Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ZAMPI (Mario)

cinéaste et producteur britannique d'origine italienne (Rome 1903 - Londres 1963).

Arrivé en Grande-Bretagne en 1922, il produit plusieurs courts métrages et se spécialise bientôt dans le film d'humour. Son premier long métrage, Rires au paradis (Laughter in Paradise, 1951), bat le record de recettes sur le marché britannique. C'est le départ d'une série de comédies agréables, mais sans prétention : Ultra secret (Top secret, 1952), Héritage et vieux fantômes (Happy Ever After, 1954), C'est formidable d'être jeune (Now and Forever, 1956), la Vérité presque nue (The Naked Truth, 1957), Ni fleurs ni couronnes (Too Many Crooks, 1959), Bottoms Up ! (1960), Five Golden Hours (1961).

ZANUCK (Darryl Francis)

producteur américain (Wahoo, Nebr., 1902 - Palm Springs, Ca., 1979).

Darryl F. Zanuck débute au cinéma à l'âge de sept ans comme figurant. Il s'engage sous les drapeaux après des études mouvementées à l'académie militaire de Page (Californie), puis tente sa chance comme acteur. Il publie des nouvelles dans des magazines populaires et sort en 1923 un recueil de quatre récits : Habit, qui inspirera trois films. Fort de ce succès, il retourne à Hollywood comme gagman et travaille notamment pour Mack Sennett et Harold Lloyd. Il débute comme scénariste sur deux séries de courts métrages : The Telephone Girl et The Leather Pushers, et remporte son premier succès marquant à la Warner Bros sur la série Rin Tin Tin. Pris sous contrat par la firme, il y poursuit sa carrière de scénariste sous trois pseudonymes : Mark Canfield, Gregory Rogers et Melville Crosman (qu'il reprendra ultérieurement à la Fox).

En 1931, promu directeur de production de la Warner, il met en chantier une remarquable série de films policiers : l'Ennemi public, le Petit César, Je suis un évadé, qui s'inscrivent parmi les classiques du genre. Il favorise un style de cinéma factuel, dépouillé, violent et populaire qui marquera pendant plusieurs années l'histoire du studio, puis, en avril 1933, recouvre sa liberté.

Il s'associe avec Joseph Schenck pour créer la Twentieth Century, qui débute brillamment avec Faubourgs de New York et confirme son potentiel avec une vingtaine de succès critiques et commerciaux : Clive of India, les Misérables, l'Appel de la forêt, etc.

En mai 1935, la fusion de la Twentieth Century et de la Fox Film Corporation donne naissance à la dernière « major » hollywoodienne : la Twentieth Century Fox, dont Zanuck devient rapidement président et directeur de production. Pendant près de vingt ans, son nom sera étroitement lié aux succès de la firme, dont il déterminera personnellement le style et l'orientation générale. Producteur au plein sens du terme, Zanuck écrit ou lance d'innombrables projets qui reflètent la diversité de ses intérêts, ses positions idéologiques et son sens de la narration cinématographique. Remarquable découvreur de talents, il s'entoure d'une équipe particulièrement douée de réalisateurs (John Ford, Henry King, Fritz Lang, Henry Hathaway, Otto Preminger, Joseph L. Mankiewicz, Elia Kazan), de scénaristes (Nunnally Johnson, Lamar Trotti, Philip Dunne, Samuel Hoffenstein) et d'acteurs (Tyrone Power, Dana Andrews, Richard Widmark, Gene Tierney, Linda Darnell, Betty Grable). Il privilégie des genres comme la saga familiale, la fresque historique, la comédie d'époque, fondés sur des scénarios solidement charpentés, un montage vigoureux et économe, un style narratif tour à tour austère et lyrique.

En janvier 1942, Zanuck part pour Londres, avec le grade de colonel, afin de coordonner la réalisation de films d'entraînement. Après un passage dans les commandos de Mountbatten, il réalise divers documentaires dans les Aléoutiennes et en Tunisie.

La guerre finie, il retourne à la veine polémique de l'époque Warner : il traite du racisme dans le Mur invisible, l'Héritage de la chair et la Flèche brisée, de la psychiatrie dans la Fosse aux serpents, et lance une mémorable série de thrillers semi-documentaires : Appelez Nord 777, la Proie, les Bas-Fonds de Frisco, etc.

