Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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POLOGNE. (suite)

Parallèlement à son cinéma de fiction, la Pologne dispose d'une remarquable école d'animation (Walerian Borowczyk, Jan Lenica, Jerzy Zitzman, Mirosław Kijowicz, Witold Giersz, Stefan Schabenbeck, Edward Sturlis, Włodimierz Haupe, Halina Bielińska, Władisław Nehrebecki, Daniel Szczechura, Wacław Wajser, Bronisław Zeman, Zenon Wasilewski, Kazimierz Urbański, Jerzy Kucia, Zdzisław Kudła, Krzysztof Nowak).

POLONSKY (Abraham)

scénariste, cinéaste, écrivain américain (New York, N. Y., 1910 - Los Angeles, Ca., 1999).

Quelques nouvelles, deux ou trois romans qui font le portrait de l'Amérique en proie à « la guerre froide », et trois films dont le dernier ne requiert il est vrai qu'un charitable oubli (le Voleur de chevaux [Romance of a Horsethief], YU, 1971) laissent regretter le sort échu à Polonsky. Dès ses débuts, à la Paramount, il éprouve des déboires (les Anneaux d'or, le scénario qu'il écrit pour Mitchell Leisen, se voit modifié par d'autres et rien ou presque ne subsiste de son travail dans la version définitive du film), mais son deuxième essai Sang et Or (Body and Soul, R. Rossen, 1947), combat d'un boxeur net et pur dans le marécage des combines et des mépris, préfigure le film qu'il écrit et, cette fois, dirige lui-même, pour John Garfield, l'Enfer de la corruption (Force of Evil, 1948). C'est un des plus beaux rôles de Garfield, au cœur d'une assez étonnante analyse lyrique du capitalisme considéré comme source et moteur du mal. Alors sans impact, l'œuvre a depuis été réévaluée, mais l'inscription de Polonsky sur la « liste noire » de 1951 brisa net sa carrière à Hollywood. Il travaille pendant près de dix-sept ans sous des noms d'emprunt à la télévision, écrit quelques livres, dont A Season of Fear (1960) publié — en américain — à Berlin-Est et consacré au maccarthysme. Il ne réapparaît à la lumière qu'en 1968, année où il signe le scénario de Police sur la ville pour Don Siegel. En 1970, l'occasion lui est offerte, grâce à Robert Redford, qui joue (et perd sur le moment) sa cote au box-office, de tourner un western d'une ascèse lumineuse, dépouillé de bavardages et d'humanisme culpabilisé : Willie Boy (Tell Them Willie Boy Is Here, avec Katharine Ross et Robert Blake) est à la fois une mise en cause intelligente et créatrice de la mythologie de l'Ouest et un film courageux. ▲

POLYVISION.

Procédé de cinéma sur « triple écran » par juxtaposition de trois images issues de trois projecteurs. ( CINÉRAMA.)

POMMER (Erich)

producteur allemand (Hidelsheim 1889 - Los Angeles, Ca., 1966).

Représentant de Gaumont à Vienne en 1910, il fonde à Berlin en 1915 la société de production Deutsche Eclair (ou Decla). En 1918, il rachète la Deutsche Bioskop : sa Decla-Bioskop s'intégrera en 1921 dans la UFA. C'est lui qui, en 1923, dirige l'ensemble de la production de la société qui va dominer le cinéma allemand.

Son nom et celui de la Decla-Bioskop restent attachés aux rares films authentiquement expressionnistes puisque c'est lui qui produit en 1919 le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene, suivi de Genuine (id., 1920). Il lance des œuvres très populaires comme la Femme à l'orchidée ou la Peste à Florence d'Otto Rippert. Parmi les scénaristes qui travaillent pour lui figure Fritz Lang, à qui il permet de réaliser ses premiers films (Halbblut, les Araignées, les Trois Lumières).

Entre 1921 et 1927, il produit pour la UFA quelques-uns des grands Fritz Lang (le premier Mabuse, Metropolis, les Niebelungen), soutient les grands projets de Murnau (l'Expulsion, le Dernier des hommes, Tartuffe, Faust). Parallèlement, avec les Finances du grand-duc (du même Murnau), Cendrillon et Rêve de valse (de Ludwig Berger), il met au point une série de brillantes comédies qui se prolongera au temps du parlant. Il est enfin impliqué dans des œuvres comme Vanina (A. von Gerlach, 1922), Mikael (C. Dreyer, 1924) ou Variétés (E. A. Dupont, 1925).

