Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DESSAU (Paul)

musicien allemand (Hambourg 1894 - Berlin 1979).

Il est déjà un compositeur et chef d'orchestre reconnu lorsque, en 1928, il apporte son concours à plusieurs films — au demeurant peu ambitieux. En 1930-1933, il collabore à la musique de films réalisés par Max Reichmann et Georg Jacoby et compose la musique de cinq films d'Arnold Fanck ou des collaborateurs de ce dernier, dont Tempête sur le mont Blanc (Stürme über dem Montblanc, 1930) et S. O. S. Eisberg (1933). Il quitte l'Allemagne pour la France, où il collabore à des films de Starevitch et à quelques films de fiction. Après un séjour aux États-Unis et une demi-douzaine de compositions pour Hollywood, il se fixe en RDA. Il écrit des ballets, des musiques de scène (en particulier pour Brecht). Et, lorsque des textes de ce dernier sont portés à l'écran, c'est lui (ou Eisler) qui est sollicité : Mère Courage (W. Staudte, 1955) ; Der kaukasische Kreidekreis (Lothar Bellag, 1973).

DE TOTH (Endre Toth, dit André)

cinéaste américain d'origine hongroise (Mako, Autriche-Hongrie, 1910).

Après ses débuts de scénariste et de metteur en scène, la guerre lui fait quitter son pays, pour l'Angleterre, où il collabore avec Korda (le Voleur de Bagdad, Tim Whelan, Michael Powell, Ludwig Berger, 1940), puis pour les États-Unis. Il va y travailler presque toujours dans le budget modeste, ce qui n'empèche pas l'ambition du propos, ainsi son deuxième film hollywoodien, None Shall Escape (1944) est un panphlet anti-fasciste d'une remarquable maturité politique. Ses meilleurs films se distinguent non seulement par un travail visuel très sobre et efficace, mais aussi par un motif thématique(l'ambiguité morale) inlassablement repris : ainsi, le malentendu de la Chasse au gang (Crime Wave, 1954) se retrouve dans la Mission du commandant Lex (Springfield Rifle, 1952) et la Trahison du capitaine Porter (Thunder over the Plains, 1953). À quoi il faut ajouter la cohérence d'un motif qui joue sur la valeur expressive des éléments : par exemple, le sinistre bayou de Dark Waters (1944) ou le voluptueux torrent de la Rivière de nos amours (The Indian Fighter, 1955), la brume inquiétante et le feu purificateur de l'Homme au masque de cire (House of Wax, 1953), la neige de la Chevauchée des bannis (Day of the Outlaw, 1959). Son sens de l'action s'affirme surtout dans des policiers (Pitfall, 1948), tandis que son goût de l'espace et du geste marque ses westerns. Il est également l'auteur de l'histoire originale de la Cible humaine, remarquable western d'Henry King (1950). De retour en Europe en 1960, il ne tournera plus que des ouvrages anonymes, peplums italiens dont il assure la supervision, sauf Enfants de salauds (Play Dirty, 1968), film de guerre très âpre sur, à nouveau, le thème de l'ambiguité morale.

DEUTSCH (Adolph)

compositeur américain d'origine britannique (Londres 1897 - Palm Desert, Ca., 1980).

Il arriva à Hollywood à la fin des années 30 et il resta d'abord attaché, comme orchestrateur, à la Warner Bros, puis à la MGM. Il a été responsable de quelques partitions délicates assez réussies : Thé et Sympathie (V. Minnelli, 1956). Mais ses véritables réussites furent dans les orchestrations de comédies musicales vives et riches comme celle des Sept Femmes de Barberousse (S. Donen, 1954).

DEUTSCHMEISTER (Heinrich-Fritz, dit Henry)

producteur français (Břaila, Roumanie, 1902 - Paris 1969).

