Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BAXTER (Anne)

actrice américaine (Michigan City, Ind., 1923 - New York, N.Y. 1985).

Petite-fille de l'architecte Frank Lloyd Wright, élevée à New York, elle est à onze ans l'élève de Maria Ouspenskaya et débute à Broadway deux ans plus tard. Elle apporte à l'écran (1940) un métier sans faille dans des emplois de jeunes premières ; mais, plus charmante que jolie, elle ne réussit pas à s'imposer parmi les stars. Sa candeur révélera peu à peu une rouerie qui, pour le rôle de la jeune vedette capable d'évincer Bette Davis dans Ève, lui vaut une deuxième nomination à l'Oscar (après celle du Fil du rasoir). Elle tourne fréquemment avec de grands metteurs en scène dans des films de prestige, mais sa carrière décline au fil des années 50 en dépit d'une assurance de plus en plus affirmée. En 1961, elle abandonne pour de longs mois Hollywood et choisit de vivre dans le bush australien, expérience dont elle tirera un livre (Intermission : a True Story) publié en 1976. Dans les années 70, elle renonce pratiquement à l'écran et reprend (1971) au théâtre un rôle tenu par Lauren Bacall, dans Applause, comédie musicale basée sur Ève : c'est celui-là même que tenait Bette Davis dans le film tourné vingt et un ans plus tôt.

Principaux films

 : l'Étang tragique (J. Renoir, 1941) ; la Splendeur des Amberson (O. Welles, 1942) ; les Cinq Secrets du désert (B. Wilder, 1943) ; J'avais cinq fils (L. Bacon, 1944) ; Scandale à la cour (O. Preminger, 1945) ; le Fil du rasoir (E. Goulding, 1946) ; la Ville abandonnée (W. Wellman, 1948) ; Ève (J. L. Mankiewicz, 1950) ; la Loi du silence (A. Hitchcock, 1953) ; la Femme au gardénia (F. Lang, id.) ; les Forbans (J. Hibbs, 1955) ; les Dix Commandements (C. B. De Mille, 1956) ; Infamie (Russell Birdwell, id.) ; Cimarron (A. Mann, 1960) ; la Rue chaude (E. Dmytryk, 1962), « guest star » dans les Tontons farceurs (J. Lewis, 1965) ; Jane Austen in Manhattan (J. Ivory, TV, 1980).

BAXTER (Feodora Forde, dite Jane)

actrice britannique d'origine allemande (Brake 1909 - Londres 1996).

Cette célèbre actrice de la scène britannique a fait quelques apparitions au cinéma : The Constant Nymph (B. Dean, 1933), We Live Again (R. Mamoulian, 1934). Elle a poursuivi sa carrière à la scène et à la télévision.

BAXTER (Warner)

acteur américain (Columbus, Ohio, 1889 - Beverly Hills, Ca., 1951).

Après une brève expérience théâtrale, il fait ses débuts à l'écran en 1918 et devient une vedette romantique du muet. Il est le premier Gatsby du cinéma (H. Brenon, 1926) et obtient l'Oscar pour son interprétation dans In Old Arizona (R. Walsh, 1929). Parmi ses très nombreux films, citons le western mélodramatique The Squaw Man (C. B. De Mille, 1931) et le musical 42e Rue (L. Bacon, 1933). Il prête au héros de Je n'ai pas tué Lincoln (J. Ford, 1936) ses qualités habituelles : distinction et pathétique.

BAYE (Nathalie)

actrice française (Mainneville 1948).