Les films allemands ont du succès en Amérique du Nord : la Paramount le fait venir à Hollywood (1927). Mais il est rappelé par la UFA, qui rencontre en 1928 de sérieuses difficultés financières. Il produit le Mensonge de Nina Petrovna de Hanns Schwarz (1929), Asphalt de Joe May (id.) et deux nouveaux Fritz Lang : les Espions (1928), la Femme sur la Lune (1929).

Il découvre Marlene Dietrich et engage aux États-Unis von Sternberg pour réaliser l'Ange bleu (1930), l'un des trois premiers films parlants faits en Allemagne et qui obtient un succès considérable. Il fait de Hans Albers une des principales vedettes allemandes et de Lilian Harvey une vedette internationale (grâce notamment aux versions anglaise et française qu'elle tourne à Berlin avec des partenaires différents de ceux de la version allemande). Les grands succès d'Erich Pommer en 1930-1933 sont Le congrès s'amuse d'Erich Charell, Un rêve blond de Paul Martin, IF 1 ne répond plus de Karl Hartl, À toi le jour, à moi la nuit de L. Berger...

En 1933, il fuit l'Allemagne et produit en France (pour la Fox Europa) Liliom (F. Lang, 1934) et On a volé un homme (Max Ophuls, id.). Il s'établit en Grande-Bretagne et s'associe avec Charles Laughton pour fonder la Mayflower Pictures Corporation, qui produit notamment Six Heures à terre (T. Whelan, 1937), l'Invincible Armada (W. K. Howard, id.) et l'Auberge de la Jamaïque (A. Hitchcock, 1939).

Il part pour Hollywood et obtient la nationalité américaine en 1944. C'est en tant qu'officier de l'armée américaine affecté au relèvement du cinéma allemand qu'il revient au pays de ses premiers succès, en 1946. Il aide quelques réalisateurs à fonder leurs propres sociétés de production puis il crée la Intercontinental à Hambourg en 1950. Il produit trois films de Rudolf Jugert (Nachts auf der Strassen, Illusion in Moll et Ein Liebesgeschichte) et Des enfants, une mère et un général de Laslo Benedek (1955). Il se retire à Hollywood en 1956.

PONTECORVO (Gilberto, dit Gillo)

cinéaste italien (Pise 1919).

Scientifique de formation, il se tourne rapidement vers le journalisme et devient correspondant à Paris de plusieurs publications italiennes. Il débute au cinéma après la Seconde Guerre mondiale comme assistant d'Yves Allégret et Mario Monicelli notamment. À partir de 1953, il réalise ses premiers essais documentaires (Giovanna, MM, 1956). En 1956, il contribue à un épisode de la Rose des vents (Die Windrose), supervisé par Alberto Cavalcanti. L'année suivante, il dirige son premier long métrage, Un dénommé Squarcio (La grande strada azzura, CO Maleno Malenotti, d'après un roman de Franco Solinas). Puis il décrit l'univers concentrationnaire et s'impose en 1960 avec Kapo, histoire d'une juive qui devient l'auxiliaire des nazis. En 1966, il met en scène son film le plus important, la Bataille d'Alger (La battaglia di Algeri), remarquable reconstitution d'un épisode fondamental de la guerre d'Algérie, qui sait recréer avec réalisme et objectivité l'action policière de l'armée française pendant la bataille d'Alger. Longtemps interdit en France, ce film, dont l'exploitation provoqua de nombreux remous, a été récompensé par le Lion d'or du festival de Venise. Dans Queimada (1971), dominé par l'interprétation de Marlon Brando, il s'attaque à nouveau au colonialisme, avec une évocation des Antilles au milieu du XIXe s. Plus tard, il ne retrouve pas le talent de ses débuts. Il réalise un film secondaire, Ogro (1979), centré sur le terrorisme, et collabore au film L'addio a Enrico Berlinguer (1984). En 1992, il a été nommé directeur du Festival de Venise. ▲