KOULECHOV (Lev) [Lev Vladimirovič Kulešov] (suite)
Le collectif Koulechov se disperse en 1926. Koulechov a réalisé son premier chef-d'œuvre avec lui, le second sans lui. Dura Lex (1926), qui reconstitue admirablement le Klondike près de Moscou, tient à la fois du Vent (de Sjöström) par la puissance des éléments, par son unité dramatique, et de la Passion de Jeanne d'Arc (de Dreyer) par son extraordinaire science du découpage et de l'interprétation. Le Grand Consolateur (1933) a la complexité et la subtilité d'un film de Resnais. Koulechov transpose son matériau sur trois niveaux : le réel, l'inventé, le raconté. Son et musique en assurent la continuité, la fluidité profonde, le jeu des acteurs étant réglé soit sur un métronome, soit sur le play-back. Contraint tantôt à l'inaction, tantôt à des besognes alimentaires, le plus souvent à l'enseignement (il devient directeur du VGIK en 1944), Koulechov aura été le Christophe Colomb du cinéma, payé, comme Colomb, d'ingratitude. Ce qu'ils ont découvert — l'Amérique l'un, le montage l'autre —, on n'avait en effet nul besoin d'eux pour l'exploiter.
Films :
le Projet de l'ingénieur Pright (Proekt inženera Prajta, 1918) ; Chant d'amour inachevé (Pesn'ljubi nedopetaja, id., CO : Vitold Polonski) ; Chroniques (Hronika, 1919-20) ; Sur le front rouge (Na krasnom fronte, 1920) ; les Aventures extraordinaires de Mister West au pays des Bolcheviks (Ncobyčajnye priključenija Mistera Vesta v strane Bol 'ševikov, 1924) ; le Rayon de la mort (Luč smerti, 1925) ; Dura Lex / Selon la loi (Po zakonu, 1926) ; la Journaliste (Zurnalistka [Vaša znakomaja], 1927) ; le Joyeux Canari (Veselaja kanarejka, 1929) ; Deux-Bouldi-Deux (Dva-Bul'di-Dva, 1930) ; Quarante Cœurs (Sorok Serdec, id.) ; Horizon (Gorizont, 1933) ; le Grand Consolateur/Encre rose (Velikij utešitel‘ , id.) ; les Sibériens (Sibirjaki, 1940) ; Descente dans un volcan (Slučaj v vulkane, 1941, consultant du réalisateur E. Chreïder) ; le Serment de Timour (Kljatva Timura, 1942) ; Nous, de l'Oural (My s Urala, 1944, CO : Aleksandra Khokhlova).