Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DEPARDIEU (Gérard)

acteur français (Châteauroux 1948).

Recherchant très tôt dans la discipline théâtrale l'exutoire à une adolescence tumultueuse, il tourne dès l'âge de dix-sept ans un court métrage de Roger Leenhardt : le Beatnik et le Minet (1965) ainsi qu'un film qui demeurera inachevé : Christmas Carol (A. Varda, id.). Les années qui suivent sont consacrées au théâtre, en particulier avec Jean-Laurent Cochet, Claude Régy ou ses amis du café-théâtre, mais il revient au cinéma en 1971 et s'impose avec l'énorme succès des Valseuses comme l'acteur le plus doué de sa génération. Au lieu de se contenter de devenir le nouveau voyou de charme du cinéma français, il fonce d'un film à l'autre, investissant de sa propre énergie les paranoïas et les outrances de personnages qu'il marque indélébilement de son empreinte : toujours rigoureusement déterminés socialement et culturellement, tous ou presque – solitaires et angoissés – rompent avec le conformisme pour choisir l'excès libérateur et la violence. Tous ou presque aussi consacrent le plus clair de leur énergie à se mettre eux-mêmes en scène, avec l'univers qui les entoure ; ils se déchirent de ne pouvoir résoudre le divorce entre leur être profond et la façade qu'ils offrent au monde. En témoignent les cas extrêmes de dédoublements de Barocco ou La nuit, tous les chats sont gris, mais aussi des « doubles vies » comme celles de Pas si méchant que ça ou Maîtresse et l'emprunt de personnalité du Retour de Martin Guerre. Quand la cassure est plus intérieure, plus secrète, ce sont ces personnages que Depardieu sait faire basculer comme nul autre dans la négation enfantine et obstinée de la réalité, dans le vertigineux refus du monde tel qu'il est : les héros bouleversants et tragiques de la Dernière Femme, Dites-lui que je l'aime ou Rêve de singe. Mélange de spontanéité fiévreuse et de métier consommé, il affectionne les risques, tant dans les changements d'emplois ou de registres que dans la confiance qu'il manifeste à des réalisateurs peu connus. Il fait montre dans le choix de ses films d'un discernement souvent remarquable et a contribué au succès d'auteurs réputés difficiles comme Marguerite Duras, Marco Ferreri, Maurice Pialat ou Alain Resnais, dans le même temps qu'il assurait sa capacité de continuer à le faire grâce aux productions « grand public » de Francis Girod, Francis Veber ou Claude Zidi.

Les années 80 le consacrent comme le leader incontesté de sa génération. Il doit peut-être ses plus beaux rôles à François Truffaut (le Dernier Métro), Andrzej Wajda (Danton, rôle-titre), Maurice Pialat (Police ; Sous le soleil de Satan), Claude Berri (Jean de Florette, rôle-titre), Bruno Nuytten (Camille Claudel, rôle du sculpteur Rodin), Bertrand Blier (Trop belle pour toi), Alain Corneau (Tous les matins du monde) et surtout Jean-Paul Rappeneau (Cyrano de Bergerac, où il campe avec panache et émotion le héros d'Edmond Rostand).

Films :

