Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MORITA (Yoshimitsu)

cinéaste japonais (Chigasaki 1950).

Après avoir tourné de très nombreux films d'amateur en 8 mm dans les années 70, il débute dans le long métrage 35 mm en 1981 avec C'est comme si... (No-yo na mono). Cinéaste très indépendant, il est remarqué par une satire, Jeux de famille (Kazoku game, 1983), suivi entre autres de Plus tard... (Sorekara, 1986, adaptation d'un roman de S. Natsume) et de Kitchen (1989).

MORLAY (Blanche Fumoleau, dite Gaby)

actrice française (Angers 1893 - Nice 1964).

Ses 50 ans de carrière ininterrompue passent constamment du rire aux larmes avec un naturel qui surprenait et ravissait les spectateurs d'alors, tant au théâtre qu'au cinéma, car toute sa vie se partage entre la scène et les studios. En 1914, Max Linder la choisit comme partenaire (le 2 Août 1914, Max dans les airs). Le Somptier lui fait tourner en 1916 les Épaves de l'amour, où elle a l'occasion de faire sourire et de provoquer l'émotion au cours d'une brève action. Puis Louis Verneuil lui écrit des rôles et, au théâtre, son succès va croissant. Feyder lui offre la vedette dans un des derniers films muets : les Nouveaux Messieurs (1929). Interprète de Bernstein, elle joue son répertoire sur les boulevards et le reprend à l'écran (Mélo, P. Czinner, 1932 ; le Bonheur, M. L'Herbier, 1935 ; Samson, M. Tourneur, 1936 ; le Messager, R. Rouleau, 1937) ; elle y ajoute le Scandale d'H. Bataille (L'Herbier, 1934), et secoue la poussière du vieux roman de Georges Ohnet le Maître de forges (F. Rivers, 1933). Déjà, dans ces drames mondains, son jeu, qui se veut émouvant, s'appuie sur des tics et des trucs. Heureusement, dans le même temps, elle joue la comédie d'une façon très personnelle, à la fois naïve et spontanée, sachant mettre en valeur le piquant du dialogue : les Amants terribles (M. Allégret, 1936), le Roi (Pierre Colombier, id.), Un déjeuner de soleil (Marcel Cohen [Marcel Cravenne], 1937), Quadrille (S. Guitry, 1938), Derrière la façade (Y. Mirande, 1939). Savamment maquillée, elle est la reine Victoria (Entente cordiale, L'Herbier, 1939). Son activité ne cesse pas pendant l'Occupation. Elle est enjouée dans Mademoiselle Béatrice (Max de Vaucorbeil, 1943), elle pleure dans l'Arlésienne (M. Allégret, 1942), l'Enfant de l'amour (Jean Stelli, 1944) et surtout fait pleurer toute la France, le moment est propice, dans le Voile bleu (Stelli, 1942). Par la suite, elle montre un humour certain dans Un revenant (Christian-Jaque, 1946), un effacement méritoire dans le Plaisir (Max Ophuls, 1952), et reste sur la brèche jusqu'au bout, sa dernière apparition se situant l'année de sa mort (Monsieur, J.-P. Le Chanois, 1964).

MORLEY (Robert)

acteur britannique (Semley 1908 - Reading 1992).

Il a la rondeur naturelle au gastronome célèbre qu'il est, des sourcils broussailleux, et des poses d'aristocrate britannique. C'est aussi un excellent acteur, peu limité si ce n'est par son physique. Rodé au théâtre, il fait sensation dans son premier rôle, celui de Louis XVI dans Marie-Antoinette (W. S. Van Dyke, 1938), aux côtés de Norma Shearer, à Hollywood. Par la suite, il a été constamment bon et souvent excellent (African Queen, J. Huston, 1952 ; Beau Brummel, C. Bernhardt, 1954 ; Plus fort que le diable, Huston, id. ; Quentin Durward, R. Thorpe, 1955 ; la Blonde et le Shérif, R. Walsh, 1958 ; Topkapi, J. Dassin, 1964), particulièrement en missionnaire veule et mesquin dans le Banni des îles (Carol Reed, 1951). Il a joué avec malice un gourmet hépatique et assassin dans la Grande Cuisine (T. Kotcheff, 1978).

MORLHON (Louis Camille de la Valette de Morlhon, dit Camille de)

cinéaste français (Paris 1869 - id. 1952).

