Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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NOËL (Magali Guiffrais, dite Magali)

chanteuse et comédienne française (Izmir, Turquie, 1932).

Elle s'intéresse très tôt à toutes les formes de spectacle, danse, musique, chanson, cabaret, théâtre et cinéma. Sa carrière est lancée par son succès, sur scène, dans l'Amour des quatre colonels de Peter Ustinov, et la même année, en 1954, le cinéma lui offre enfin autre chose que des petits rôles : Du rififi chez les hommes (J. Dassin, 1955), Razzia sur la chnouf (H. Decoin, id.) et les Grandes Manœuvres (R. Clair, id.). Elle tourne beaucoup : elle est l'une des stars « sexy » du cinéma français, et obtient quelques bons rôles dans Éléna et les Hommes (J. Renoir, 1956), Assassins et Voleurs (S. Guitry, 1957), l'Île du bout du monde (E. T. Greville, 1959) et l'Accident (id., 1963). Boris Vian écrit pour elle quelques-uns des premiers rock and roll français (dont le célèbre Fais-moi mal Johnny !). Mais c'est Federico Fellini qui lui donne sa grande chance en l'utilisant souvent : La dolce vita (1960), le Satyricon (1969) et Amarcord (1973). On la voit ensuite davantage sur scène (surtout dans des comédies musicales) qu'à l'écran. Mais elle réapparaît à la fin des années 70 : les Rendez-vous d'Anna (Ch. Ackerman, 1978), le Chemin perdu (Patricia Moraz, 1980), Qu'est-ce qui fait courir David ? (Élie Chouraqui, 1982), Vertiges (Christine Laurent, 1985), Pentimento (Tonie Marshall, 1989).

NOËL-NOËL (Lucien Noël, dit)

acteur français (Paris 1897 - Nice 1989).

Avant 1914, il est fugitivement employé de banque, mais le dessin humoristique l'attire. Après la guerre, on le découvre comme chansonnier. Son talent souriant, méticuleux et sournoisement caustique s'épanouit en de multiples chansons dont il se souviendra plus tard dans son film : la Vie chantée (1951). Il débute dans les studios en 1931 lorsque la Paramount, installée à Joinville, tente de coloniser le cinéma français. Interprète de rôles de jeunes premiers, il s'attache à les tirer hors de toutes conventions (Mistigri, Harry Lachmann, 1931 ; Monsieur Albert, K. Anton, 1932). Il impose un type de paysan naïf et rusé (Adémaï aviateur, Jean Tarride, 1934 ; Adémaï au Moyen Âge, Jean de Marguenat, 1935 ; Adémaï bandit d'honneur, G. Grangier, 1944). Peu à peu, il va se spécialiser dans des caricatures gentilles et sympathiques de Français moyen, qu'on retrouve de film en film, un peu monotones peut-être, mais exemptes de toute vulgarité (Sur le plancher des vaches, Pierre-Jean Ducis, 1939 ; la Famille Duraton, Christian Stengel, id. ; la Cage aux rossignols, J. Dréville, 1945 ; À pied, à cheval et en voiture, Maurice Delbez, 1957 ; À pied, à cheval et en spoutnik, Dréville, 1958). Son plus gros succès reste les Casse-pieds (Noël-Noël et Dréville, 1948), ingénieuse suite de sketches de chansonnier, et l'un de ses meilleurs rôles est probablement celui du Père tranquille (R. Clément, 1946), film auquel il collabora aussi comme coréalisateur, scénariste et dialoguiste.

NOEVER (Hans)

cinéaste allemand (Krefeld 1928).

Après quelques essais littéraires et dramatiques, il écrit des scénarios pour Thomas Schamoni et Haro Senft et réalise plusieurs documentaires et films de télévision (1967-1970). Son premier long métrage, Mourir tranquille (Zahltag, TV, 1970), est suivi d'une série de documentaires, puis de la Femme d'en face (Die Frau gegenüber, 1978). L'année suivante, il réalise un film largement improvisé la Nuit avec Chandler (Die Nacht mit Chandler, 1978), puis le Prix de la survie (Der Preis für Überleben, 1979), avec Michel Piccoli. Il présente en 1982 Total vereist puis, en 1983, les Ailes de la nuit (Die Flügel der Nacht) et Julius geht nach Amerika, en 1986, AIDS — Gefahr für die Liebe et, en 1988, Lockwood Desert, Nevada.

NOGUERO (José Noguero-Sierra, dit José)

acteur français (Bordeaux 1907 - id. 1993).

Dans les années 30, il campe avec vivacité et drôlerie des amoureux incandescents et exotiques (Paris-Méditerranée, J. May, 1932 ; le Sexe faible, R. Siodmak, 1933 ; les Aventures du roi Pausole, A. Granowsky, id.). René Clair le choisit comme jeune premier du Dernier Milliardaire (1934). Beaucoup de comédies, peu de drames (Au nom de la loi, M. Tourneur, 1932 ; le Danube bleu, Émile-Edwin Reinert et Alfred Rode, 1940). L'œil toujours brillant, les cheveux toujours noirs, il joue sous la direction de Sacha Guitry (le Comédien, 1948 ; le Diable boiteux, 1948 ; Adhémar ou le Jouet de la fatalité, 1951, filmé par Fernandel), puis s'efface à peu près totalement.

NOIR AMÉRICAIN (cinéma).

De toutes les minorités raciales vivant sur le sol américain, les Noirs constituent le groupe qui réussit très tôt, vers les années 10, à développer un véritable mouvement de cinéma ethnique. Cela est dû au fait que, dès la fin du siècle dernier, dans la mouvance des lois abolitionnistes, se constitue une véritable bourgeoisie de couleur : des théâtres, une université et des journaux fondés et/ou gérés par des Noirs apparaissent dans le pays. Mieux intégrés à l'univers du travail que les Indiens par exemple, donc à la société industrielle, les Afro-Américains participent à sa vie artistique.

Hollywood n'est encore qu'un village lorsque l'acteur et journaliste noir William Foster ébauche, en 1913, ses premiers courts métrages : The Railroad Porter (une comédie), The Butler (une histoire de détective) et le mélodramatique The Grafter and the Maid. Le cinéaste travaille dans le cadre de la Foster Photoplay Company, financée par des Blancs. L'année suivante, un autre acteur, Bert Williams, réalise Darktown Jubilee, dans lequel il interprète lui-même le premier rôle. Mais le public de 1914 n'est pas encore prêt à admettre la composition d'un Noir qui n'est ni serviteur ni faire-valoir. Le film fait scandale à Brooklyn : on le retire de l'affiche. Le véritable instigateur de ce mouvement de cinéma indépendant noir est l'intellectuel de couleur Emmet J. Scott. Il envisage, pour répondre à la partialité de l'œuvre de David Wark Griffith, Naissance d'une nation (1915), de réaliser un court métrage polémique : Lincoln's Dream. Après plus de deux ans d'efforts, et le soutien de financiers blancs qui dénaturent le projet, c'est une bande de trois heures, intitulée The Birth of a Race (1918), qui sort, sans grand succès, à Chicago.