Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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KORE-EDA (Hirokazu) (suite)

Après des études à l'université de Waseda, il entre à la compagnie privée de télévision TV Man Union, comme conseiller à l'écriture des scénarios. Dès 1991, il réalise des documentaires qui attirent l'attention sur lui en glanant plusieurs prix, comme Août sans lui (Kare no inai hachigatsu, 1994, sur un malade du sida), ou Sans mémoire (Without Memory / Kioku ga ushinawaretatoki, 1997). Mais c'est son premier film de fiction, Maboroshi Illusion (Maboroshi no hikari, 1995), ouvertement influencé par Ozu et Hou Hsiao Hsien, présenté à la Mostra de Venise, qui lui acquiert une reconnaissance internationale. Il poursuivra avec After Life (1999), une méditation subtile sur la mort et la mémoire, et Distance (id., 2001), qui aborde de manière allusive le phénomène des sectes au Japon.

KORENE (Vera Koretzki, dite Vera)

actrice française (Paris 1901 - Louveciennes 1996).

L'activité de cette sociétaire de la Comédie-Française, sculpturale et vibrante, s'étend seulement de 1933 à 1939. Elle interprète en vedette des espionnes (la Danseuse rouge, Jean-Paul Paulin, 1937), des mondaines au bord de l'adultère (Sept Hommes, une femme, Y. Mirande, 1936 ; Café de Paris, G. Lacombe, 1938), le plus souvent des Slaves déchirées et pathétiques (Au service du tsar, P. Billon, 1936 ; les Bateliers de la Volga, Wladimir Strijewsky, 1936 ; la Brigade sauvage, M. L'Herbier, 1939).

KORNGOLD (Erich Wolfgang)

compositeur américain d'origine autrichienne (Brünn, Autriche-Hongrie [auj. Brno, Tchécoslovaquie], 1897 - Los Angeles 1957).

Élève de Mahler et de Puccini, Korngold était déjà un des grands espoirs de la musique contemporaine, auteur du remarquable opéra la Ville morte, quand Hollywood l'appela. Ses collaborations théâtrales avec Max Reinhardt amenèrent celui-ci à faire appel à lui au moment de réaliser le Songe d'une nuit d'été (CO : William Dieterle, 1935). Korngold quitta l'Allemagne, au climat politique malsain, pour la Californie. Il orchestra la musique de Mendelssohn, refusant, par respect pour le musicien, d'être crédité au générique du film. Son premier crédit fut Capitaine Blood (M. Curtiz, 1935). Dès lors, Korngold fut le musicien de prestige de la Warner Bros, celui que l'on réservait par exemple à Bette Davis et Errol Flynn. Aussi à l'aise dans les vigoureux ensembles martiaux (les Aventures de Robin des Bois, M. Curtiz et W. Keighley, 1938) que dans les mélodies sentimentales (l'Aigle des mers, Curtiz, 1940), il composa pour Errol Flynn des musiques que l'on découvre maintenant avec émerveillement. Peu de partitions de cinéma ont été aussi riches que la Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre (Curtiz, 1939) ou l'Aigle des mers, que l'on peut tenir comme un chef-d'œuvre d'un type de musique encore méconnu. Dans ses partitions pour Bette Davis, on fera un sort particulier à celle de Jalousie (I. Rapper, 1946), où figure un sombre concerto pour violoncelle au charme insidieux et inquiétant. Par ailleurs, Korngold a composé pour les films de prestige du studio : Crime sans châtiment (S. Wood, 1942), qui mêle avec art une gaieté de surface à des arrière-plans angoissants et menaçants. Car ce musicien accordait à chaque commande des soins attentifs. Ce perfectionnisme a sûrement contribué à faire de lui, avec Miklos Rosza et Bernard Herrman, l'un des meilleurs musiciens accueillis à Hollywood.

KORTNER (Fritz Nathan Kohn, dit Fritz)

acteur autrichien (Vienne 1892 - Munich, RFA, 1970).

