Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WAKHEVITCH (Georges)

décorateur français d'origine russe (Odessa 1907 - Paris 1984).

Venu en France en 1921, il étudie la peinture à Paris et se passionne pour le théâtre. D'abord assistant de J. Perrier et J. Laffitte, il signe ses premiers décors (Plaisirs de Paris, E. T. Gréville, 1932 ; la Tête d'un homme, J. Duvivier, 1933), mais assiste encore Lauer, Gys, Andrejew ou Pimenoff jusqu'en 1937. Suivent Feu ! (J. de Baroncelli, 1937), la Marseillaise (J. Renoir, 1938), la Maison du Maltais (P. Chenal, id.), le Dernier Tournant (id., 1939), Pièges (R. Siodmak, id.). Durant l'Occupation, il signe les Visiteurs du soir (M. Carné, 1942) sur des maquettes de Trauner, ainsi que l'Éternel Retour (J. Delannoy, 1943) et la Vie de bohème (M. L'Herbier, 1945 RE 1942), Martin Roumagnac (G. Lacombe, 1946), la Danse de mort (M. Cravenne, 1948), Ruy Blas (P. Billon, id.), l'Aigle à deux têtes (J. Cocteau, id.), Dédée d'Anvers (Y. Allégret, id.), Barbe-Bleue (Christian-Jaque, 1951), le Médium (G. C. Me notti, id.), The Beggar's Opera (P. Brook, 1953), la Femme et le Pantin et Marie-Octobre (J. Duvivier, 1959), le Roi des rois (N. Ray, 1961), les Fêtes galantes (R. Clair, 1966), le Roi Lear (P. Brook, 1971). Il a également signé de très nombreux décors de pièces et de ballets, en France et à l'étranger, et publié l'Envers des décors (1977).

WALBROOK (Adolf Anton Wilhelm Wohlbrück, dit Anton)

acteur anglais d'origine autrichienne (Vienne 1896 - Munich, RFA, 1967).

Issu d'une famille de clowns, il paraît à l'écran sous le nom d'Adolf Wohlbrück dans le serial Stuart Webbs, au début des années 20, et accède aux premiers rôles avec Trapeze / Salto Mortale (E. A. Dupont, 1931), la Guerre des valses (L. Berger, 1933), Mascarade (W. Forst, 1934), le Baron tzigane (K. Hartl, 1935), Port Arthur (N. Farkas, 1936) ou Michel Strogoff (R. Eichberg, id.). Il anglicise son nom pour reprendre ce dernier rôle aux États-Unis dans The Soldier and the Lady (G. Nicholls, 1937) et se fixe en Grande-Bretagne, où il est naturalisé en 1947. On l'y voit dans la Reine Victoria (H. Wilcox, 1937), Gaslight (T. Dickinson, 1940), la Reine des cartes (id., 1949) et quatre films de Michael Powell et Emeric Pressburger : 49e Parallèle (1941), Colonel Blimp (1943), les Chaussons rouges (1948) et Oh ! Rosalinda ! (1955). En France, ce sont encore la Ronde (Max Ophuls, 1950), l'Affaire Maurizius (J. Duvivier, 1954) et Lola Montès (Ophuls, 1955), en Autriche la Guerre des valses (E. E. Reinert, 1951), en Allemagne König für eine Nacht (P. May, 1956), aux États-Unis Sainte Jeanne (O. Preminger, 1957) et l'Affaire Dreyfus (J. Ferrer, 1958).

WALD (Jerome Irving Wald, dit Jerry)

producteur américain (New York, N. Y., 1911 - id. 1962).

C'est un des piliers de la Warner Bros dans les années 40, puis de la Fox dans les années 50. Il laisse le souvenir d'un travailleur infatigable, auquel on doit notamment la production de Key Largo (J. Huston, 1948) ou Trafic en haute mer (M. Curtiz, 1950). Si sa période à la Fox est assez médiocre, son nom reste attaché à quelques mélodrames forts et vigoureux comme Boulevard des passions (Curtiz, 1949) ou la Femme aux chimères (id., 1950), ou encore Le démon s'éveille la nuit (F. Lang, 1952), financé par la RKO. C'est là aussi qu'il produit les Indomptables (N. Ray, id.), remarquable évocation de l'univers des rodéos.

