Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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YAMAMOTO (Kajiro) (suite)

À l'aube de la guerre du Pacifique, Yamamoto se tourne vers le genre nationaliste, et même ouvertement militariste, et s'avère être un des cinéastes de talent qui pratiquent le mieux leur « devoir national obligatoire ». En 1941, il tourne un film paysan, semi-documentaire, ‘ les Chevaux ’ (Uma, avec Hideko Takamine), dont certaines séquences sont réalisées par son assistant, le jeune Akira Kurosawa. Mais, en 1942, il participe directement à l'effort de guerre des studios Toho avec ‘ la Guerre navale de Hawaii à la Malaisie ’ (Hawai Marè ooki kaisen), suivie des ‘ Faucons du général Kato ’ (Kato hayabusa sentotai, 1944) et de ‘ En avant les escadrons de torpilleurs ! ’ (Raigekitai shutsudo, id.). Malgré ces « compromissions » évidentes avec les militaires, il continue à tourner après l'occupation américaine, revenant à la comédie et au mélodrame, et à d'autres genres jusqu'en 1966, date à laquelle il abandonne le cinéma.

YAMAMOTO (Satsuo)

cinéaste japonais (Kagoshima 1910 - Tokyo 1983).

Après avoir abandonné ses études, il suit une troupe théâtrale, puis entre à la Shochiku en 1933, comme assistant réalisateur, notamment de Naruse et Shibuya. Il passe alors à la PCL (plus tard Toho) en 1935, avec Naruse, et réalise son premier film, ‘ Mademoiselle ’ (Ojosan), en 1937. L'année suivante, il adapte la Symphonie pastorale d'André Gide, sous le titre Den'en Kokyogaku, ce qui lui confère déjà une certaine réputation à l'étranger. Après la guerre, il fait partie des grévistes de la Toho en 1947- 48 et, ayant quitté la compagnie, se tourne vers la production indépendante progressiste, liée au mouvement communiste, alors très actif. Il participe à la création de la société Shinsei Eiga Sha, animée par le critique Akira Iwasaki, et il en signe la première réalisation, ‘ Ville de violence ’ (Boryoku no machi, 1950), basée sur des faits réels relatés par le journal Asahi. Suivent, en 1952, ‘ Zone de vide ’/ou ‘ la Vie de caserne ’ (Shinkuchitai), film violemment antimilitariste, et ‘ Tempête sur Hakone ’ (Hakone no fuunroku), décrivant une révolte paysanne à l'époque féodale. Mais c'est sans aucun doute Quartier sans soleil (Taiyo no nai machi, 1954), adapté d'un roman prolétarien relatant les hauts et bas d'une longue grève dans une imprimerie des années 20, qui le révèle en France, en même temps que Tadashi Imai avec Ombres en plein jour. Il signe ensuite ‘ Journal des herbes flottantes ’ (Ukikusa nikki, 1955) narrant les péripéties héroï-comiques d'une troupe théâtrale de gauche et, surtout, ‘ l'Incident de Matsukawa ’ (Matsukawa jiken, 1960), une affaire d'accident ferroviaire qui fit scandale à l'époque. Dans les années 60, Yamamoto se tourne plutôt vers la comédie sociale, ‘ Histoire d'un voleur japonais ’ (Nippon dorobo monogatari, 1965), ou les films de genre (Shinobi no mono, 1962), et, tout en restant fidèle à sa ligne progressiste, rentre dans le système des compagnies.

YAMAMURA (So ou Satoru)

acteur et cinéaste japonais (Nara 1910 - 2001).