Il fait ses débuts sur les scènes de Vienne et se fixe en 1911 à Berlin, où il commence à travailler pour le cinéma tout en se produisant au théâtre. Il réalise lui-même deux films en 1918 et 1919. Au théâtre, son nom est lié aux expériences berlinoises des années 20, notamment sous la direction du metteur en scène Leopold Jessner. Au cinéma, sa filmographie comprend beaucoup d'œuvres mineures. Il n'en est pas moins un des meilleurs acteurs de l'époque, comme le prouvent ses plus grands rôles, dans Satanas (F. W. Murnau, 1920), les Frères Karamazov (D. Buchowetzki, 1921), Escalier de service (P. Leni et Jessner, 1921), le Montreur d'ombres (A. Robison, 1923), les Mains d'Orlac (R. Wiene, 1924), Loulou (G. W. Pabst, 1929).

Il participe à quelques petits films produits par le parti social-démocrate, tels Im Anfang war das Wort, réalisé par Ernö Metzner en 1928. Devenu peut-être plus sélectif vers 1929-30 (Atlantic [E. A. Dupont], 1929 ; le Procureur Hallers [Wiene], 1930), il a le rôle principal dans Dreyfus (R. Oswald, 1930), Danton (Hans Behrendt, 1931) et les Frères Karamazov (F. Ozep, 1931). Il réalise à nouveau deux films : une comédie, Der brave Sünder (1931), et une comédie musicale, So ein Mädel vergisst man nicht (1932).

Il quitte l'Allemagne en 1933 et passe l'essentiel de ses années d'émigration aux États-Unis. À Hollywood, où il retrouve d'autres émigrés célèbres, Homolka, Lang, Brecht, Eisler, Lorre, on ne lui offre que des seconds rôles, généralement très typés : Quelque part dans la nuit (J. L. Mankiewicz, 1946), The Brasher Doubloon (J. Brahm, 1947)...

Revenu en Allemagne en 1948, il écrit et interprète un film sur les survivances de l'antisémitisme après 1945 (Der Ruf, J. von Baky, 1949), puis se consacre principalement à la mise en scène théâtrale à Berlin et à Munich, et n'apparaît plus que rarement à l'écran. Il écrit quelques scénarios et réalise encore deux longs métrages cinématographiques, Die Stadt ist voller Geheimnisse (1955) et Sarajevo (id.), et un pour la télévision, Die Sendung der Lysistrata (1961).

KORTY (John)

cinéaste américain (Indiana 1936).

D'abord cinéaste amateur, puis réalisateur de télévision, il semble que ce soit pour le petit écran que John Korty a donné sa pleine mesure (The People, 1972 ; The Autobiography of Miss Jane Pittman, 1974). Au cinéma, il ne parvient guère à emporter l'adhésion dans l'assez vulgaire Alex and the Gypsy (1976) ou dans le sirupeux Oliver's Story (1978), suite de Love Story. Il réalise en 1977 un documentaire Who Are the De Bolts ?... And Where Did They Get 19 Kids !

KÓSA (Ferenc)

cinéaste hongrois (Nyíregyháza 1937).

En 1967, Dix Mille Soleils révèle Ferenc Kósa, et devient le manifeste d'un jeune cinéma hongrois qui se veut en prise directe sur une histoire nationale particulièrement ambiguë. Le scénario en avait été élaboré collectivement au sein de l'Institut Béla Balázs. Photographié en Scope noir et blanc par Sándor Sára, le film évoque trente années de la vie d'un paysan, le lyrisme de l'écriture venant équilibrer la hardiesse de l'approche sociopolitique. Marqué tant par l'œuvre de l'Ukrainien Dovjenko que par celle du Hongrois Szöts, nourri de la même culture rurale qui avait déterminé les orientations ou la musique de Bartók ou de Kodaly, Kósa était d'emblée salué comme un maître du cinéma par la critique internationale.