WALKEN (Ronald, dit Christopher)

acteur américain (Astoria, N. Y., 1943).

Il acquiert très jeune une formation de danseur, joue des comédies musicales à Broadway puis s'impose dans le répertoire dramatique (Un lion en hiver de James Goldman, la Rose tatouée de Tennessee Williams). Au cinéma, on le rencontre dans Me and My Brother (Robert Frank, 1965-1969) puis dans le Gang Anderson (S. Lumet, 1971). Dans Next Stop, Greenwich Village (P. Mazursky, 1976), il est un poète dandy et évanescent et Woody Allen lui offre le rôle du frère suicidaire de Diane Keaton dans Annie Hall (1977). Cultivant les personnages secrets ou ambigus, il poursuit parallèlement une carrière au théâtre (Shakespeare, Strindberg, T. Williams) et au cinéma (le héros fragile de Voyage au bout de l'enfer, M. Cimino, 1978, lui vaut l'Oscar du Meilleur second rôle). On le retrouve à l'écran notamment dans Last Embrace (J. Demme, 1979), les Chiens de guerre (The Dogs of War, John Irvin, 1980). Dans la Porte du paradis (M. Cimino, id.), il campe, avec une présence impressionnante, le tueur à gages à la fois redoutable et intègre et, dans Tout l'or du ciel (H. Ross, 1981), il se révèle un magnifique danseur, qui, en d'autres temps, aurait peut-être pu avoir une carrière à la Fred Astaire. Mais les rôles hallucinés le rattrapent, et son regard scrutateur nous poursuit longtemps après Dead Zone (D. Cronenberg, 1983). Son registre s'étend : père meurtrier dans Comme un chien enragé (At Close Range, James Foley, 1985), sergent buté dans Biloxi Blues (M. Nichols, 1988), séducteur pervers dans Étrange Séduction (P. Schrader, 1990). Il compose également, pour notre plus grand plaisir, une superbe galerie de méchants de toutes sortes : adversaire de James Bond (Dangereusement vôtre , John Glen, 1985), exploiteur de main-d'œuvre à bon marché (Milagro, R. Redford, 1988), tueur (King of New York, A. Ferrara, 1990), mafieux (le Grand Pardon 2, A. Arcady, 1992) ou génie du mal (Batman, le défi, T. Burton, id.). Il est maintenant assez régulièrement présent chez Abel Ferrara (The Addiction, 1995 ; New Rose Hotel, 1999) ou dans des entreprises originales comme Dernières heures à Denver (Things to Do in Denver When You're Dead, Gary Fleder, 1996) ou Illuminata (id., J. Turturro, 1998).

WALKER (Joseph)

chef opérateur américain (Denver, Colo., 1892 - Los Angeles, Ca., 1985).

Il a travaillé à Hollywood dès la fin des années 10 et a fait ses premières armes comme chef opérateur au début des années 20. Confiné dans de petites productions de série, c'est là qu'il rencontra Frank Capra, avec qui il bricola la surprenante photo sous- marine de Submarine (1928). Dès lors débute l'une des plus prestigieuses collaborations entre un cinéaste et un directeur de la photo. On lui doit aussi bien les fantasmagories exotiques et oriniques de la Grande Muraille (1933), le merveilleux éthéré d'Horizons perdus (1937) que l'éclat nacré de la comédie (New York - Miami, 1934 ; l'Extravagant Mr. Deeds, 1936). Joseph Walker rend aussi bien le mystère des cimes de l'Himalaya que la douceur feutrée de la petite ville américaine (La vie est belle, 1946). Ce film met fin à son travail avec Capra. Attaché à la Columbia, il a surtout brillé dans la comédie qu'il savait parer d'un irrésistible scintillement perlé, de Theodora devient folle (R. Boleslawski, 1936) à Comment l'esprit vient aux femmes (G. Cukor, 1950). Mais il a su illuminer de demi-teintes un sensible mélodrame (la Chanson du passé, G. Stevens, 1940) ou s'inspirer du néo-réalisme pour donner une gravité inhabituelle à une comédie (Je retourne chez maman, G. Cukor, 1952). Après sa retraite, cette année-là, il a continué à faire pour son propre compte des recherches dans le domaine de l'optique.