Après des études de danse et de théâtre, elle débute dans la Nuit américaine (1973) de Truffaut, qui la reprendra dans l'Homme qui aimait les femmes (1977), puis dans la Chambre verte (1978). Elle a été appréciée dans la Gueule ouverte (M. Pialat, 1974), puis dans Mado (C. Sautet, 1976), Sauve qui peut (la vie) de J.-L. Godard (1980), Une semaine de vacances (B. Tavernier, id.), la Provinciale (C. Goretta, 1981), Une étrange affaire (P. Granier-Deferre, id.), le Retour de Martin Guerre (Daniel Vigne, 1982), la Balance (Bob Swaim, id.), J'ai épousé une ombre (Robin Davis, 1983), Notre histoire (Bertrand Blier, 1984), Rive droite, rive gauche (Philippe Labro, id.), Détective (J.-L. Godard, 1985), le Neveu de Beethoven (P. Morrissey, id.), Lune de miel (Patrick Jamain, id.), En toute innocence (A. Jessua, 1988), la Baule-les-Pins (D. Kurys, 1990), Gioco al massacro (D. Damiani, id.), Un week-end sur deux (N. Garcia, id.), The Man Inside (Bobby Roth, id.), la Voix (P. Granier-Deferre, 1992), la Machine (F. Dupeyron, 1994). Elle excelle dans Vénus Beauté (Institut) (Tonie Marshall, 1999) puis se tourne vers la comédie avec Ça ira mieux demain (Jeanne Labrune, 2000), Barnie et ses petites contrariétés (Bruno Chiche, 2000) et Absolument fabuleux (Gabriel Aghion, 2001).

BAZIN (André)

critique français (Angers 1918 - Bry-sur-Marne 1958).

Se destinant à l'enseignement, Bazin étudie aux écoles normales de La Rochelle et de Versailles, puis à l'École normale supérieure de Saint-Cloud (où il fonde un groupe Esprit) ; il se tourne vers la critique et la pédagogie du cinéma (à la Maison des lettres dès 1942, à l'IDHEC en 1943, à Travail et Culture à partir de 1945). Il anime conférences, cours, stages, débats de ciné-clubs. Le journalisme le requiert. Critique au Parisien libéré, il devient un rédacteur essentiel de l'Écran français, d'Esprit, de la Revue du cinéma, de Radio-cinéma (aujourd'hui Télérama). En 1951, avec Doniol-Valcroze et Lo Duca, il fonde les Cahiers du cinéma, qu'il dirige jusqu'à sa mort. Cela lui vaut d'être tenu — abusivement — pour le père spirituel de la Nouvelle Vague, qui a hérité de sa passion exigeante du film, mais guère de sa lucidité généreuse.

Étrangement pour un militant, Bazin est convaincu, dès 1943, « que l'on ne saurait modifier la qualité des films en éduquant préalablement le goût du public, mais que c'est au contraire la qualité de ces films qui peut l'éduquer ». Il ne désespère pas du grand public, loin de là (« son goût de la compétence » si efficient dans le domaine du sport pourrait jouer dans celui du cinéma), mais il croit à la nécessité d'une élite agissante et même à la fonction positive du snobisme.

Bazin n'a pas édifié de système esthétique. Il n'est pas un théoricien, moins encore un dogmatique, mais un éveilleur. Un film, même mauvais, lui est l'occasion de développer des hypothèses historiques ou sociologiques, de réfléchir aux voies de la création. Il établit sa démarche sur le paradoxe, attitude féconde si le paradoxe est, dialectiquement, le vrai qui semble faux. Partant de l'aspect le plus contradictoire d'un film, il en démontre la nécessité esthétique. Le Journal d'un curé de campagne, les Parents terribles sont d'autant plus du cinéma qu'ils respectent scrupuleusement l'un la lettre de l'œuvre littéraire, l'autre la substance théâtrale de la pièce. Il fait l'éloge du cinéma impur. Il devance l'analyse structurale en justifiant les défauts ou les anomalies des chefs-d'œuvre, aussi indispensables que les qualités à leur fonctionnement global. Catholique, prosélyte dès vingt ans du personnalisme selon Emmanuel Mounier, Bazin a logiquement développé une critique spiritualiste : dans la réalité du monde, il veut voir « le côté pile de la face de Dieu ».