Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BOUT D'ESSAI (suite)

3. À l'époque du noir et blanc, il n'était pas facile d'apprécier exactement, à la prise de vues, la façon dont la scène filmée serait traduite sur la pellicule. Après avoir tourné, on procédait alors souvent à l'enregistrement d'un bout d'essai d'environ un mètre de longueur, qu'un assistant développait immédiatement dans un bac à développement sommaire. L'examen du fragment de négatif ainsi obtenu permettait d'apprécier si l'image noir et blanc serait bien lisible. Le développement des films en couleurs étant beaucoup trop complexe pour être effectué de façon artisanale sur le lieu de tournage, cette pratique a disparu.

BOUZID (Nouri)

cinéaste et scénariste tunisien (Sfax 1945).

Après avoir fait de l'assistanat à la télévision tunisienne, il suit une formation cinématographique à l'INSAS, en Belgique. De retour en Tunisie, il devient l'assistant de plusieurs cinéastes nationaux et étrangers tels qu'Abdeltif Ben Ammar, Rida Behi, Festa Campanile, Hemmings avant de réaliser son premier long métrage, l'Homme de cendres (Rih essed, 1986). À la veille du mariage organisé par ses parents, Hachemi se remémore le passé où ressurgit un pénible accident dont a été victime aussi son ami Farfat : Ameur, leur maître d'apprentissage, les a violés. Ce souvenir va les habiter et pose le problème de la tradition, de la morale familiale et de la liberté. Les Sabots en or (Safaih min dhahab, 1988) décrivent avec force le déracinement d'un intellectuel qui, après avoir purgé sa peine — Nouri Bouzid a passé 5 ans en prison pour appartenance à un groupe politique —, ne retrouve plus sa femme, ne comprend plus ses enfants, son pays, sa religion. Bezness (id., 1991), surnom des jeunes gigolos qui vendent leurs charmes aux étrangers, brosse le portrait d'une jeunesse aux prises avec les effets pervers du tourisme. Les films de Bouzid bravent les tabous que vit mal le Maghreb, la torture et l'homosexualité.

BOVY (Berthe)

actrice française d'origine belge (Liège 1887 - Montgeron 1977).

Sociétaire notoire du Théâtre-Français, sa carrière cinématographique s'étale sur de longues années sans aligner beaucoup de titres. Elle participe au plus célèbre des films réalisés par la société des frères Lafitte, le Film d'Art : l'Assassinat du duc de Guise (Ch. Calmettes et A. Le Bargy, 1908), où elle incarne Catherine de Médicis. D'autres suivent et, en 1921, André Antoine lui fait jouer la Terre. Le parlant l'ignore jusqu'en 1938. Elle s'impose alors dans le Joueur (G. Lamprecht et L. Daquin, 1938). Son jeu intelligent est parfois gâté par sa trop parfaite connaissance de la scène : le Déserteur (L. Moguy, 1939), Boule-de-Suif (Christian-Jaque, 1945), les Dernières Vacances (R. Leenhardt, 1948), l'Armoire volante (Carlo-Rim, 1949).

BOW (Clara Gordon Bow, dite Clara)

actrice américaine (New York, N. Y., 1905 - Los Angeles, Ca., 1965).

Née à Brooklyn dans la pauvreté, inculte, instinctive, son avènement à Hollywood fut un changement dont on mesure mal l'importance. Dans une mythologie féminine dominée par les stéréotypes européens (Garbo, Theda Bara, ou même Gloria Swanson), elle apporta un érotisme bon enfant, sans complexes, fleurant le maïs et la tarte aux pommes. Louise Brooks, Joan Crawford, Jean Harlow ou Marilyn Monroe n'auraient sans doute pas pu naître si Clara Bow ne les avait précédées. Ses cheveux frisés, que l'on devine roux, ses yeux pétillants, ses formes rebondies ont introduit dans le cinéma américain ce quelque chose qu'on appela « It », du nom de son film le plus populaire. Sous la férule et le doigté d'un réalisateur de comédie tel Clarence Badger, elle fut, en effet, pleine de sel et de poivre dans It (1927), Red Hair (1928), ou Three Week-ends (id.), petite employée au cœur d'artichaut qui veut arriver par tous les moyens. Victor Fleming dans Mantrap (1926), puis William A. Wellman dans les Ailes (1927) et dans Ladies of the Mob (1928) lui confièrent des rôles plus subtils, quoique toujours pimentés d'érotisme, dont elle s'acquitta honorablement. Parmi ses autres interprétations des années 20, on peut également mentionner The Plastic Age (W. Ruggles, 1925), My Lady of Whims (D.M. Fitzgerald, id.), Dancing Mothers (H. Brenon, 1926), Rough House Rosie (F.R. Strayer, 1927), The Wild Party (H. Blaché, 1929). Une crise personnelle coïncida avec le parlant, ce qui fit croire qu'elle n'était pas prête pour le nouveau procédé. Mais Fille de feu (Call Her Savage, John Francis Dillon, 1932) et Hoopla (F. Lloyd, 1933) prouvèrent qu'elle était toujours elle-même. Ses angoisses secrètes et ses problèmes de poids eurent raison de sa carrière, malgré les rumeurs persistantes d'un éventuel retour. Véritable actrice de cinémathèque, puisque c'est là qu'il faut aller pour la découvrir, l'oubli injuste dans lequel les difficultés de la conservation des films la plongent ne doit pas nous cacher qu'elle occupe une des premières places dans une galerie de la femme hollywoodienne. Elle avait épousé l'acteur de westerns Rex Bell, qui fut gouverneur du Nevada.

BOX (Muriel Baker, dite Muriel)

cinéaste, scénariste et productrice britannique (Tolworth 1905 - Londres 1991).

Elle collabore aux travaux de celui qui fut jusqu'en 1969 son mari, le scénariste et producteur Sydney Box (Beckenham, 1907), notamment pour le Septième Voile (C. Bennett, 1945), puis elle réalise treize films qui, à défaut d'originalité, ont le mérite d'être particulièrement soignés, dont The Happy Family (1952), Au Coin de la rue (Street Corner, 1953), le Vagabond des îles (The Beachcomber, 1954), Simon and Laura (1955), l'Étranger amoureuxA Passionate Stranger, 1957), Cri d'angoisse (Subway in the Sky, 1959), Too Young to Love (1960), Rattle of a Simple Man (1964).

BOX-OFFICE.

Cette expression (qui désigne d'abord, en anglais, le guichet où l'on vend les billets d'entrée puis, par extension, la recette d'un film ou d'un spectacle en général) est devenue synonyme de palmarès des valeurs commerciales. Ainsi, on parle couramment des films (ou des comédiens) « champions au box-office ». L'inflation défavorisant les films anciens dans ce genre de comparaison, le box-office n'a qu'une valeur limitée dans le temps ; les comparaisons fondées sur les nombres d'entrées sont plus fiables.