JANCSÓ (Miklós) (suite)
L'apport le plus révolutionnaire du cinéaste hongrois est incontestablement son écriture. Jancsó procède par longs plans-séquences en permanent devenir (Psaume rouge en compte 27, Sirocco d'hiver, 12 !), qui conjuguent, dans la profondeur de champ, le travelling, le zoom et parfois la grue. Il instaure et maîtrise ainsi un montage dans le cadre et une dialectique sans précédents entre l'espace et le temps, chacun pouvant exalter la continuité/contiguïté de l'autre ou la détruire. Dans tel cadre d'Électre, le jour s'est levé entre le début et la fin du plan. Dans tel plan de Rouges et Blancs, entre son début et sa fin, la durée s'est contractée (ellipse) et l'espace prodigieusement dilaté. Ces jeux entre l'espace et le temps culminent dans l'Horoscope de Jésus-Christ (1989), où le réalisateur utilise avec malice et ambiguïté le « temps » des écrans vidéo comme l'une des nouvelles dimensions d'une sorte de thriller métaphysique et poétique.
Films
Les cloches sont parties pour Rome (A harangok Rómába mentek, 1959) ; Trois Étoiles (Három csillag, Ier épisode, 1960) ; Cantate (Oldás és kötes, 1963) ; Mon chemin (Igy jöttem, 1965) ; les Sans-Espoir (Szegénylegények, 1966) ; Rouges et Blancs (Csillagosok, katonák, 1967) ; Silence et Cri (Csend és kiáltás, 1968) ; Ah, ça ira ! / Vents brillants (Fényes szelek, 1969) ; Sirocco d'hiver (Sirokkó, id.) ; Agnus Dei (Égi bárány, 1971) ; La pacifista (IT, id.) ; La tecnica e il rito (1971, IT) ; Psaume rouge (Még kér a nép, 1972) ; Roma rivuole Cesare, 1973, IT) ; Pour Électre (Szerelmem Elektra, 1975) ; Vices privés, vertus publiques (Vizi privati, pubbliche virtù, 1976, IT-YOUG) ; Rhapsodie hongroise (Magyar Rapszódia, 1979 ; Allegro Barbaro, id. ; 2 films) ; le Cœur du tyran (Il cuore del tiranno / A zsarnok szive, 1981) ; Budapest (Budapesti muzski, MMTV, 1982) ; Faustus doktor boldogsagos pokoljarasa (série TV, 1983) ; Omega, omega (DOC, 1984) ; l'Aube (1986, FR-ISR) ; la Saison des monstres (Szörnyek évadja, 1987) ; l'Horoscope de Jésus-Christ (Jézus Krisztus horoszkópja, 1988) ; Dieu marche à reculons (Isten hátrafelé megy, 1990); la Valse du Danube bleu (Kék Duna keringő, 1991) ; les Restes (Maradékok, DOC, 1993) ; le Message des pierres (A kövek üzenete) : I-III (Hegyalia, Móldova, Máramaros, DOC, 1993-94), IV (Budapest, DOC, 1995), Aimez-vous les uns les autres (Szeressük egymást gyerekek, id. ; 3e épis.), la Lanterne du Seigneur à Budapest (Nekem Lámpást adott kezembe az Ur Pesten, 1998), Au diable les moustiques ! (Anyád ! a szúnyogok, 2000).