Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
N

NEAME (Ronald)

cinéaste et producteur britannique (Londres 1911).

Fils de l'actrice Ivy Close. Assistant cameraman pour Chantage (A. Hitchcock, 1929), chef opérateur pour Pygmalion (A. Asquith, 1938), Ceux qui servent en mer (David Lean, 1942), L'esprit s'amuse (id., 1945), producteur délégué pour Brève Rencontre (id., id.), il fonde la Cineguild Company et coproduit les Grandes Espérances (id., 1946) et Oliver Twist (id., 1948). Devenu réalisateur avec Je cherche le criminel (Take My Life, 1947), il aborde les genres les plus variés : la Salamandre d'or (The Golden Salamander, 1950), l'Homme qui n'a jamais existé (The Man Who Never Was, 1956), les Fanfares de la gloire (The Tunes of Glory, 1960), Mystère sur la falaise (The Chalk Garden, 1963), avec quelques réussites dans le film d'humour : Trois Dames et un as (The Card, 1952), l'Homme au million (The Million Pound Note/Man With a Million, 1953), De la bouche du cheval (The Horse's Mouth, 1959). En Grande-Bretagne, mais aussi aux États-Unis, il se crée une solide réputation de technicien soigneux et efficace avec des films comme Un hold-up extraordinaire (Gambit, 1966), Scrooge (1970), le Dossier Odessa (The Odessa File, 1974), Météor (1978), Jeux d'espions (Hopscotch, 1980), Foreign Boy (1985). Deux films dominent un ensemble abondant et hétéroclite : les Belles Années de Miss Brodie (The Prime of Miss Jean Brodie, 1969) et l'Aventure du Poséidon (The Poseidon Adventure, 1972), film catastrophe à succès.

NEESON (Liam)

acteur irlandais (Ballymena, Irlande du Nord, 1952).

Haute silhouette de dandy, visage sensible aux yeux tristes, Liam Neeson fut le héros déchiré de la Liste de Schindler (S. Spielberg, 1993). Mais les amateurs connaissaient déjà les capacités de l'acteur. Après un stage auprès du renommé Abbey Theatre de Dublin, il fut le Gauvain de Excalibur (J. Boorman, 1976). De nombreux rôles de complément, ou de premier plan dans des productions modestes, se succédèrent, tant au Royaume-Uni qu'aux États-Unis. Liam Neeson était particulièrement impressionnant en clochard hirsute et muet, détenteur d'un lourd secret, dans Suspect (P. Yates, 1987). Dans un registre très proche, il fut Darkman (Sam Raimi, 1990), monstre pathétique. Après l'impact du film de Spielberg, on aurait pu penser que l'on ferait mieux justice à son talent. Mais ce ne fut pas le cas. Il jouait (bien) les utilités face à Jodie Foster dans Nell (M. Apted, 1994) et les héros à panache dans le décevant Rob Roy (id., Michael Caton-Jones, 1995). Michael Collins (1996, N. Jordan), bon film de prestige, lui donnait l'occasion de jouer l'une des grandes figures de l'histoire irlandaise. Mais le grand public connaît sans doute mieux StarWars, la Menace fantôme (G. Lucas, 1999).

NÉGATIF.

Film négatif, film conçu pour donner, après développement, une image complémentaire de celle fournie par l'objectif : les blancs sont traduits par du noir, les noirs par du blanc, et les couleurs par des couleurs complémentaires. ( COUCHE SENSIBLE.) Négatif, film obtenu après développement du film négatif enregistré lors de la prise de vues.

NÈGRE.

Large panneau de bois peint en noir, placé en limite de champ d'un projecteur de prise de vues pour couper une partie du faisceau et parfois employé pour inscrire à la craie le texte que doivent dire les acteurs. ( ARGOT, ÉCLAIRAGE.)

NEGRETE (Jorge Alberto Negrete Moreno, dit)

acteur mexicain (Guanajuato 1908 - Los Angeles, Ca., 1953).

Star de l'époque dorée de l'industrie mexicaine, il s'affirme notamment dans la comédie ranchera (rurale) comme le macho par excellence, fanfaron, violent à l'occasion, tombeur de dames, à la voix de baryton, toujours prêt à lâcher sa réplique à pleine gorge ou à entonner une chanson : ¡ Ay Jalisco no te rajes ! (Joselito Rodríguez, 1941), Historia de un gran amor (J. Bracho, 1942), El peñón de las ánimas (Miguel Zacarías, id.), Cuando quiere un mexicano (J. Bustillo Oro, 1944), Canaima (id., 1945), No basta ser charro (id., id.). Sa popularité internationale l'amène à tourner en Espagne la première coproduction hispano-mexicaine (Jalisco canta en Sevilla, F. de Fuentes, 1948), ainsi que Teatro Apolo (R. Gil, 1950). Dans Dos tipos de cuidado (I. Rodríguez, 1952), il est confronté à son rival, Pedro Infante.

NEGRI (Pola Barbara Apollonia Chałupiec, dite Pola)

actrice allemande d'origine polonaise (Janowa, Pologne, 1894 - San Antonio, Tex., 1987).

Ancienne danseuse, elle débute à l'écran dans son pays natal sous la direction d'Aleksander Hertz, puis en Allemagne, en 1917, au théâtre, grâce à Max Reinhardt, et au cinéma grâce à Ernst Lubitsch. Ce dernier en fait une véritable star, jouant à la fois de son physique fatal et sombre et de son talent d'actrice (les Yeux de la momie, 1918 ; Carmen, id. ; Madame du Barry, 1919). Quand Lubitsch est appelé à Hollywood, Pola Negri le suit et se trouve vite au centre de luxueuses productions dont elle est la raison d'être (la Danseuse espagnole [The Spanish Dancer], H. Brenon, 1923 ; Hôtel Impérial, M. Stiller, 1927 ; Barbed Wire, R. V. Lee, id.). Mais sa création la plus mémorable (et aussi la plus légère) est celle de Catherine de Russie, l'impératrice aux faiblesses très humaines, de Paradis défendu (Lubitsch, 1924). Sur l'écran et à la ville, elle veut imposer un naturel passionné et théâtral qui trouve son plein aboutissement dans la douleur qu'elle affiche avec art lors de l'enterrement de Rudolph Valentino. Mais ce genre de personnalité avait peu de chance de survivre au parlant. Une grosse production comme A Woman Commands (Paul Stein, 1932) fut un échec. Elle revint donc en Allemagne et eut un bon rôle dans un bon mélo de Willi Forst, Mazurka (1935). Mais la guerre la ramena à Hollywood et à de sporadiques emplois subalternes. Son dernier film fut la Baie aux émeraudes (J. Neilson, 1964), une production Walt Disney.

NEGRONI (comte Baldassare)

cinéaste italien (Rome 1877 - id. 1945).

Engagé par la Cines en 1911, Baldassare Negroni réalise son premier film en 1912. Particulièrement prolifique, il travaille successivement à la Celio (il y dirige Francesca Bertini), à la Milano Film, à la Tiber, à la Fert de Stefano Pittaluga. Parmi son abondante production, on peut citer Histoire d'un Pierrot (1914), tentative avant la lettre de film musical, La Signora dalla camelie (1915), La fibra del dolore (1918), Il figlio di Madame Sans-Gêne (1921) — ces trois derniers films interprétés par Hesperia, que Negroni épousera en 1923. Avec l'arrivée du parlant, Negroni devient directeur de production et ne tourne plus que quelques films, dont le spirituel Due cuori felici (1932), une œuvre qui participe au lancement de Vittorio De Sica.