le Beatnik et le Minet (R. Leenhardt, CM, 1965) ; le Cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques (M. Audiard, 1970) ; Un peu de soleil dans l'eau froide (J. Deray, 1971) ; le Viager (P. Tchernia, 1972) ; le Tueur (D. de La Patellière, id.) ; la Scoumoune (J. Giovanni, id.) ; Au rendez-vous de la mort joyeuse (J.-L. Buñuel, 1973) ; l'Affaire Dominici (C.-B. Aubert, id.) ; Deux Hommes dans la ville (J. Giovanni, id.) ; Rude Journée pour la reine (R. Allio, id.) ; Nathalie Granger (M. Duras, id.) ; les Gaspards (P. Tchernia, 1974) ; les Valseuses (B. Blier, id.) ; Stavisky (A. Resnais, id.) ; la Femme du Gange (M. Duras, id.) ; Vincent, François, Paul et les autres (C. Sautet, id.) ; Pas si méchant que ça (C. Goretta, 1975) ; Sept Morts sur ordonnance (J. Rouffio, id.) ; Maîtresse (B. Schroeder, 1976) ; Je t'aime, moi non plus (S. Gainsbourg, id.) ; 1900 (B. Bertolucci, id.) ; la Dernière Femme (M. Ferreri, id.) ; Barocco (A. Téchiné, id.) ; René la Canne (F. Girod, 1977) ; Baxter, Vera Baxter (M. Duras, id.) ; Violanta (D. Schmid, 1977) ; La nuit, tous les chats sont gris (G. Zingg, id.) ; le Camion (M. Duras, id.) ; Dites-lui que je l'aime (C. Miller, id.) ; Rêve de singe (M. Ferreri, 1978) ; Préparez vos mouchoirs (B. Blier, id.) ; la Femme gauchère (P. Handke, id.) ; le Sucre (J. Rouffio, id.) ; les Chiens (A. Jessua, 1979) ; le Grand Embouteillage (L. Comencini, id.) ; Buffet froid (B. Blier, id.) ; Rosy la Bourrasque (M. Monicelli, 1980) ; Loulou (M. Pialat, id.) ; Mon oncle d'Amérique (A. Resnais, id.) ; le Dernier Métro (F. Truffaut, id.) ; Je vous aime (C. Berri, id.) ; Inspecteur la Bavure (C. Zidi, id.) ; la Femme d'à côté (F. Truffaut, 1981) ; la Chèvre (Francis Veber, id.) ; le Retour de Martin Guerre (D. Vigne, 1982) ; le Grand Frère (F. Girod, id.) ; Danton (A. Wajda, 1983) ; la Lune dans le caniveau (J.-J. Beineix, id.) ; les Compères (Francis Veber, id.) ; Fort Saganne (A. Corneau, 1984) ; le Tartuffe (G. Depardieu, id.) ; Rive droite, rive gauche (Ph. Labro, id.) ; Police (M. Pialat, 1985) ; Une femme ou deux (D. Vigne, id.) ; Jean de Florette (C. Berri, 1986) ; Tenue de soirée (Bertrand Blier, id.) ; les Fugitifs (F. Veber, id.) ; Rue du Départ (Tony Gatlif, id.) ; Sous le soleil de Satan (Pialat, 1987) ; Drôle d'endroit pour une rencontre (François Dupeyron, 1988) ; Camille Claudel (B. Nuytten, id.) ; Deux (C. Zidi, 1989) ; Trop belle pour toi (Bertrand Blier, id.) ; I Want to Go Home (A. Resnais, id.) ; Cyrano de Bergerac (J.-P. Rappeneau, 1990) ; Green Card (P. Weir, id.) ; Uranus (C. Berri, id.) ; Merci la vie (Bertrand Blier, 1991) ; Mon père, ce héros (Gérard Lauzier, id.) ; Tous les matins du monde (A. Corneau, id.) ; 1492, Christophe Colomb (R. Scott, 1992) ; Hélas pour moi (J.-L. Godard, id.) ; Germinal (C. Berri, 1993) ; My Father, the Hero (Steve Miner, 1994) ; Une pure formalité (G. Tornatore, id.) ; le Colonel Chabert (Yves Angelo, id.) ; la Machine (François Dupeyron, id.) ; Elisa (Jean Becker, 1995) ; les Cent et Une Nuits (A. Varda, id.) ; les Anges gardiens (J.-M. Poiré, id.) ; le Garçu (M. Pialat, id.) ; Décroche les étoiles (Unhook the Stars, Nick Cassavetes, E.U., 1996) ; le Plus beau métier du monde (Gérard Lauzier, id.) ; Bogus (Norman Jewison, E.U., id.) ; XXL (Ariel Zeïtoun, 1997) ; l'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask, Randall Wallace, 1998), Mots d'amour (M. Calopresti, 1998), Bimboland (A. Zeitoun, 1998), Asterix et Obelix contre Jules César (C. Zidi, 1999), Wings Against the Wind (Candace Allen, 1999), Un pont entre deux rives (Frédéric Auburtin, 1999 - CO G. Depardieu), les Acteurs (B. Blier, 2000), 102 Dalmatiens (Kevin Lima, id.), Zavist bogov (Vladimir Menchov, id.), Concorrenza sleale (E. Scola, id.), le Placard (F. Veber, id.), Vatel (R. Joffé, id.), Asterix et Obelix : mission Cléopâtre (A. Chabat, 2001), Vidocq (Pitof, id.), CQ (R. Coppola, id.).