Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GÜNEY (Yılmaz) (suite)

Comme acteur :

le Roi laid ( çirkin Kıral, Y. Atadeniz, 1966) ; Arif de Balat (Balatlı Arif, A. Yılmaz, id.) ; la Loi des frontières (Hudutların Kanunu, L. Akad, id.) ; la Légende du mouton noir (Kızılırmak-Karakoyun, L. Akad, 1967) ; Kozanoǧlu (A. Yılmaz, id.) ; l'Assassin-Victime (Kurbanlık Katil, L. Akad, id.).

GUNNLAUGSSON (Hraf)

cinéaste islandais (Reykjavík 1948).

Il étudie le théâtre et le cinéma à Stockholm et devient auteur et metteur en scène de théâtre à Reykjavík. Il réalise entre 1973 et 1978 plusieurs courts métrages pour la télévision. Il écrit et réalise son premier long métrage, peu avant la création du fonds cinématographique islandais, ‘la Ferme paternelle’ (Odal fedranna, 1979), aussitôt suivie de Inter nos (Okkar a milli, 1980), soit deux films réalistes sur la désintégration de la famille et des structures traditionnelles. Il se fait connaître en Europe avec trois films de vikings : ‘le Vol du corbeau’ (Hrafninn flygur, 1984), co-produit par la Suède, ‘l'Ombre du corbeau’ (I skugga hrafnsins, 1988), lui aussi coproduit par la Suède, et le Viking blanc (Hviti vikingurinn, 1991), co-produit par la Norvège. En 1993, il réalise dans le décor de l'Islande rurale d'aujourd'hui un film d'une grande étrangeté, le Tertre sacré (Hin helgu vé).

GÜNTHER (Egon)

cinéaste allemand (Schneeberg 1927).

Scénariste à la DEFA dès 1958, il tourne ses deux premiers films en 1965 (Lots Weib et Wenn du gross bist, lieber Adam) et se fait connaître hors de son pays par deux adaptations de romans, l'un de Johannes R. Becher (les Adieux [Abschied], 1968), l'autre d'Arnold Zweig (Junge Frau von 1914, 1970). Après Anlauf (1971), il signe le Troisième (Der Dritte, 1972), ‘la Clé’ (Die Schlüssel, 1974 ; 1972), Erziehung von Verdun (1973, d'après A. Zweig), Lotte à Weimar (Lotte in Weimar, 1975, d'après Thomas Mann), les Souffrances du jeune Werther (Die Leiden des jungen Werthers, 1976, d'après Goethe). Passé en Allemagne de l'Ouest en 1978, il travaille essentiellement pour la télévision (une version courte de son téléfilm Morenga en 1984 sera néanmoins diffusée dans les salles) jusqu'à Rosamunde (1989). Après la chute du mur de Berlin, il réalise Stein (1991), où il règle quelques comptes avec la défunte RDA et la situation des hommes de sa génération.

GUTIÉRREZ ALEA (Tomás)

cinéaste cubain (La Havane 1928 - id. 1996).

Il tourne des films amateurs alors qu'il a à peine vingt ans, puis étudie au Centro sperimentale de Rome, collabore à El Mégano (J. García Espinosa, 1955) et développe une activité semi-professionnelle. Après la chute de Batista, il participe à la création de l'Institut cubain de l'art et de l'industrie cinématographiques (ICAIC) et accomplit le passage obligatoire par le documentaire (Esta tierra nuestra, 1959). Il met en scène les trois épisodes de Historias de la revolución (1960), une reconstitution sobre, à l'affût des cheminements psychologiques plutôt que d'envolées lyriques sur l'épopée révolutionnaire encore fraîche. Nous retrouvons cette retenue dans Cumbite (1964), drame de la sécheresse et des rivalités ancestrales, situé en Haïti. Cependant, l'originalité de celui qu'on surnomme « Titón » transparaît plus clairement dans deux autres films, dont l'action a pour cadre la société cubaine contemporaine : Las doce sillas (1962) est une chasse au trésor burlesque ; La muerte de un burócrata (1966), surtout, est une satire féroce des bureaucrates en herbe et du réalisme socialiste. Son humour macabre en fait un héritier de Buñuel et des comiques du muet. Avec Mémoires du sous-développement (Memorias del subdesarrollo, 1968), Gutiérrez Alea propose une courageuse et efficace interrogation sur l'actualité de la révolution, grâce à une assimilation maîtrisée des recherches sur l'expression filmique. Le protagoniste, dont les parents ont choisi Miami, promène sur la capitale un regard à la fois désabusé et lucide, auto-ironique et réfléchi, traitant avec franchise les contradictions des intellectuels et d'une société marquée par le sous-développement. Sa liberté de ton reste inégalée à Cuba. Les films suivants s'en prennent autrement au dogmatisme : Una pelea cubana contra los demonios (1971) évoque l'Inquisition dans l'île, au XVIIe siècle ; la Dernière Cène (La última cena, 1977) revient aussi à la période coloniale, par la confrontation de l'idéologie catholique et de l'esclavage ; et Los sobrevivientes (1978) est une lourde allégorie buñuélienne sur la bourgeoisie aux prises avec la révolution. Jusqu'à un certain point (Hasta cierto punto, 1984) s'impose par son originalité dramaturgique en mêlant l'approche documentaire à la fiction sentimentale sur le thème du machisme. Dans Cartas del parque (1988), sur un scénario de Gabriel García Márquez, il raconte en images raffinées une romanesque histoire d'amour. En collaboration avec Juan Carlos Tabío, il signe ensuite Fraise et chocolat (Fresa y chocolate, 1993), son plus grand succès international, plaidoyer pour la tolérance qui met face à face un homosexuel passionné de culture cubaine et un jeune communiste étriqué et mal dans sa peau. Guantanamera (1995), toujours avec Tabío, revient à l'inspiration première de la Mort d'un bureaucrate. Titón symbolise parfaitement l'indépendance d'esprit, l'exigence artistique et l'humanisme du cinéma cubain.

GUTIÉRREZ ARAGÓN (Manuel)

cinéaste espagnol (Torrelavega, Santander, 1942).

Son premier long métrage révèle d'emblée une personnalité et une maîtrise indéniables : Habla mudita (1973), confrontation entre l'intellectuel et une petite paysanne, entre des mentalités et des univers dissemblables, entraîne une interrogation sur la culture. Camada negra (1977), plat et schématique, met en scène une initiation au fascisme. Sonámbulos (1978) intègre l'imaginaire dans la construction des personnages et du récit, articule une structure métaphorique audacieuse et un propos anticonformiste sur le monde politique de gauche. El corazón del bosque (id.) s'attache à un tardif maquis antifranquiste au sein d'une nature envahissante, rappelant celle de son premier film. Maravillas (1980) inscrit les découvertes de l'adolescence dans un contexte juif (habituellement refoulé en Espagne), jouant de connotations magiques. Il réussit encore Démons dans le jardin (Demonios en el jardín, 1982), chronique d'une éducation sentimentale sous le régime franquiste, et l'Autre Moitié du ciel (La mitad del cielo, 1986). Moins convaincant avec Feroz (1984), La noche más hermosa (1985) et Malaventura (1988), il se consacre au théâtre et à la télévision (El Quijote, 1991), puis revient au cinéma avec El rey del río (1994) et Cosas que dejé en La Habana (1997). « Manolo » Gutiérrez est aussi le scénariste d'œuvres significatives, notamment Furtivos (J.-L. Borau, 1975) et Las truchas (J.-L. García Sánchez, 1977).