Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HUNTER (Arthur Gelien, dit Tab)

acteur américain (New York, N. Y., 1931).

Il se lance à dix-huit ans et obtient bientôt un rôle notable dans Saturday Island (1952), tourné en Angleterre par Stuart Heisler. Très vite, Tab Hunter, blond et athlétique, mais inconsistant, devient une des vedettes préférées des teenagers américains, notamment aux côtés de Natalie Wood (Collines brûlantes, S. Heisler, 1956). Il y a quelques titres intéressants dans sa courte carrière comme Escadrille Lafayette (W. Wellman, 1958). Mais, très vite, il accepte de tourner n'importe quoi et descend très bas dans les génériques. On le voit pourtant encore dans Cher Disparu (T. Richardson, 1965) et Juge et Hors-la-loi (J. Huston, 1972). Il réapparaît curieusement comme partenaire du travesti obèse Divine dans Polyester (John Waters, 1981) et dans Lust in the Dust (Paul Bartel, 1985).

HUPPERT (Isabelle)

actrice française (Paris 1953).

Après des études au Conservatoire de Versailles puis de Paris, elle travaille au théâtre avec Antoine Vitez et Robert Hossein. Au cinéma, après de petits rôles parfois remarqués, elle obtient un prix décerné à la meilleure révélation de l'année pour sa prestation dans le Juge et l'Assassin (B. Tavernier, 1976). Elle conquiert la notoriété avec la Dentellière (C. Goretta, 1977) et Violette Nozière (C. Chabrol, 1978), qui lui vaut le prix d'interprétation à Cannes : elle a désormais fait la preuve d'un talent à multiples facettes qui lui permet d'incarner, avec autant de grâce que de force, les personnages les plus divers. Elle s'impose à nouveau dans la Porte du paradis (M. Cimino, 1980), Loulou (M. Pialat, id.), Sauve qui peut (la vie) [J.-L. Godard, id.], Coup de torchon (B. Tavernier, 1981), Passion (J.-L. Godard, 1982), la Truite (J. Losey, id.), Coup de foudre (Diane Kurys, 1983), l'Histoire de Piera (M. Ferreri, id.) et la Garce (Christine Pascal, 1984), montrant dans toutes ses créations de l'intelligence et de la ferveur. En 1986, elle tourne en Australie Cactus, de Paul Cox, et, aux États-Unis, The Bedroom Window, de Curtis Hanson. De retour en France, on la retrouve dans Milan noir (Ronald Chammah, 1988), mais surtout dans les Possédés (A. Wajda, id.) où elle interprète le rôle de Marie Chatov, Une affaire de femmes (Chabrol, id.) où plus anti-star que jamais, elle incarne une jeune mère, à la fois naïve et révoltée, condamnée en tant que femme par une époque rigoriste et réactionnaire, celle du Maréchal Pétain, la Vengeance d'une femme (J. Doillon, 1989) où elle affronte avec brio sa partenaire Béatrice Dalle et la grande fresque d'Aleksandar Petrovi Migrations (1989 [1994]). En 1991, elle est la Madame Bovary de Claude Chabrol et la Malina de Werner Schroeter. Elle interprète ensuite Après l'amour (D. Kurys, 1992), la Séparation (Ch. Vincent, 1994), l'Inondation (Igor Minaiev, id.), Amateur (A. Hartley, id.), la Cérémonie (C. Chabrol, 1995), les Affinités électives (V. et P. Taviani, 1996). Bien que de plus en plus concernée par le théâtre, elle apparaît dans des films de B. Jacquot (l'Ecole de la chair, Pas de scandale, la Fausse suivante), dans la Comédie de l'innocence (R. Ruiz, 2000), Saint-Cyr (Patricia Mazuy, id.), Merci pour le chocolat (C. Chabrol, id.), Clara (H. Sanders-Brahms, 2001). En 2001 elle obtient pour la seconde fois le prix d'interprétation au Festival de Cannes pour son interprétation de la Pianiste (M. Haneke).

HURT (John)

acteur britannique (Shirebrook, Derbyshire, 1940).

