Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PETRASSI (Goffredo)

musicien italien (Zagarolo 1904).

Grande figure de la musique italienne contemporaine, Petrassi n'a eu que des contacts épisodiques avec le cinéma. On lui doit un merveilleux travail de compositeur et de musicologue pour Riz amer (1949) et Pâques sanglantes (1950), deux films de Giuseppe De Santis dans lesquels il mêle thèmes originaux et authentiques chants populaires. Parmi ses autres partitions, on peut retenir la Fille sans homme (De Santis, 1953) ; La pattuglia sperduta (Piero Nelli, 1954) mais surtout Journal intime (V. Zurlini, 1962), film dans lequel le compositeur exprime la douleur et la nostalgie avec une grande économie de moyens.

PETRI (Elio)

cinéaste italien (Rome 1929 - id. 1982).

Après avoir abandonné ses études pour se lancer dans le militantisme politique, le journalisme cinématographique et l'animation culturelle au sein de la fédération des ciné-clubs, Petri devient l'assistant de Giuseppe De Santis et collabore aux scénarios de Onze heures sonnaient (1952), la Fille sans homme (1953), Jours d'amour (1955), Hommes et Loups (1957), La strada lunga un anno (1960 [1958]), Flagrant Délit / la Garçonnière (id.). Dans ces années, Petri écrit également des scénarios pour Gianni Puccini et Carlo Lizzani. Toutefois, c'est sa collaboration avec De Santis qui est décisive du point de vue de l'acquisition d'un métier et d'un univers culturel et idéologique autonome. Après deux courts métrages (Nasce un campione, 1954, et I sette contadini, 1959), Petri fait ses débuts dans la mise en scène en 1961 avec l'Assassin, film qui révèle d'emblée un grand talent dans l'approche de personnages aliénés et dans la description d'un univers policier kafkaïen. I giorni contati (1962) marque l'enracinement définitif de Petri dans un cinéma indirectement politique où dominent les thèmes de l'exclusion et de la division de l'être. Après quelques films de moindre tension (Il maestro di Vigevano, 1963 ; le sketch Peccato nel pomeriggio de Haute Infidélité/Alta infedeltà, 1964) ; la Dixième Victime (La decima vittima, 1965), Petri tourne en 1967 À chacun son dû (A ciascuno il suo, d'après le roman homonyme de Sciascia), une de ses œuvres les plus dramatiques sur le thème de l'incapacité pour l'intellectuel de comprendre la réalité. Ce film marque aussi les débuts de la collaboration avec le scénariste Ugo Pirro, collaboration qui durera jusqu'en 1973. Après Un coin tranquille à la campagne (Un tranquillo posto di campagna, 1968), qui aborde le thème de la solitude et de l'angoisse de l'artiste romantique, Petri réalise quatre films qui en font un des analystes les plus lucides et les plus désespérés de la schizophrénie contemporaine. Il s'ensuit une série de films qui composent une sorte de portrait de la société italienne dans ce qu'elle a de multiple et de contradictoire : Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto, 1970), sur la police ; La classe ouvrière va au paradis (La classe operaia va in paradiso, 1971), sur la condition ouvrière ; La propriété n'est plus un vol (La proprietà no è più un furto, 1973), sur le rôle de l'argent et sur la destruction de l'être par l'avoir ; Todo modo (1976), d'après le roman homonyme de Sciascia, sur la structure mentale de la démocratie chrétienne. Lourd de menace à l'égard du conformisme politique, culturel et médiatique, le cinéma de Petri se heurte de plus en plus au barrage des producteurs. En 1978, le cinéaste met en scène pour la télévision italienne une remarquable adaptation des Mains sales de Sartre (Le mani sporche avec Marcello Mastroianni), demeurée malheureusement inédite pour le public français. Avec Le buone notizie (1979), qu'il produit lui-même en compagnie de Giancarlo Giannini (protagoniste du film), Petri arrive à une impasse dans l'incommunicabilité où se rejoignent la souffrance de l'artiste et le désarroi de ses personnages. À un moment où convergent les approches socio-politiques et psychanalytiques pour tenter de cerner la crise des sociétés occidentales, Petri déchiffre le terrain de l'inconscient. Plus dans la ligne de Freud et Reich que dans celle de Marx, il est un des cinéastes qui, au cours de ces deux dernières décennies, ont le plus fait pour renouveler l'approche politique des problèmes de l'homme et de son insertion dans la société. Des névroses à la schizophrénie, l'univers de Petri est un des plus cohérents et des plus stimulants vis-à-vis de ce que peut être l'engagement d'un cinéaste par rapport au public auquel il s'adresse. ▲

PETROV (Vladimir [Vladimir Mihajlovič Petrov])

cinéaste soviétique (Saint-Pétersbourg 1896 - Moscou 1966).

Après des études de mise en scène de théâtre en Grande-Bretagne (1918), il se tourne vers le cinéma et débute comme assistant réalisateur en 1925. Collaborateur de Gregori Kozintsev et Leonid Trauberg pour le Manteau (1926), il dirige son premier film en 1929, ‘ l'Adresse de Lénine ’ (Adres Lenina). Remarqué pour son drame romantique l'Orage (Groza, 1934) d'après une pièce d'Ostrovski, il est surtout connu comme le metteur en scène de deux grandes fresques, louées par la critique internationale pour leur richesse picturale, malgré certains aspects un peu théâtraux. Il réalise d'abord un Pierre le Grand (Petr I, en deux parties, 1937-39) dans la lignée des meilleurs films historiques soviétiques, puis la Bataille de Stalingrad (Stalingradskaja bitva, en deux parties 1948-49). Auteur de la plupart de ses scénarios, on lui doit également : Koutouzov (Kutuzov, 1944) ; ‘ Coupable quoique innocent ’ (Bez viny vinovatye, 1945) ; le Revizor (Revizor, 1952) ; le Duel (Poedinok, 1957) ; ‘ la Veille ’ (Parvi urok, id., coprod. avec la Bulgarie) ; ‘ la Forêt russe ’ (Russkij, 1963).

PETROVA (Muriel Harding, dite Olga)

actrice britannique (Liverpool 1884 - Clearwater, Fla., US, 1977).

Établie aux États-Unis, elle assoit sa réputation au théâtre avant de devenir la première grande star de la Metro, spécialiste des rôles de femmes fatales (ses agents faisaient courir le bruit qu'elle était une aristocrate russe née en Pologne, à Varsovie). Parmi ses films, citons : The Tigress (1914), The Heart of a Painted Woman (1915), la Flamme éternelle (M. Tourneur, 1917), The Panther Woman (Ralph Ince, 1918). Elle délaisse le cinéma pour le théâtre à nouveau, à la fin des années 10.