Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ROBERT (Yves)

acteur et cinéaste français (Saumur 1920).

Garçon de courses, aide-pâtissier, typographe, il fait mille et un métiers — une expérience qui lui permettra plus tard de décrire avec justesse et sympathie les milieux populaires de certains de ses films. Mais il s'aperçoit très vite qu'il est avant tout un homme de spectacle et que sa vraie famille est celle des comédiens. Il débute sur les planches en 1942, travaille après la fin de la guerre avec la compagnie Grenier-Hussenot, puis anime — de 1948 à 1952 — le cabaret germano-pratin de la Rose rouge. Avec un bel entrain, il fait dévorer aux spectateurs des textes caustiques, irrévérencieux, parodiques signés Vidalie, Boris Vian, Jacques Prévert, Queneau, Desnos. La boulimie l'emporte : il joue pour la première fois à l'écran dans les Dieux du dimanche de René Lucot, en 1948, puis dans Juliette ou la Clef des songes de Marcel Carné, en 1951, avant de tourner comme réalisateur un court métrage : les Bonnes Manières (1951), et de s'imposer au théâtre à la fois comme acteur et comme metteur en scène. Au cinéma, il se « fait la main » avec Les hommes ne pensent qu'à ça (1953), puis picore quelques idées de scénarios chez des auteurs qui font partie de sa famille spirituelle : Alphonse Allais (Ni vu ni connu, 1958), Maurice Leblanc (Signé Arsène Lupin, 1959), Christophe (la Famille Fenouillard, 1960). En même temps, il laisse à d'autres le soin d'utiliser sa silhouette qui commence à devenir familière au public dans plusieurs films comme les Grandes Manœuvres (R. Clair, 1955), les Mauvaises Rencontres (A. Astruc, id.), la Jument verte (C. Autant-Lara, 1959), la Mort de Belle (É. Molinaro, 1960), Cléo de 5 à 7 (A. Varda, 1962). L'année 1962 lui apporte un beau succès critique et public : la Guerre des boutons, adaptation malicieuse du roman de Louis Pergaud, se hisse au sommet du box-office alors que rien ou presque ne laissait prévoir un tel engouement. Yves Robert fonde alors avec son épouse Danièle Delorme une maison de production : la Gueville, et, sur sa lancée, tourne Bébert et l'omnibus (1963), les Copains (1964, d'après Jules Romains), Monnaie de singe (1965), Alexandre le Bienheureux (1967), Clérambard (1969, d'après Marcel Aymé).

Au début des années 70, il donne naissance à un personnage pittoresque : le Grand Blond avec une chaussure noire (1972), qui réapparaît deux ans plus tard (le Retour du grand blond). Il jette dans Salut l'artiste (1973) un regard attendri au monde des comédiens qui ne sont pas des stars (en faisant jouer le rôle principal par une vraie star : Marcello Mastroianni), puis conte avec drôlerie les (més)aventures sentimentales d'un quarteron de quadragénaires (Un éléphant ça trompe énormément, 1976 ; Nous irons tous au paradis, 1978). En 1979, il signe Courage, fuyons (avec Catherine Deneuve et Jean Rochefort) et, en 1984, le Jumeau (avec Pierre Richard) sans retrouver tout à fait la réussite de ses œuvres précédentes. Il aborde la télévision en 1985 avec l'Été 36, d'après l'œuvre de Bertrand Poirot-Delpech, avant de porter avec succés à l'écran deux des romans les plus populaires de Marcel Pagnol : la Gloire de mon père et le Château de ma mère (1990). Il signe ensuite le Bal des casse-pieds (1992) et Montparnasse-Pondichéry (1994). Yves Robert est un artisan du cinéma dans le meilleur sens du terme. Ce jardinier de haut savoir (il est décoré du Mérite agricole) pratique la camaraderie des planches, vit entouré d'une république d'amis et cultive dans le cinéma français un marginalisme délicat, un art de « connivence » parfois retenu, parfois débridé, où le comique ne s'abrite jamais sous les traits faciles de la vulgarité. De temps à autre, on le voit « faire l'acteur » dans les films des autres (Section spéciale, Costa-Gavras, 1974 ; le Juge et l'Assassin, B. Tavernier, 1976 ; le Petit Marcel (J. Fansten, 1975) ; Un mauvais fils, C. Sautet, 1980 ; Vive la Sociale !, Gérard Mordillat, 1983) ; Garçon ! (Sautet, id.) ; Billy ze Kick (Mordillat, 1985) ; le Crime d'Antoine (Marc Rivière, 1989) ou dans ses propres films (le Grand Blond avec une chaussure noire, le Retour du Grand Blond, Montparnasse-Pondichéry).

ROBERTS (Julia)

actrice américaine (Smyrna, Ga., 1967).

Née dans une famille de comédiens (ses parents dirigeaient une école d'Art dramatique, son frère Eric et sa sœur Lisa sont acteurs), elle obtient son premier rôle au cinéma dans Blood Red de Peter Masterson en 1986. Satisfaction (Joan Freeman, 1988), Baja Oklahoma (Bobby Roth, id.) et Mystic Pizza (Donald Petrie, id.) ne laissent guère présager le tournant que prendra sa carrière avec Potins de femmes (H. Ross, 1989) et surtout avec Pretty Woman (Garry Marshall), film qui remporte un succès international et propulse l'actrice au sommet du box-office. Elle tourne ensuite l'Expérience interdite (Flatliners, Joel Schumacher, 1990), Mes nuits avec mon ennemi (Sleeping With My Enemy, Joseph Reuben, id.), Dying Young (Schumacher, 1991), Hook (S. Spielberg, id.), le Mariage de mon meilleur ami (My Best Friend's Wedding, P. J. Hogan, 1997). Autant de films qui tirent mal parti de son talent à fleur de peau et de sa beauté atypique de papillon au sortir de la chrysalide. Si charmeuse soit-elle dans des comédies bien ficelées comme Coup de foudre à Notting Hill (Notting Hill, Roger Michell,1999) ou Just Married (ou presque) (G. Marshall, id.), il est réconfortant de la voir dirigée par des réalisateurs sensibles à son charme, comme Alan J. Pakula (l'Affaire Pelican, 1993), Robert Altman (Prêt-à-porter, 1994, l'une de ses meilleures interprétations), Stephen Frears (Mary Reilly, 1995) ou Steven Soderbergh (Erin Brockovich, 2000) qui la mène à l'Oscar.

ROBERTS (Rachel)

actrice britannique (Llanelly, pays de Galles, 1927 - Los Angeles, Ca., 1980).

Après une longue carrière théâtrale, notamment à l'Old Vic au début des années 50, émaillée de rares incursions cinématographiques, Rachel Roberts doit peut-être à son mariage avec Rex Harrison (de 1962 à 1971) de s'intéresser au cinéma. Elle restera surtout comme la révélation de Samedi soir et dimanche matin (K. Reisz, 1960), qui lui vaut une nomination pour l'Oscar. Sa création de ménagère triste et étriquée, amoureuse d'un jeune joueur de la promotion de rugby, ne fut pas pour rien dans le succès du Prix d'un homme (L. Anderson, 1963). Peu de films, par la suite, rendirent justice à son talent. Elle fut gâchée dans des rôles de composition généralement peu mémorables, comme celui de la tôlière d'un saloon dans Deux Hommes dans l'Ouest (B. Edwards, 1971) ou celui de l'austère gouvernante dans le Crime de l'Orient-Express (S. Lumet, 1974).