Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LANVIN (Lisette)

actrice française (Grasse 1913 - Paris 1987).

Vedette aimable des années 30, elle apporte une note de fraîcheur et un peu d'émotion dans Jeunesse (G. Lacombe, 1934), Hôtel des étudiants (V. Tourjansky, 1932) et Rose (R. Rouleau, 1936). Elle se hausse jusqu'au drame dans Jenny (M. Carné, id.) et Orage (M. Allégret, 1938). Guitry lui offre deux occasions de composer des silhouettes spirituelles : les Perles de la couronne (1937) et Remontons les Champs-Élysées (1938). Sa dernière apparition date de 1948 (Métier de fous, A. Hunebelle).

LANZA (Alfred Arnold Cocozza, dit Mario)

acteur et chanteur américain (Philadelphie, Pa, 1921 - Rome, Italie, 1959).

La voix surprenante de ténor d'opéra de Mario Lanza a bercé les rêves des midinettes américaines du début des années 50, dès le Baiser de minuit (R. Thorpe, 1949), qui, dit-on, romançait sa biographie. Son physique un peu lourd, menacé par des problèmes de poids, le limitait sérieusement : il fit du mieux qu'il pouvait dans le Grand Caruso (Thorpe, 1951), mais, lorsqu'il fut trop gros, on utilisa sa voix pour doubler Edmund Purdom dans le Prince étudiant (Thorpe, 1954). Un film relativement ambitieux comme Sérénade (A. Mann, 1956) accusait impitoyablement son infirmité. Il mourut du cœur, affaibli par des régimes alimentaires draconiens.

LANZMANN (Claude)

cinéaste français (Paris 1925).

Philosophe, puis journaliste, il collabore à la revue les Temps modernes de Jean-Paul Sartre à partir de 1952. Il en deviendra le directeur. Il est l'auteur de trois documentaires de plusieurs heures : Pourquoi Israël (1972), Shoah (1985), une enquête de dix années sur l'extermination des Juifs d'Europe par les nazis, et Tsahal (1994), consacré à l'armée israélienne. En complément de Shoah, il a réalisé Un vivant qui passe, témoignage d'un ancien inspecteur de la Croix-Rouge qui avait visité le camp de Terezin sans en percevoir la nature (diffusé en 1997), puis Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures (2001), sur la révolte de trois cents Juifs du camp.

LA PATELLIÈRE (Denys de)

cinéaste français (Nantes 1921).

D'abord monteur, il passe à la réalisation en 1955 avec les Aristocrates, film assez prometteur. Cinéaste au métier sûr, il ne parvient cependant pas à trouver un genre qui lui convienne. Mis à part Un taxi pour Tobrouk (1961), film de guerre assez plaisant, ses autres productions, qui vont du film-spectacle à costumes (la Fabuleuse Aventure de Marco Polo / l'Échiquier de Dieu, 1965 CO Noël Howard ; le Comte de Monte-Cristo, 1979) au film policier (le Tueur, 1972), de la comédie (Du rififi à Paname, 1966 ; le Tatoué, 1968) au mélodrame (le Salaire du péché, 1956 ; le Voyage du père, 1966), ne sont que de facture très banale sur le plan de l'écriture. Malgré une œuvre bien terne dans l'ensemble, il accumule les succès commerciaux depuis 1958, date de sa première collaboration avec Gabin (les Grandes Familles). Il a également mis en scène : Retour de manivelle (1957) ; les Œufs de l'autruche, (id.) ; Thérèse Étienne (1958) ; Rue des prairies (1959) ; les Yeux de l'amour (id.) ; le Bateau d'Émile (1961) ; Tempo di Roma (1963) ; Pourquoi Paris ? (1964) ; le Tonnerre de Dieu (1965) ; Soleil noir (1966) ; Sabra (1970) ; Prêtres interdits (1973). Depuis 1970, il a essentiellement travaillé pour la télévision. ▲

ŁAPICKI (Andrzej)

acteur polonais (Riga, Lettonie, 1924).

