Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ZANUSSI (Krzysztof) (suite)

Avec une précision d'entomologiste, Zanussi va construire une œuvre sociocritique qui concilie la réflexion critique et l'implacable mise en accusation d'un « système » où la corruption, le conformisme, la lâcheté tiennent lieu d'idéal. Avec habileté et intelligence, sous couvert d'intrigues familiales, psychologiques, professionnelles, le cinéaste met à nu les rouages de la perversion. Ses films (la Vie de famille, 1971 ; Illumination 1973 ; Bilan trimestriel, 1975 ; Camouflage, 1976 ; la Spirale, 1978 ; la Constante, 1980 ; le Contrat, id.) participent tous de cette impitoyable dénonciation d'une « société en porte à faux » qui brise l'individu, l'avilit et l'empêche à jamais de s'épanouir aussi bien dans sa vie privée que dans sa vie publique. Très actif, grand voyageur, Zanussi se laisse tenter par diverses expériences à l'étranger, certaines inabouties, comme The Catamount Killing (1974) aux États-Unis ou D'un pays lointain (1981, évocation de la vie du pape « polonais » Jean- Paul II) en Italie, d'autres beaucoup plus réussies, comme les Chemins de la nuit (1979) ou l'Année du soleil tranquille (1984). La reprise en main du pouvoir politique en Pologne par le général Jaruzelski provoque des remous dans le monde artistique polonais : le cinéma, par son impact populaire, est l'objet d'une surveillance particulière. Zanussi ne se laisse pas décourager par l'air du temps qui semble donner raison aux pessimistes, reçoit des propositions de tournage à l'étranger (en Allemagne notamment) sans pour autant se couper de son pays natal. Il se laisse séduire par la métaphysique (Impératif, 1982 ; le Pouvoir du mal, 1985) qu'il traite avec un sérieux teinté d'impertinence douloureuse et s'enferme dans un rôle qu'il assume : celui d'un questionneur infatigable.

Films :

le Chemin du ciel (Droga do nieba, CO Wincenty Ronisz, CM, 1958) ; la Mort d'un provincial (Śmierć prowincjała, CM, 1966) ; Przemyśl (CM, DOC, TV, id.) ; Maria Dabrowska, (CM, DOC, TV, id.) ; Computer (Komputery, CM, DOC, TV, 1967) ; Krzysztof Penderecki (DOC, MM, TV, 1968) ; Face à face (Twarz¸a w twarz, CM, DOC, TV, id.) ; l'Examen (Zaliczenie, CM, DOC, TV, id.) ; la Structure du cristal (Struktura kryształu, 1969) ; Montagnes au crépuscule (Góry o zmierzchu, CM, TV, 1970) ; la Vie de famille (Życie rodzinne, 1971) ; Pour un nouveau rôle / Visite au père (Die Rolle / Rola, CM, TV, RFA, id.) ; Une chambre à côté / Derrière le mur (Za ściana̧, MM, TV, id.) ; Hypothèse (Hipoteza, CM, TV, POL-RFA, 1972) ; Illumination (Iluminacja 1973) ; The Catamount Killing (US, 1974) ; Bilan trimestriel (Bilans kwartalny, 1975) ; Nachtdienst (MM, TV, RFA, id.) ; Camouflage (Barwy okronne, 1977) ; Penderecki, Lutoslawski, Baird (MM. TV, RFA, id.) ; Leçon d'anatomie (Anatomie Stunde, MM, TV, RFA, id.) ; la Maison des femmes (Haus der Frauen, téléfilm, RFA, id.) ; la Spirale (Spirala, 1978) ; les Chemins de la nuit (Wege in der Nacht, RFA, 1979) ; Mein Krakau (DOC, MM, RFA, id.) ; la Constante (Constans, 1980) ; le Contrat (Kontrakt, id.) ; D'un pays lointain (Da un paese lontano, IT-GB, 1981) ; Tentation (Die Versuchung, RFA-SUI-FR, id.) ; l'Impératif (Imperative, FR-RFA, 1982) ; l'Inaccessible (Der Unerreichbare, RFA, id.) ; Barbe-Bleue (Blaubart, RFA-SUI, 1983) ; l'Année du soleil calme (Rok spokojnego słońca, 1984)  ; le Pouvoir du mal (IT-FR, 1985) ; Au-delà du vertige (Gdzieśkolwiek jestés, jésliś jest, 1988) ; Inventaire (Stan posiadania, 1989) ; Vie pour vie (Leben für Leben – Maximilian Kolbe, 1990) ; A Long Conversation With a Bird (1991) ; The Silent Touch (1992) ; le Grand Galop (Cwał, 1995), Histoires de week-end [épisode : le charme d'antan] (TV, Opowicści weekendowe [Urok wszeteczny], 1996), le Dieu de notre frère (Brat naszeǵo Boga, 1997), le Corbeau (Skowronek, TV, 1999), La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible (Życie jako śmietelna choroba przenoszona drog¸a płciowa, 2000), Trésors cachés (Skarby ukryte, MM, id.).

