Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
Y

YOUGOSLAVIE. (suite)

Les années 80 et « l'école tchèque ».

La fin des années 70 et le début des années 80 s'éloignant quelque peu du film de guerre « classique », semblent être marqués par un retour à une thématique plus large et par l'emploi d'archétypes universels empruntés aux différents genres cinématographiques : mélodrame, policier, suspense, mais aussi comédie légère ou intimiste, où le réalisme et la critique sociale sont à peine camouflés sous la fiction. De cette production, il conviendrait de citer d'abord le travail des cinéastes yougoslaves diplômés de la FAMU de Prague. Cette « école tchèque » (Kusturica*, Marković*, Karanović*, Grlić*, Paskaljević*, Zafranović) révèle, depuis plusieurs années, un certain nombre de caractères originaux, en abordant notamment la comédie de mœurs traitant de la vie quotidienne : la jeunesse d'aujourd'hui et ses problèmes existentiels dans Un gardien de plage en hiver (Čuvar plãze u zimskom periodu, Goran Paskaljević, 1976) ou dans Éducation spéciale (Specijalno vaspitanje, Goran Marković, 1977), l'amour et ses à-côtés dans les Dents de la vie (U raljama života, Rajko Grlić, 1983), dans Mi-figue, mi-raisin (Neśto izmedju, Karanović, id.), ou encore dans la Classe nationale (Nacionalna klasa, Marković, 1979). Le sujet est parfois plus sévère, mais qu'il s'agisse d'un film sur le souvenir comme dans la Couronne de Pétria (Petrijin venac, Karanović, 1980), du récit d'un amour tragique sur fond d'événements historiques comme dans On n'aime qu'une seule fois (Samo jednom se ljubi, Grlić, 1981) ou d'un pseudo-film catastrophe comme Variola vera (id., Marković, 1982), le ton reste toujours teinté d'humour et la comédie à peine dissimulée sous la trame dramatique. Parmi les autres jeunes cinéastes qui font leurs débuts au cours des années 70, il convient de faire une place à un auteur plus ou moins « marginalisé » par le système : Miloš Radivojevic* (Sans parole, 1972 ; la Panne, 1978 ; Un gaŗcon qui promet, 1981) et au plus notable des cinéastes slovènes : Matjaz Klopčić*.

L'année 1985 est à marquer d'une pierre blanche pour la production yougoslave après la consécration de Papa est en voyage d'affaires (Otac na sluzbenom putu) du jeune Emir Kusturica, lauréat de la Palme d'or au Festival de Cannes.

La guerre.

La situation politique très tendue devient explosive au début des années 90, les républiques qui composaient la Yougoslavie devenant indépendantes au prix d'un conflit qui s'étend peu à peu et prend la tournure d'une véritable guerre civile. Le démantèlement de la Bosnie-Herzégovine suit de peu la guerre serbo-croate, et Sarajevo devient une ville martyre. Dans ces conditions, le cinéma passe au second plan, même si les réalisateurs — ou du moins certains d'entre eux — poursuivent leurs activités. Petrović peut enfin — juste avant sa mort — voir son film Migrations, tourné en 1989, sortir sur les écrans. Drašković, Djordjević, Žilnik, Radivojević, Karanović, Paskaljević, Marković, Pavlović, Makavejev tournent chacun au moins un film, mais la Croatie et la nouvelle Yougoslavie (composée de la Serbie et du Monténégro) doivent sans doute trouver une solution à leurs déchirements dramatiques avant de retrouver la joie de vivre et donc le chemin du cinéma. La Palme d'or de Cannes attribuée en 1995 à Kusturica pour Underground, film hanté par le conflit en cours, est néanmoins la preuve que le cinéma dans l'ex-Yougoslavie est prêt à renaître de ses cendres si la situation politique et économique lui en laisse la possibilité, voire l'espérance.

Parmi les productions les plus notables des années 1975-1990, on peut encore retenir : Paysage avec Femme (Zena s krajolikom, Ivica Matic, [ : 1974], 1989) ; le Chien qui aimait regarder les trains (Paskaljević, 1978) ; Ainsi passent les jours (id., 1979) ; l'Odeur des fleurs des champs (Karanović, id.) ; Bravo Maestro (Grlić, id.) ; l'Occupation en 26 images (Okupacija u 26 slika, Zafranović, 1979) ; Qui chante là-bas ? (Ko to tamo peva, Slobodan Šijan, 1980) ; Au revoir, à la prochaine guerre (Pavlović, id.) ; Te souviens-tu de Dolly Bell ? (Emir Kusturica, 1981) ; le Rythme du crime (Ritam zločina, Zoran Tadić, id.) ; le Tour d'honneur des marathoniens (Maratonci Grče počasni krug, Sijan, 1982) ; Étrangleur contre étrangleur (Davitelj protiv davitelja, id., 1983) ; Chute de neige précoce à Munich (Rani snijeg u München, Bogdan Žižić, id.) ; l'Odeur du corps (Pavlović, id.) ; Balkan Express (Balkan Ekspres, Branko Baletić, id.) ; l'Espion des Balkans (Balkanski Špijun, Božidar Nikolić et Dušan Kovačević, 1984) ; la Canasta de Taiwan (Marković, 1985) ; la Vie est belle (Život je lep, Boro Drašković, id.)  ; Heureuse année 49 (Srećna nova 49, Stole Popov, 1986) ; Déjà vu (G. Marković, 1987) ; l'Ange gardien (G. Paskaljević, id.) ; Un film sans nom (S. Karanović, 1988) ; Kuduz (id., Ademir Kenović, 1989) ; le Temps des gitans (E. Kusturica, id.) ; ‘ Comment l'acier fut trempé ’ (Ž. Žilnik, id.) ; le Paradis artificiel (Umetni raj, Karpo Godina, 1990)  ; Happy New Year 1949 (Srećna nova'49, Stole Popov, id.) ; Un supplément d'âme (Ovo malo duse, Kenović, 1991).

YOUNG (Edith Mathilde Kimball, dite Clara Kimball)

actrice américaine (Benton Harbor, Mich., 1890 - Woodland Hills, Ca., 1960).

Cette brune star du muet, qui avait débuté en 1909 à la Vitagraph, était dès 1914 considérée comme une des actrices préférées du public américain. (Elle doit son apprentissage et son envol à l'acteur et cinéaste James Young qui devint son premier mari.) En 1916, elle était sa propre productrice. Peu de ses films survivent, y compris ceux que l'on dit les meilleurs, Trilby (M. Tourneur, 1915) et Eyes of Youth (Albert Parker, 1919). Les années 20 ne lui ont pas été clémentes et le parlant ne lui offrit que quelques rôles de complément. Elle se retira en 1941.

YOUNG (Frederick A. dit Freddie)

chef opérateur britannique (1902 - Londres 1998).

Plus que n'importe quel autre directeur de la photographie, il est associé aux productions entreprises à l'étranger par des cinéastes hollywoodiens. Il collabore ainsi avec certains des plus grands metteurs en scène américains : King Vidor (Salomon et la reine de Saba, 1959), George Cukor (la Croisée des destins, 1956), Vincente Minnelli (la Vie passionnée de Vincent Van Gogh, id.), Sidney Lumet (M 15 demande protection, 1967), Richard Brooks (Lord Jim, 1965), John Ford (Mogambo, 1953), Richard Thorpe (Ivanhoe, 1952, et les Chevaliers de la Table ronde, 1953). Il photographia pour David Lean Lawrence d'Arabie (1962), Docteur Jivago (1965) et la Fille de Ryan (1970), qui chacun lui valurent un Oscar.