrait être pris comme une référence à une tradition plus ou moins rejetée. On lui préfère donc les altérations d'apparence plus moderne, telles que le diminutif (projo pour projecteur, électro pour électricien, machino pour machiniste, pano pour panoramique, etc.) ou l'américanisme (dolly, clap, etc.).

On peut néanmoins citer quelques mots ou locutions clefs qui permettent de passer pour initié. (Les étymologies sont souvent évidentes, parfois incertaines, parfois cocasses.)

audi : diminutif de auditorium ( bande sonore), a permis de trancher le douloureux problème du pluriel.

bada (porter le) : assumer la responsabilité d'une faute professionnelle.

barbouille : maquillage.

bécane : après avoir longtemps désigné l'enregistreur sonore, est maintenant utilisé pour la caméra.

bible : exemplaire du découpage technique appartenant au réalisateur.

bidon : tout ce qui est factice et dont seule l'apparence importe (whisky bidon, revolver bidon).

bijoute : meuble ou valise de rangement de l'accessoiriste.

boîte (c'est dans la) : indique que le plan est tourné.

bouffer (le trait) : dépasser l'horaire prévu.

cacheton : salaire quotidien d'un acteur.

caillou : objectif.

cale bastaing : petite cale débitée sur un bastaing.

cale sifflet : demi-cale bastaing, coupée en biais.

clap : claquette. ( repiquage.)

coletard : champ de la caméra.

complexe : construction en studio d'un ensemble de lieux communiquant entre eux, permettant un passage continu de la caméra.

confiture : gelée inflammable utilisée pour simuler, entretenir ou propager les feux.

crabe : comédien. On dit aussi : clown, comique.

darrack : marteau de machiniste.

docucu (péjor.) : film documentaire traditionnel.

dolly (américanisme) : chariot sur pneu équipé d'un bras de grue pneumatique pour petits mouvements verticaux. ( mouvements d'appareil.)

douceur (faire une petite) : améliorer la qualité photographique d'un gros plan de visage.

drapeau : grand coupe-flux ( éclairage) monté sur pied.

face : matériel d'éclairage placé autour de la caméra et qui éclaire donc le sujet de face.

fatal : évoque les mots interdits par superstition : corde, four, ficelle...

fausse teinte ! : annonce qu'un nuage est en train d'occulter la lumière du soleil.

feuille : 1o planche de contre-plaqué destinée à l'installation d'un plancher ; 2o châssis de bois entoilé dont l'assemblage, en studio, forme les parois du décor.

fil  : désigne les cordes et ficelles dont la superstition interdit de prononcer le nom sur un lieu de tournage.

fondu (faire un) : s'éclipser discrètement.

frimant : acteur de complément. (Le radical de ce terme est passé dans l'argot commun : frimer, frimeur.)

gamelle : tout projecteur.

glingue : clou.

grenouille : graphique actualisé quotidiennement par le directeur de production, qui rend compte de l'avancement du film : plans, cachets, pellicule...

guette-le-chèque : technicien plus préoccupé par son salaire que par son travail. C'est l'anagramme phonétique de la phrase rituelle : « Check the gate » (Vérifiez la fenêtre) prononcée à la fin de chaque plan dans une équipe américaine.

hausse-mioche : tout ce qui peut contribuer à pallier la petite taille d'un acteur ou technicien (cube...).

henri : désigne un crucifix (par analogie avec « I. N. R. I. »).

kilo : abrév. de kilowatt. Un cinq kilo est un projecteur de 5 kilowatts.

lily : charte de couleurs filmée à chaque fin de plan, qui sert de référence pour étalonner le tirage. ( étalonnage.)

lorraine : planche.

loubarde (ou loupiote) : lampe.

mamma : coupe-flux (métallique, en tulle ou en Vitrex). Du nom de son inventeur : Chemamma, chef électricien.

mimile : projecteur de un kilowatt (mille watts).

nègre : panneau noir sur lequel on écrit le texte d'un comédien à la mémoire défaillante.

parlant (un) : rôle de figuration avec texte.

péloche : pellicule.

pelure : film positif laqué employé pour les trucages par transparence ou par projection frontale. ( effets spéciaux.)

ringard (péjor.) : comédien se cantonnant dans un emploi très conventionnel.

roulante : restaurant mobile pour les tournages en extérieur.

salade : toute végétation rapportée dans un décor.

silhouette : entre l'acteur de complément et le comédien, la silhouette a un rôle muet, suffisamment important pour être choisie par le metteur en scène.

sombreros (les [...] vont voler bas) : indique, lorsqu'une faute professionnelle a été commise, que l'on va en chercher le responsable.

sorbonne : atelier de décoration d'un studio.

soulager (la lumière) : réduire la puissance de l'éclairage, en général pendant les répétitions.

volet : coupe-flux métallique.

zinc : caméra démodée ou en mauvais état.

L'argot de projectionniste est très limité. En dehors de caillou, loubarde, péloche, projo, déjà cités, on retiendra :

cul-de-bouteille (péjor.) : objectif de qualité médiocre.