Excellent acteur de théâtre depuis 1945, il s'impose au cinéma dans plusieurs rôles où il garde parfois une distance ironique vis-à-vis des personnages qu'il interprète, que ce soit dans des comédies ou dans des drames psychologiques : Chansons interdites (Zakazane piosenki, Leonard Buczkowski, 1947) ; le Soldat de la victoire (W. Jakubowska, 1953) ; La ville mourra cette nuit (Dziś w nocy umrze miasto, Jan Rybkowski, 1961) ; Salto (T. Konwicki, 1965) ; la Poupée (W. Has, 1968) ; Tout est à vendre (A. Wajda, 1969) ; Si loin si près (T. Konwicki, 1972) ; les Noces (Wajda, 1973) ; la Terre de la grande promesse (Wajda, 1975).

LA PLANTE (Laura)

actrice américaine (Saint Louis, Mo., 1904 - Woodland Hills, Ca., 1996).

Active depuis 1919 et grande star de la Universal au cours des années 20 (on la voit dans plusieurs westerns avec Hoot Gibson, dans des comédies [Skinner's Dress Suit, W.A. Seiter, 1926] et dans quelques mélodrames [The Midnight Sun, D. Buchowetzki, 1926]), ce n'est que vers la fin du muet que le public s'intéresse un moment à elle, blonde arrondie qui semble si ravissante quand un danger la menace. Paul Leni l'entoure d'ombres terrifiantes et d'obscurité angoissante dans la Volonté du mort (1927) et dans le Dernier Avertissement (1929). Elle devient brune pour chanter le rôle de Magnolia dans Show Boat (Harry Pollard, id.). Ses apparitions lassent néanmoins les spectateurs et, en 1935, elle se retire. Deux retours, l'un en 1946, l'autre en 1956, resteront sans lendemain.

LAPOUJADE (Robert)

cinéaste et peintre français (Montauban 1921 - Saincy-sur-Bellot 1993).

Ce peintre reconnu réalise son premier court métrage, Enquête sur un corps (1959), en prise de vues réelles. En 1960, il aborde, avec Foules, l'animation : par l'utilisation de matériaux divers comme des photographies et des poudres animées, il traite le thème qu'évoque le titre. Il emploie le même principe dans Prison (1962). De Noir et Blanc (1961) au Socrate (1968), le Service de la recherche de l'ORTF produit ou coproduit la quasi-totalité des bandes de Lapoujade, ce qui permet à l'auteur de ne pas se soucier de rentabilité. Artisan de grand talent, il revendique pour le cinéma la même liberté expressive que celle dont jouit la peinture. Il fait appel à des techniques très variées dans ses œuvres : le mélange de photographies, d'éléments découpés et de poudres animées (Noir et Blanc), auquel s'ajoutent le dessin et le grattage de pellicule (Vélodrame, 1963). Il conçoit Trois Portraits d'un oiseau qui n'existe pas (1963), Mise à nu (1965) et l'Ombre de la pomme (1967), en peignant directement sous la caméra et en modifiant sa composition image par image. Pour créer avec des acteurs un univers totalement contrôlé, synthétique, le cinéaste alterne les prises de vues réelles, la pixillation et divers trucages dans deux longs métrages : le Socrate et le Sourire vertical (1971-1973). Le premier se présente comme une fable philosophique, le second est une réflexion subjective sur l'Histoire. Un comédien sans paradoxe (1975) est une animation de marionnettes, qui témoigne d'un grand soin dans les détails. En 1977, Lapoujade entreprend les Mémoires de Don Quichotte, comédie musicale ambitieuse de long métrage en animation, interprétée par 110 marionnettes. Faute de moyens suffisants, la production s'arrête en 1981. Lapoujade signe aussi quelques documentaires : Prassinos : l'image et le moment (1963) ; Portraits parallèles : Jean Paulhan (CORÉ : Yannick Bellon, 1965). L'artiste développe une philosophie utopiste et libertaire à travers ses œuvres. Il est également l'auteur de deux essais : le Mal à voir (1950) et les Mécanismes de fascination (1955) et d'un roman (l'Inadmissible, 1970).