ZAORSKI (Janusz)

cinéaste polonais (Varsovie 1947).

De 1965 à 1969, il fait ses études de cinéma à Łodz (sous la direction de Stanisław Rożewicz et de Janusz Morgenstern). Il travaille d'abord pour la télévision (Bonne nuit [Na dobranoc], CM 1972) puis dirige son premier essai au cinéma : ‘ S'enfuir le plus près ’ (Uciec jak najbliżj, id.). Il alternera désormais ses œuvres de télévision : ‘ Caprices de Lazare ’ (Kaprysy Łazarza, 1973), ‘ Notre pain quotidien ’ (Chleba naszego powszedniego, 1974), Zezem (1977), ‘ Un congé à rattraper ’ (Zaległy urlop, 1978), ‘ Point de vue ’ (Punkt widzenia, 1980) et de cinéma : ‘ Avancement ’ (Awans, 1974), Partita pour un instrument de bois (Partita na instrument drewniany, 1975), Une chambre avec vue sur la mer (Pokój z widokiem na morze, 1978), ‘ Questions enfantines ’ (Dziecinne pytania, 1981), la Mère des rois (Matka królów, [RE 1982] 1987), ‘ le Baryton ’ (Baryton, 1984), le Lac de Constance (Jezioro Bodeńskie, 1986), Poker de football (Pikarski Poker, 1988), ' Un hacker dans le Filet ' (Haker w sieci, 2001).

ZAPPONI (Bernardino)

scénariste italien (Rome, 1927 - Rome 2000).

Venu du journalisme humoristique (il a collaboré au Marc'Aurelio aux côtés de Steno, Metz et Marchesi, Age et Scarpelli, Ruggero Maccari, Ettore Scola), Bernadino Zapponi fait ses premières armes dans le spectacle en écrivant des sujets pour la radio et la télévision ainsi que des textes pour des revues théâtrales. Également écrivain (Gobal, 1967 ; Trasformazioni, 1990), il dirige de 1958 à 1965 la revue culturelle Il delatore. À la fin des années 60, il commence à collaborer régulièrement avec Federico Fellini, écrivant les scénarios de Toby Dammit – Il ne faut pas parier sa tête avec le diable (1968), Satyricon (1969), les Clowns (1970), Fellini-Roma (1972), Casanova (1976), la Cité des femmes (1980). Zapponi travaille aussi pour Dino Risi (Une poule, un train et quelques monstres, 1969 ; Rapt à l'italienne, 1973 ; la Carrière d'une femme de chambre, 1976 ; Âmes perdues, 1977 ; Fantôme d'amour, 1981 ; Dagobert, 1984 ; Tolgo il disturbo, 1990), Dario Argento (Profondo rosso, 1975), Ettore Scola (les Nouveaux Monstres, 1977), Luigi Comencini (le Grand Embouteillage, 1979), Peter Del Monte (Piso pisello, 1981), Luigi Magni (State buoni se potete, 1983). Très doué pour la satire et la comédie, Zapponi dispose également d'une veine fantastique exploitée notamment par Fellini et Risi. Par la suite, il a encore signé les scénarios de Paprika (T. Brass, 1989), Giovani e belli (D. Risi, 1996) et Fate un bel sorriso (A. Di Francisca et A. Taraglio, 1999).