Il apparaît pour la première fois à l'écran en 1962 mais se fera surtout remarquer à la télévision dans le rôle de Caligula de J. Claudius d'après le livre de Robert Graves. Ses prestations dans Un homme pour l'éternité (F. Zinneman, 1966), le Marin de Gibraltar (T. Richardson, 1967), À la recherche de Grégory (In Search of Gregory, P. Wood, 1968), Davey des grands chemins (J. Huston, 1969), l'Étrangleur de Rillington Place (R. Fleischer, 1970), le Joueur de flûte de Hamelin (J. Demy, 1971), The Ghoul (F. Francis, 1974), le Cri du sorcier (J. Skolimowski, 1978), Midnight Express (A. Parker, id.), Alien (R. Scott, 1979), la Porte du paradis (M. Cimino, 1980), si brillantes aient-elles été, ne l'avaient guère imposé aux yeux du public. Paradoxalement, c'est sous le masque d'un monstre (The Elephant Man, David Lynch, id.) que ce fils de clergyman accède à la gloire. Son interprétation bouleverse les foules, et désormais chaque nouveau rôle est l'objet d'une attention de plus en plus soutenue. Son physique le voue à l'insolite, à la violence, voire à l'épouvante, mais il sait s'évader des stéréotypes avec beaucoup d'aisance : Osterman Week-End (S. Peckinpah, 1983), le Succès à tout prix (J. Skolimowski, id.), The Hit (S. Frears, id.), 1984 (M. Radford, 1984), Rocinante (Ann et Eduardo Guedes, 1986), Sur la route de Nairobi (id., 1988), la Nuit bengali (Nicolas Klotz, id.), Scandal (id., Michael Caton-Jones, 1989), Frankenstein Unbound (R. Corman, 1990), The Field (J. Sheridan, id.), Memory (Patrick Dewolf, 1991), I Dreamt I Woke up (J. Boorman, id.) L'œil qui ment (R. Ruiz, 1992), la Peste (L. Puenzo, id.), Wild Bill (W. Hill, 1995), Rob Roy (Michael Caton-Jones, id.), Two Nudes Bathing (Boorman, id.), Amour et mort à Long Island (Love and Death on Long Island, R. Kwietniowski, 1997), Capitaine Corelli (Captain Corelli's Mandolin, John Madden, 2001).

HURT (William)

acteur américain (Washington, D. C., 1950).

Beau-fils de Henry Luce III (fondateur du groupe Time-Life), il étudie la théologie à Boston et à Londres avant de devenir acteur de théâtre classique (son répertoire s'étend de Shakespeare à O'Neill). Il passe au cinéma sous la direction de metteurs en scène britanniques : Ken Russell (Au-delà du réel, 1979), Peter Yates (l'Oeil du témoin, 1980) et Michael Apted (Gorky Park, 1983). Il apparaît aussi dans les deux films réalisés par Lawrence Kasdan, la Fièvre au corps (1981) et les Copains d'abord (1983). Jeune premier non conventionnel à l'inquiétante blondeur, il est remarquable dans des rôles très intériorisés. Il remporte en 1985 l'Oscar et le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes pour son rôle d'homosexuel emprisonné dans le Baiser de la Femme-araignée (H. Babenco, 1985). Il continue sa galerie des personnages dans des situations marginales avec les Enfants du silence (Children of a Lesser God, Randa Haines, 1986), où il incarne un éducateur tentant d'extraire de son silence une jeune femme sourde-muette dont il est amoureux. Il tient des rôles de premier plan dans Broadcast News (James L. Brooks, 1987), le Temps du destin (A Time of Destiny, Gregory Nava, 1988), Voyageur malgré lui (L. Kasdan, id.), Alice (W. Allen, 1990), Jusqu'au bout du monde (W. Wenders, 1991), The Doctor (R. Haines, id.), Smoke (W. Wang, 1994), Brooklyn Boogie (W. Wang et P. Auster, id.), Un divan à New York (Ch. Akerman, 1995), Jane Eyre (id., F. Zeffirelli, 1996). Mais c'est son orientation progressive vers les rôles de composition qui est le trait le plus intéressant de sa carrière : enquêteur discret dans Dark City (id., Alex Proyas, 1998), universitaire veule dans Contre-jour (C. Franklin, id.).