Il débute comme acteur à la Toho en 1946 dans ‘ Pour la vie ’ (Inochi arukagiri, de Kiyoshi Kusuda), puis joue dans ‘ l'Amour de l'actrice Sumako ’ (1947) sous la direction de Mizoguchi, qu'il retrouve pour ‘ le Portrait de Mme Yuki ’ (1950) et ‘ la Dame de Musashino ’ (1951). Mais il se lie aussi avec un mouvement progressiste plus radical des années 50, en jouant par exemple dans ‘ Eaux troubles ’ de Tadashi Imai (1953), et en signant surtout, la même année, son film le plus célèbre, les Bateaux de l'enfer, ou ‘ Pêcheurs de crabes ’ (Kanikosen), adapté d'un roman prolétarien de Takiji Kobayashi, et montrant avec une grande puissance d'expression la révolte de pêcheurs de bateaux-usines dans les années 20. Suivent d'autres films aussi « engagés », mais moins connus, comme ‘ Marée noire ’ (Kuroi ushio, 1954), une affaire politico-policière qui fit scandale, ‘ les Femmes de la mer de Kashima ’ (Kashimanada no onna, 1959) ou ‘ Une mère et ses enfants ’ (Haha kogusa, id.). Yamamura a réalisé six films en tout.

Parallèlement à cette carrière de cinéaste, So Yamamura interprète des rôles importants dans des films de cinéastes très divers : Voyage à Tokyo (Ozu, 1953), ‘ le Grondement de la montagne ’ (Naruse, 1954), l'Impératrice Yang Kwei Fei (Mizoguchi, 1955), la Condition de l'homme (Kobayashi, 1959), ‘ l'Héritage ’ (id., 1962), ‘ Avec beauté et tristesse ’ (M. Shinoda, 1965), l'Empereur et le Général (K. Okamoto, 1967), ou Tora, Tora, Tora (R. Fleischer, T. Masuda, K. Fukasaku, 1970).

YAMANAKA (Sadao)

cinéaste japonais (Kyoto 1909 - Chine 1938).

Dès la sortie du lycée, il entre dans la société de production de Makino, puis dans celle de l'acteur Kanjuro Arashi, pour lesquels il écrit de nombreux scénarios de jidai-geki. Il devient réalisateur en 1932 avec ‘ le Sabre de chevet ’ (Dakine no nagawakizashi) et cinq autres films, dont la réputation lui permet d'être engagé par la Nikkatsu en 1933 : il y tourne entre autres, toujours en muet, ‘ la Vie de Bangoku ’ (Bangoku no issho) et Nezumi Kozo Jirokichi, qui confirment son grand talent. En 1935, il tourne un des plus remarquables films historiques parlants, Chuji Kunisada, puis le Pot de un million de yens (Hyakuman ryô no tsubo), qui met en scène le héros Sazen Tange sous un angle nouveau et, la même année, Sochiyama Koshun. En 1937, invité par la PCL (Photo Chemical Laboratories), il part pour Tokyo, où il est accueilli par son ami Ozu, et y tourne son dernier film, Pauvres Humains et ballons de papier (Ninjo kamifusen), considéré au Japon comme un chef-d'œuvre. Mobilisé, il part pour la Chine, où il mourra de maladie à l'âge de 29 ans.

YAMEOGO (Pierre)

cinéaste burkinabé (Koudougou 1955).

Ayant passé l'essentiel de sa jeunesse au Burkina Faso, il débute en 1984 avec un court métrage, l'Œuf silhouette, et poursuit avec un second en 1987, Dunia. Deux ans plus tard, son premier long métrage, Laafi (Tout va bien, 1989) s'impose comme une chronique urbaine originale d'une Afrique contemporaine encore rarement montrée, en retra¸cant la première journée d'inscription à l'université de deux jeunes bacheliers ouagalais. Avec Wendemi (1993), il approfondit son regard sur la société africaine d'aujourd'hui et aborde la question des mères-filles contraintes d'abandonner leur enfant et la confrontation de jeunes orphelins à la grande ville. Enfin, dans le Tourbillon (Silmandé, 1998), il met en scène une famille libanaise implantée en Afrique de longue date et brosse là encore une série de portraits originaux, qui n'échappent toutefois pas totalement à la caricature simplificatrice.