Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SOUS -TITRES. (suite)

Rédaction des sous-titres.

Il faut d'abord, par analyse sur visionneuse sonore d'une copie en langue originale, découper le dialogue d'origine en autant de fragments qu'il y a de phrases . Cette opération appelée repérage permettra de déterminer la durée de chaque fragment puis le nombre de caractères que pourra comporter, au maximum, le sous-titre pour être lu (douze lettres ou espaces par seconde de projection). À partir des ces éléments, le traducteur rédige les sous-titres, quitte à ne pas tout traduire si le dialogue est trop important. Là est d'ailleurs bien la difficulté majeure de cette traduction : il faut donner l'impression de tout traduire alors que, sauf exception, l'on doit résumer. En général, un long métrage appelle la rédaction d'environ un millier de sous-titres.

Le sous-titrage chimique.

Imaginé après la Première Guerre mondiale, ce procédé a été utilisé jusque dans les années 80 pour sous-titrer les copies. Le texte des sous-titres, établi sur une ou deux lignes, était gravé sur des plaques de zinc, comme pour réaliser les clichés d'imprimerie, avec les caractères à graver en relief. La pellicule à sous-titrer était enduite d'une couche de paraffine (à chaud) qui après refroidissement recouvrait parfaitement la couche d'émulsion du film. Les clichés gravés des sous-titres étaient légèrement chauffés et frappés sur la couche de paraffine. À l'emplacement des caractères en relief, la paraffine était éliminée (par échauffement et pression) éliminant, à ces endroits la protection de la couche de gélatine du film. La pellicule était ensuite plongée dans une solution à base de chlore qui attaquait la gélatine du film là où la couche de paraffine avait disparu. La pellicule était ensuite rincée et séchée. Les sous-titres apparaissaient, en projection, en blanc, « incrustés » dans les images projetées. Ce procédé est aujourd'hui totalement abandonné en France et dans la plupart des pays d'Europe où il a été remplacé par la gravure laser.

Le sous-titrage laser.

Dans les années 1975-1980, les sociétés spécialisées dans la gravure chimique des sous-titres cherchent à remplacer ce système, compliqué à mettre en œuvre, par une gravure au laser, c'est-à-dire en brûlant la couche d'émulsion au moyen d'un très fin rayon laser.

Les progrès accomplis dans la déviation rapide et très précise du rayon par des systèmes à miroir permettent de mettre au point de tels systèmes de gravure qui ont aujourd'hui définitivement remplacé les procédés chimiques.

Outre la facilité du travail, ce procédé évite la pollution qui résultait du procédé chimique. Quelques difficultés sont apparues lors de la généralisation de l'emploi du support polyester pour le tirage des copies d'exploitation, la température de fusion du polyester étant de peu supérieure à celle de la brûlure de la gélatine.

Le sous-titrage optique.

Seul procédé applicable aux copies déjà tirées, voire déjà projetées, le procédé chimique oblige à sous-titrer les copies une à une. (En travail de série, on sous-titre environ un long métrage par jour et par machine.) Il paraît plus intéressant, quand c'est possible, de sous-titrer dès le tirage.

On superpose alors au négatif image, dans la tireuse, un « négatif titre » où les sous-titres figurent en noir sur fond transparent : sur la copie, ils viennent automatiquement en blanc. Le négatif est parfois obtenu par photographie du texte composé. On préfère souvent, pour avoir un meilleur contraste, l'obtenir par copie d'un film « voile », c'est-à-dire noir, sous-titré chimiquement.

Sous-titrage électronique.

Les sous-titres évoqués jusqu'ici figurent définitivement sur la copie, ce qui limite la diffusion de celle-ci à une aire linguistique donnée. Pour éviter cet inconvénient, on a imaginé de projeter les sous-titres à partir d'un projecteur vidéo (vidéoprojecteur) synchronisé avec l'avance du film. Les sous-titres sont enregistrés en mémoire dans un ordinateur et sont projetés en synchronisme avec les images soit à partir d'un code temporel inscrit sur le film (procédé DTS), soit à partir d'impulsions délivrées par un générateur spécial. Cette technique de sous-titrage électronique a tendance à se développer pour les festivals.

Sous-titrage vidéo.

Lors de la diffusion d'un film à la télévision, il est possible de faire apparaître les sous-titres dans l'image par voie purement électronique.

SOUSTRACTIF.

Synthèse soustractive, méthode de restitution des couleurs consistant à superposer sur le film plusieurs images colorées, chacune « soustrayant » une fraction appropriée de la lumière blanche émise par l'appareil de projection. ( COULEUR, PROCÉDÉS DE CINÉMA EN COULEURS.) Tireuse soustractive, tireuse où le réglage de la lumière de copie est obtenu en intercalant des filtres entre la lampe et la fenêtre d'exposition. ( ÉTALONNAGE.)

SOUTTER (Michel)

cinéaste suisse (Genève 1932 - id. 1991).

Comme ses compatriotes Tanner et Goretta, il a fait ses classes à la télévision suisse romande, où il réalise plusieurs dramatiques d'après des pièces d'O'Neill, Pinter, Vitrac ou directement écrites par lui. Son premier long métrage, la Lune avec les dents, date de 1966. Il sera tourné en 16 mm et en noir et blanc comme Haschisch (1968), la Pomme (1969), James ou pas (1970) et les Arpenteurs (1972). La soudaine renommée du cinéma suisse romand lui permet de tourner ses films en coproduction avec la France et dans des conditions moins artisanales (35 mm couleur). Ce seront tour à tour : l'Escapade (1974), Repérages (1977), l'Amour des femmes (1982), Adam et Ève (1983) et Signé Renart (1985). Les films de Soutter possèdent le charme ténu d'une sonate au bord du Léman. Émotions sensuelles et en demi-teintes, interrogations fugaces, pastel sous le scalpel. Tous font entendre une « petite musique » qui n'est pas sans parenté avec celle du cinéma tchèque d'avant 1968. Faite de déchirement léger, de tendresse, d'humour et d'incongruité, elle exprime sur le mode mineur le goût du bonheur et la cruauté de vivre. « J'aime la pudeur suisse de Michel Soutter, dit Jean-Louis Trintignant, qui a tourné plusieurs fois avec lui. Sa folie slave, son honnêteté et son ambiguïté. Il me fait penser à un gros chat qui observe la vie avec beaucoup de tendresse et une certaine cruauté. Son cinéma est avant tout ouvert à la vie. » ▲