Patron de la Franco London Films, qui fut surtout après la guerre l'une des plus importantes maisons de production de France, animateur actif de syndicats professionnels, il a été l'incarnation du producteur soucieux de classicisme et de sécurité. Il a fait travailler des cinéastes français parmi les plus renommés : entre autres, René Clair (la Beauté du diable, 1950 ; les Belles de nuit, 1952) ; René Clément (le Château de verre, 1950) ; Max Ophuls (Madame de, 1953) ; Claude Autant-Lara (le Blé en herbe, 1954 ; le Rouge et le Noir, 1954 ; la Traversée de Paris, 1956) ; Jean Renoir (French Cancan, 1954 ; Élena et les hommes, 1956) ; Jacques Becker (Montparnasse 19, 1958).

DEVAIVRE (Jean)

cinéaste français (Boulogne-sur-Seine 1912).

Décorateur puis assistant de Colombier, Tourneur et Billon, il tourne un premier film sans prétention, le Roi des resquilleurs (1945, avec Rellys et Jean Tissier), suivi d'un film policier, la Dame d'onze heures (1947), et d'une œuvre plus ambitieuse, la Ferme des sept péchés (1948), dont le titre dissimule une sorte d'enquête sur Paul-Louis Courier, journaliste républicain assassiné en 1825. Il réalise au Canada l'Inconnu de Montréal (ou Son copain, 1951) puis, en France, quelques films anodins, dont deux dans la série des Caroline chérie (Un caprice de Caroline chérie, 1952 ; le Fils de Caroline chérie, 1954).

DEVAL (Marguerite)

actrice française (Strasbourg 1868 - Paris 1955).

Petite, boulotte et pépiante, venue tard au cinéma après avoir été une vedette aimée du Boulevard, elle anime avec un brio inlassable des personnages stéréotypés. Aux mondaines jacassantes, aux vieilles toquées, aux entremetteuses et aux châtelaines effervescentes, elle dispense ses gestes de poupée et ses mimiques précieuses, toujours originale et cocasse : Bichon (Fernand Rivers, 1936) ; Gueule d'amour (J. Grémillon, 1937) ; Prisons de femmes (R. Richebé, 1938) ; Ils étaient neuf célibataires (S. Guitry, 1939) ; Marie-Martine (A. Valentin, 1943) ; le Voyageur sans bagage (J. Anouilh, 1944).

DÉVELOPPEMENT.

Opération de laboratoire au cours de laquelle, grâce au révélateur, l'image latente est transformée en image visible. Par extension, ensemble des opérations de laboratoire (développement proprement dit, fixage, lavage, séchage) liées au développement. Développement chromogène, développement conduisant à une image en couleurs. Développement poussé, développement avec séjour prolongé dans le révélateur, ce qui produit une augmentation de la rapidité apparente du film. ( COUCHE SENSIBLE, RAPIDITÉ, LABORATOIRE, GRANULATION, POUVOIR SÉPARATEUR.)

DE VERE (Alison)

cinéaste anglaise (Khanspoor 1927 - Londres 2001).

Originaire du Pakistan, Alison de Vere était londonienne depuis 1930. Après des études de peinture à la Royal Academy School (Londres), elle débute en 1950 comme gouacheuse, sur la Bergère et le Ramoneur, de Paul Grimault. Elle poursuit, jusqu'en 1956, dans le studio Halas & Batchelor, où elle devient réalisatrice. En 1967, elle supervise les décors de Yellow Submarine de George Dunning. En 1969, elle réalise Two Faces. Son court métrage Café-Bar (1975), satire d'une tentative de séduction masculine, la fait connaître internationalement. Première réalisatrice d'animation à faire écho au courant féministe, elle est aussi l'annonciatrice de la maturité thématique et de la vitalité plastique du cinéma d'animation anglais des deux décennies suivantes. Son graphisme, proche d'esprit d'un Sempé, se densifie en écho à des thèmes introspectifs (M. Pascal, 1979, Grand Prix du Festival d'Annecy). Elle crée sa société de production et réalise, en 1979, The Black Dog, onirique et colorée traversée initiatique.