Pour lutter contre le rétrécissement du marché et la concurrence de la télévision, il adopte, en 1953, le format CinémaScope et le procédé de couleurs DeLuxe, dans lesquels seront tournés pendant vingt ans la majorité des Films Fox.

Déçu par l'évolution du cinéma, Zanuck quitte la Fox en 1956. Il garde cependant des liens privilégiés avec le studio, pour lequel il produira notamment Le soleil se lève aussi, les Racines du ciel et le Jour le plus long. En 1962, durant l'interminable tournage de Cléopâtre, les actionnaires de la Fox lui demandent de reprendre ses fonctions présidentielles, avec le concours de son fils Richard. Durant cette période, Zanuck produit plusieurs succès, comme la Mélodie du bonheur, mais ne parvient pas à enrayer le déclin de la Fox ; il prend sa retraite en juin 1971.

ZANUSSI (Krzysztof)

cinéaste polonais (Varsovie 1939).

À seize ans, il commence à étudier la physique à l'université de Varsovie. Parallèlement, il s'intéresse au cinéma, participe à la fondation du premier ciné-club polonais (Po Prostu) et suit les cours du professeur Aleksander Jackiewicz à l'Institut des arts de l'académie polonaise des sciences (de 1956 à 1958). Il réalise plusieurs films d'amateur. L'un d'entre eux, le Chemin du ciel, coréalisé avec Wincenty Ronisz, obtient le Grand Prix du Festival de films amateurs d'étudiants. Il abandonne à vingt ans ses études scientifiques pour entrer à la faculté de philosophie de Cracovie, où il est l'élève de Roman Ingarden, disciple de Husserl. En 1960, alors qu'il poursuit sa quête philosophique, il s'inscrit à l'École supérieure de cinéma de Łódź dans la section « réalisateurs ». Andrzej Munk sera — jusqu'à sa mort accidentelle — son premier professeur. Les années d'apprentissage seront déterminantes pour Zanussi, qui restera profondément marqué par sa double appartenance au monde scientifique et au monde philosophique. Sa soif de connaissance, son exigence déductive, sa rigueur dans la démonstration, sa précision dans la critique sociale, sa lutte incessante contre les compromissions, les erreurs, les déviations et jusqu'à cette curiosité métaphysique (qui lui a sans doute été apportée également par Ingmar Bergman à une époque où il découvrait avec admiration les œuvres du maître suédois) viennent en droite ligne de ses propres expériences et de ses propres interrogations d'étudiant. En 1966, Zanussi dirige son film de diplôme : la Mort d'un provincial, qui est déjà un film d'auteur, original et maîtrisé. Il travaille pour la télévision (Krzysztof Penderecki, 1968 ; Face à face, id. ; l'Examen, id.) et signe en 1969 son premier long métrage, la Structure du cristal, qui est d'emblée accueilli avec ferveur par la critique polonaise et primé dans plusieurs festivals internationaux. Zanussi apparaît dès lors comme l'un des représentants les plus doués de la « troisième génération » (qui comprend notamment Wojciech Solarz, Marek Piwowski, Andrzej Kondratiuk, Andrzej Żuławski, Grzegorz Krolikiewicz, Edward Żebrowski, Antoni Krauze, Janusz Zaorski, Krzysztof Wojciechowski, Roman Załuski). Cette génération n'a pas vécu la période de la guerre, qui a si fortement traumatisé les Wadja, Munk, Kutz et autres Has. Zanussi appartient à une période de transition, écartelée entre les vieux fantômes qu'on tente difficilement d'exorciser (le stalinisme) et les malaises d'une société qui aspire au libéralisme sans véritablement pouvoir mettre en pratique ses idées. Les « chiens de garde » idéologiques veillent au grain et la société du mensonge et de la compromission remplace peu à peu celle de la répression et de l'idéologie « officielle » (non sans quelques retours de manivelle qui affecteront la Pologne au cours des années 70 jusqu'à l'éclosion du mouvement Solidarité).