Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BUSCH (Niven) (suite)

Ayant débuté par des scénarios de prestige tels que La foule hurle (H. Hawks, 1932), Babbitt (W. Keighley, 1934), l'Incendie de Chicago (H. King, 1938), Busch collabore ensuite au scénario du film de William Wyler le Cavalier du désert (1940) et signe l'adaptation du roman de James Cain, Le facteur sonne toujours deux fois (T. Garnett, 1946). Il est difficile de mesurer la part qu'il a prise à l'adaptation de son roman, Duel au soleil, pour le film de King Vidor (1947), vu l'envahissante emprise de David O. Selznick ; mais on y retrouve ses thèmes et son goût de la saga. Si les scénarios du Déserteur de Fort Alamo (B. Boetticher, 1953) et du Trésor de Pancho Villa (G. Sherman, 1955) sont ingénieux, le dernier grand scénario de Niven Busch reste cependant les Aventures du Capitaine Wyatt (Walsh, 1951).

BUSCEMI (Steve)

acteur américain (New York, N.Y., 1958).

Sa silhouette longiligne, son visage mal rasé et lippu sont familiers. On ne s'en étonnera pas car, depuis ses débuts en 1986, Steve Buscemi a joué dans près d'une quarantaine de films. Acteur boulimique et enthousiaste, il accepte les emplois les plus divers. Il sera un tueur en série terrifiant dans un gros budget quelque peu impersonnel : les Ailes de l'enfer (Con Air, Simon West, 1997), Simon West) ou un morne malfrat dans un film de Robert Altman (Kansas City, 1996). On est heureux de le retrouver chez Jim Jarmusch (Mystery Train, 1989 ; Dead Man, 1995), Joel Coen (cinq films dont une création réjouissante dans Fargo, 1996) ou Quentin Tarentino (Reservoir Dogs, 1992, où il était Mr. Pink; Pulp Fiction, 1995). Dans chaque cas, ses compositions déjantées sont chargées de verve et de saveur. Réalisateur également, on lui doit deux longs métrages : Happy Hour (Trees Lounge, 1996) et Animal Factory (id., 2000), bon film de prison, classique et remarquablement joué.

BUSHMAN (Francis Xavier, dit Francis X.)

acteur américain (Baltimore, Md., 1883 - Pacific Palisades, Ca., 1966).

Après avoir joué au théâtre, il débute au cinéma en 1911 avec Essanay et devient très vite, tout comme Maurice Costello, l'une des grandes « matinee idols » des années 10. Sa carrière muette est prolifique, d'abord dans des rôles romantiques ou de séducteur (Roméo et Juliette, J. Gordon Edwards, 1916, puis Modern Marriage, Lawrence C. Windom, 1923, tous deux avec Beverly Bayne), ensuite dans des films d'aventure et d'action : The Charge of the Gauchos (Albert Kelly, 1928) ; la Folie de l'or (The Grip of the Yukon, Ernst Laemmle, id.). Il est resté célèbre pour son interprétation de Messala dans Ben-Hur (F. Niblo, 1926), où il a comme partenaire (et adversaire) Ramón Novarro.

BUSSIÈRES (Raymond)

acteur français (Ivry-la-Bataille 1907 - Paris 1982).

C'est peut-être à ses débuts avec le groupe Octobre, sous l'égide de Jacques Prévert, qu'il doit ce qui a fait sa personnalité et sa popularité. Qu'il soit mauvais garçon ou brave type, il a toujours été le titi parisien un peu anar, pittoresque et sympathique, à l'accent gouailleur bien reconnaissable. Sa filmographie comporte plus de cent titres. Citons : L'assassin habite au 21 (H.-G. Clouzot, 1942), les Portes de la nuit (M. Carné, 1946), Justice est faite (A. Cayatte, 1950), Casque d'or (J. Becker, 1952), où il est inoubliable. Il a été le scénariste de certains de ses films : le Costaud des Batignolles (G. Lacourt, 1952), Quai du Point-du-Jour (J. Faurez, 1960). Avec l'âge, son visage a pris une gravité que Serge Moatti a su utiliser dans un feuilleton télévisé populaire et ambitieux : le Pain noir (1977).

BUSTILLO ORO (Juan)

cinéaste mexicain (Mexico 1904 - id. 1989).

Il vient du théâtre et débute au cinéma avec Yo soy tu padre (1927). Son film Dos monjes (1934) est une des œuvres les plus étranges de l'étape préindustrielle du cinéma mexicain : la rivalité amoureuse de deux moines est mise en scène selon deux versions opposées, dont l'expressionnisme et le symbolisme révèlent des inquiétudes d'avant-garde, mais débouche sur un maniérisme qui s'accommode des genres divers développés sur les écrans mexicains, lors de son expansion. Bustillo Oro lui-même ouvre la voie à l'évocation nostalgique de la période prérévolutionnaire, avec En tiempos de Don Porfirio (1939), film rococo, plein de vieilles mélodies, dont il exploite la veine encore dans Mexico de mis recuerdos (1940), Las tandas del Principal (1949), Los valses venían de Viena y los niños de París (1965). Il réalise un des premiers succès du comique Cantinflas (Ahí está el detalle, 1940). La sophistication de sa comédie « ranchera » (paysanne) Las mañanitas (1949) va jusqu'à remplir les dialogues de proverbes. Les mélodrames familiaux trouvent en lui un réalisateur convaincu de la nécessité de défendre la cellule de base de la société contre vents et marées (Cuando los hijos se van, 1941 ; Cuando los padres se quedan solos, 1948), y compris contre la sacro-sainte révolution mexicaine (Vino el remolino y nos alevantó, 1949). Cet épisode encensé depuis par les sphères officielles reste en fait apolitique, à l'opposé de El compadre Mendoza (F. de Fuentes, 1933), excellente allégorie, au scénario duquel il avait pourtant collaboré. Son abondante filmographie, s'étendant sur quarante ans, résume assez bien les qualités et les limites de toute une phase du cinéma mexicain. Autres titres : Cuando quiere un mexicano (1944), un des films qui font de Jorge Negrete une vedette, et Canaima (1945), d'après Rómulo Gallegos.

BUTE (Mary Ellen)

cinéaste expérimentale américaine (Houston, Tex., 1908 - New York, N. Y., 1983).

Ses dessins pour Synchronization, de Lewis Jacobs et Joseph Schillinger, en font dès 1934 un des pionniers du cinéma abstrait américain. De 1936 à 1941, elle travaille, comme Fischinger, à des « symphonies visuelles » en associant des formes non figuratives à des partitions musicales. Ainsi naissent Rhythm in Light, Synchrony no 2, Anitra's Dance (1936), Toccata and Fugue (1940) et Spook Sport (1940), réalisé avec McLaren. Elle fait ensuite plusieurs films avec des images d'ordinateurs ou d'oscilloscopes pour les levers de rideau du Radio City Music Hall de New York (Polka-Graph, 1953 ; Abstronics, Colour Rhapsody, 1954 ; Mood Contrast, 1957). Après 1956, avec son mari Ted Nemeth, elle passe au cinéma de long métrage narratif (The Boy Who Saw Through, 1958 ; Passages from « Finnegan's Wake », 1965).