Un des pionniers de la période muette. Avant de fonder sa propre firme (Valetta), il réalise pour Pathé une bonne centaine de films d'une facture soignée. L'Algérie lui inspire des sujets originaux (Vengeance kabyle, 1912 ; l'Ouled-Naïl, id.). Il passe de l'Antiquité (Sémiramis, 1909) au XVIIIe siècle (le Collier de la reine, 1913), de Racine (Britannicus, id.) aux sujets réalistes (la Brute humaine, 1914), sans oublier les comédies dramatiques. Fondateur en 1917 de la Société des auteurs de films, il se consacre après l'avènement du parlant aux émissions radiophoniques.

MORRICONE (Ennio)

musicien italien (Rome 1928).

Élève de Goffredo Petrassi, il obtient le diplôme du conservatoire de Santa Cecilia de Rome, collabore à des émissions radiophoniques puis compose des chansons et des symphonies. La musique ironique de Mission ultra-secrète (L. Salce, 1961), puis plusieurs partitions pour des comédies de mœurs marquent ses débuts au cinéma. En collaboration avec le chanteur Gino Paoli, il compose la musique suggestive de Prima della rivoluzione (B. Bertolucci, 1964). Sous le pseudonyme de « Dan Savio », il signe les musiques mélancoliques du premier western de Sergio Leone, Pour une poignée de dollars (id.) : triomphe international qu'il exploitera dans une très longue série de westerns majeurs (tous ceux de Leone, et notamment le Bon, la Brute et le Truand [1966] et Il était une fois dans l'Ouest [1968]) et mineurs. Il y utilise soit des instruments solistes, soit des rumeurs amplifiées, et crée des rythmes martelants et de grande efficacité — souvent mal imités par d'autres ou simplement répétés par lui-même. Son succès fait de lui un des musiciens les plus recherchés en Italie et à l'étranger : il aborde tous les genres et parvient à séduire des réalisateurs très différents : de Pier Paolo Pasolini (Des oiseaux petits et gros, 1966 ; Théorème, 1968 ; Salò, 1976), à Mario Bava (Diabolik, 1968), Alberto Lattuada (Fraülein Doktor, 1968), Gillo Pontecorvo (la Bataille d'Alger, 1966), Liliana Cavani (Galileo, 1969), Elio Petri (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, 1970). Sa veine féconde trouve, grâce à Hollywood, les moyens les plus aptes pour s'épanouir dans les compositions très remarquées pour l'Hérétique (J. Boorman, 1977) et pour les Moissons du ciel (T. Malick, 1978).

Autres films :

les Poings dans les poches (M. Bellocchio, 1966) ; Un homme à moitié (V. De Seta, id.) ; La Chine est proche (Bellocchio, 1967) ; Merci ma tante (S. Samperi, 1968) ; Ce merveilleux automne (M. Bolognini, 1969) ; le Clan des Siciliens (H. Verneuil, id.) ; Metello (Bolognini, 1970) ; le Serpent (Verneuil, 1973) ; Allonsanfan (P. et V. Taviani, 1974) ; le Trio infernal (F. Girod, id.) ; Peur sur la ville (Verneuil, 1975) ; Moïse (G. de Bosio, 1976) ; 1900 (B. Bertolucci, id.) ; le Désert des Tartares (V. Zurlini, id.) ; la Cage aux folles (É. Molinaro, 1978) ; La luna (Bertolucci, 1979) ; la Dame aux camélias (Bolognini, 1981) ; le Professionnel (G. Lautner, id.) ; Dressé pour tuer (S. Fuller, 1982) ; Il était une fois en Amérique (S. Leone, 1984) ; Mission (R. Joffé, 1986) ; Quartiere (Silvano Agosti, 1987) ; les Lunettes d'or (G. Montaldo, id.) ; les Intouchables (B. de Palma, id.) ; Frantic (R. Polanski, 1988) ; Tempo di uccidere (Montaldo, 1989) ; Outrages (B. de Palma, id.) ; Cinéma Paradiso (Giuseppe Tornatore, id.) ; Oublier Palerme (F. Rosi, 1990) ; Tout le monde va bien (G. Tornatore, id.) ; les Maîtres de l'ombre (R. Joffé, id.); Afirma Pereira (Roberto Faenza, 1995), L'uomo proiettile (S. Agosti, 1995), Marchand de rêves (G. Tornatore, 1995), le Syndrome de Stendhal (D. Argento, 1996), Lolita (A. Lyne, 1997), U Turn (O. Stone, 1997), le Fantôme de l'Opéra (D. Argento, 1998), la Légende du pianiste sur l'océan (G. Tornatore, 1998), Malèna (id., 2000), Vatel (R. Joffé, 2000), Mission to Mars (B. De Palma, 2000).